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Syriens et Russes accélèrent leur déploiement à la frontière syro-turque

 

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Le régime syrien et son allié russe ont accéléré vendredi le déploiement de leurs troupes à la frontière syro-turque, au moment où les Américains ont annoncé l'envoi de renforts militaires dans une zone pétrolière plus à l'est sous contrôle kurde.

Selon un photographe de l'AFP, un long convoi de transports de troupes, avec à bord des centaines de soldats agitant des drapeaux syriens, a fait son entrée dans la ville de Kobané, à l'extrême nord du pays en guerre depuis 2011.

Ils ont paradé dans les rues en chantant: "Un, un, un, le peuple syrien n'est qu'un!"

Près de la ville à majorité kurde de Qamichli, dans le nord-est, des véhicules blindés arborant des drapeaux russes ont quitté une base du régime syrien en direction de l'ouest pour une nouvelle journée de patrouilles près de la frontière turque, conformément à un accord conclu entre Moscou et Ankara.

Conclu pour permettre un arrêt définitif d'une offensive turque contre les forces kurdes, l'accord s'est traduit par l'abandon de positions tenues depuis des années par les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les combattants kurdes).

Il signe aussi la fin du rêve d'autonomie des Kurdes syriens dans cette région frontalière de la Turquie.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), environ 180 véhicules de l'armée du président syrien Bachar al-Assad sont arrivés vendredi à Kobané.

L'OSDH a par ailleurs fait état vendredi d'affrontements sporadiques dans la zone sous contrôle turc, malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis le 17 octobre entre les FDS et les forces d'Ankara. Une attaque de drone turc a blessé cinq membres d'une même famille dans leur voiture près de la ville d'Ain Issa.

L'évolution du conflit en Syrie profite largement au régime Assad, qui récupère sans combattre de larges portions d'un territoire qui lui échappaient depuis des années.

- Soldats russes venus de Tchétchénie -

Selon Moscou, près de 300 militaires russes basés en Tchétchénie ont été envoyés en renfort dans le nord-est de la Syrie.

Ils appuieront les troupes russes déjà présentes sur le territoire, Moscou prêtant main forte depuis 2015 à Assad, son allié, dans la guerre.

Ces renforts seront déployés dans la zone de 30 km de large à la frontière syro-turque définie par l'accord russo-turc sur le retrait des forces kurdes. Selon l'armée russe, 20 véhicules blindés supplémentaires ont été envoyés en Syrie.

L'offensive turque avait été déclenchée le 9 octobre après un feu vert de facto du président américain Donald Trump qui avait alors spectaculairement lâché les FDS, forces qui avaient été déterminantes pour vaincre sur le terrain le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Les Américains se sont retirés de plusieurs bases du nord de la Syrie, mais M. Trump a annoncé jeudi l'envoi de renforts militaires dans une zone pétrolière dans l'Est toujours sous contrôle kurde. Quelque 200 soldats américains y sont actuellement postés.

L'opération se fera en coopération avec les FDS, qui restent présentes dans l'Est au delà de la zone frontalière "neutralisée" par les Turcs.

"L'objectif est d'empêcher que les champs pétroliers tombent aux mains de l'EI ou d'autres groupes déstabilisateurs", a expliqué un responsable militaire. "Nous devons interdire à l'EI cette source de revenus pour prévenir toute résurgence" du groupe jihadiste.

- Civils renvoyés par la force -

Washington, largement critiquée par les capitales occidentales à propos de l'offensive turque dans le nord-est de la Syrie, où les Kurdes assuraient la garde de camps de détenus de l'EI, a reconnu que plus de 100 prisonniers du groupe jihadiste s'étaient échappés depuis le lancement de l'opération turque.

L'offensive visait à éloigner de son territoire les milices kurdes -que la Turquie qualifie de "terroristes"- et à faciliter le retour dans leur pays d'une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens présents sur son sol.

Pour les Kurdes, cela impliquera d'importants déplacements de populations à leur détriment. Selon l'OSDH, quelque 300.000 civils ont été chassés depuis le 9 octobre.

Les ONG Amnesty International et Human Rights Watch ont accusé Ankara d'avoir déjà renvoyé par la force des civils syriens dans leur pays en guerre pendant les mois ayant précédé le déclenchement de l'offensive turque.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit syrien s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de puissances étrangères et de groupes jihadistes et a fait plus de 370.000 morts.


 

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