Quatre soldats israéliens ont été tués dimanche lorsqu'un Palestinien, présenté par Israël comme un sympathisant du groupe Etat islamique (EI), a lancé son camion contre un groupe de militaires en excursion à Jérusalem.
Le chauffeur du camion, a été identifié par les médias palestiniens comme un habitant de Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël depuis 1967. Il a été tué par balles sur place, a rapporté la police israélienne. Quinze soldats ont été blessés, dont un grièvement, ont rapporté les secours.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que l'auteur de l'attaque était un sympathisant de l'EI. "Nous connaissons l'identité de l'assaillant qui, selon toutes les indications, soutient l'EI", a-t-il déclaré. M. Netanyahu a placé l'attentat dans un contexte international et non pas dans celui du conflit israélo-palestinien. "Nous savons que les attentats se succèdent, de la France à Berlin et maintenant à Jérusalem, et il est probable qu'il y ait un lien entre eux", a-t-il dit selon ses services.
Les soldats attaqués prenaient part avec des centaines d'autres à une sortie sur l'un des sites d'où l'on a l'une des vues les plus spectaculaires sur Jérusalem et notamment sur l'esplanade des Mosquées ou mont du Temple pour les juifs.
Les soldats israéliens sont fréquemment emmenés sur cette promenade pour les sensibiliser à l'histoire de cette ville qui est au coeur du conflit entre Israël et les Palestiniens, chaque camp revendiquant notamment la souveraineté sur sa partie orientale.
"Un terroriste isolé a lancé son camion contre un groupe de soldats se tenant sur le bord de la route. Les soldats venaient de descendre des cars et commençaient à s'organiser quand le conducteur a foncé sur eux", a indiqué un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Les soldats tués sont trois femmes et un homme âgés d'une vingtaine d'années, selon les secours.
Le chauffeur a été stoppé par les tirs des soldats, laissant plusieurs impacts de balle dans le pare-brise.
"J'ai entendu mes soldats hurler"
Lea Schreiber, guide civile, a raconté qu'elle conduisait l'un des quelque 10 groupes d'une trentaine de soldats prenant part à la sortie quand elle a entendu les militaires crier. "En me retournant, j'ai vu un camion monter sur le trottoir. Tout le monde hurlait dans tous les sens. On leur ordonnait de s'abriter derrière un muret parce qu'on craignait une seconde attaque", a-t-elle dit. "Je ne sais pas combien de temps ça a duré. Peut-être une minute et demie jusqu'à ce que des soldats ouvrent le feu", a-t-elle poursuivi.
"Nous avons d'abord pensé à un accident. Mais quand le chauffeur a continué sa route, nous avons compris qu'il s'agissait d'un attentat terroriste. Nous avons couru vers le camion. J'ai mis un chargeur dans mon fusil, je l'ai armé et j'ai ouvert le feu", a raconté un des soldats dans une vidéo diffusée par l'armée.
Les faits se sont produits aux confins du quartier juif de colonisation d'Armon Hanatziv et de Jabal Moukaber de Jérusalem-Est. L'assaillant viendrait de Jabal Moukaber. Les colonies sont des implantations civiles israéliennes dans les territoires palestiniens et sont considérées comme illégales par la communauté internationale.
Armon Hanatziv avait été le théâtre en octobre 2015 d'une attaque au cours de laquelle deux Palestiniens avaient tué trois personnes à l'arme à feu et au couteau dans un bus. Cette attaque avait été l'une des plus sanglantes de la vague de violences qui secoue Israël et les Territoires palestiniens depuis l'automne 2015.
Vague d'attaques
Une série d'attaques au couteau, à l'arme à feu ou à la voiture-bélier, a commencé à l'automne 2015 en Cisjordanie, à Jérusalem et en Israël. Elle s'était poursuivie avec une intensité moindre ces derniers mois.
Cette vague de violences a désormais coûté la vie à 247 Palestiniens, 40 Israéliens, deux Américains, un Jordanien, un Érythréen et un Soudanais depuis le 1er octobre 2015, selon un décompte de l'AFP.
La plupart des Palestiniens tués sont des auteurs ou auteurs présumés d'attaques anti-israéliennes, souvent commises à l'arme blanche par des jeunes gens isolés.
Le drame de dimanche intervient cinq jours après la condamnation, très médiatisée, d'un jeune soldat israélien accusé d'avoir achevé un assaillant palestinien blessé.
Le sergent franco-israélien Elor Azaria, 20 ans, a été reconnu coupable d'homicide volontaire par un tribunal militaire israélien. Les juges devraient prendre plusieurs semaines avant de prononcer leur peine contre le sergent qui encourt 20 ans de prison.
Sept personnes ont été arrêtées en étant accusées d'avoir porté atteinte à l'ordre public en organisant samedi une manifestation de soutien à Elor Azaria, "non autorisée" selon la police, devant le domicile du président israélien Reuven Rivlin à Jérusalem.
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