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Rouen : procès d'un homme expulsable, accusé de double meutre et viol

Rouen : procès d'un homme expulsable, accusé de double meutre et viol
Le procès d’un ressortissant étranger, accusé d'un double meurtre et d'un viol à Rouen en 2015, alors qu’il aurait dû être expulsé à sa sortie de prison un mois plus tôt, s’est ouvert lundi devant leLOIC VENANCE
 
 

Le procès d'un ressortissant étranger, accusé d'un double meurtre et d'un viol à Rouen en 2015, alors qu'il aurait dû être expulsé à sa sortie de prison un mois plus tôt, s'est ouvert lundi devant les assises de Seine-Maritime avec l'examen de la personnalité de l'accusé.

"Je ne me rappelle pas. Je suis touché par les faits qu'on me reproche. Je n'ai jamais été un monstre (..) Si je savais, je vous dirais sans hésiter. J'ai confiance en la justice française", a déclaré en français l'accusé qui s'est présenté comme un Rwandais né en Ouganda et âgé de 38 ans. Selon l'enquête, il aurait consommé alcool et stupéfiants le soir des faits.

Jean-Claude Nsengumukiza est jugé pour les meurtres par strangulation de Julien, 31 ans, et Élise, 24 ans, ainsi que pour le viol de la jeune femme dans la nuit du 19 au 20 décembre 2015. Son procès doit durer cinq jours.

Cet homme à la nationalité incertaine aurait théoriquement dû être reconduit à la frontière à sa sortie de prison mi-novembre 2015, après une condamnation pour viol et une remise de peine. La ministre de la Justice d'alors Christiane Taubira avait ordonné une enquête administrative.

- "Vécu la guerre" -

Devant les parents des deux victimes, leurs frères et sœurs et la marraine d’Élise, présents à l'audience, Jean-Claude Nsengumukiza a dit à la cour avoir "vécu la guerre" au Rwanda. "C'était horrible. Il y avait beaucoup de morts. Ça reste gravé dans la tête. J'ai assisté à un meurtre. J'ai dû déterrer des corps de victimes tutsi à l'issue du génocide. J'ai vu des camions bennes qui chargeaient des corps", a dit cet homme qui s'est dit hutu. L'accusé, qui s'est par le passé aussi présenté comme tutsi, a expliqué avoir quitté le Rwanda en 1994 et être arrivé au Havre en 2002.

Mais l'avocat général Patrice Lemonnier s'agace des déclarations contradictoires de l'accusé. "Je ne vais pas pouvoir tenir cinq jours comme ça. Vous avez un don d'invention", a-t-il lancé.

Dans une lettre adressée au magistrat instructeur et lue à l'audience par le président de la cour Jean-Yves Rouxel, un demi-frère de l'accusé assure que Jean-Claude Nsengumukiza a "vu de ses yeux des gens tuer d'autres gens". "C'était un bon frère au Rwanda (...) Ce n'était ni un meurtrier, ni un drogué, ni un voleur" mais "Jean-Claude n'était pas le même que Jean-Claude en France. Il a changé même physiquement. Il n'avait pas le regard gentil", a écrit ce demi-frère.

Déjà condamné en 2011 pour viol, l'accusé, qui s'était déjà plusieurs fois introduit dans des domiciles privés à Rouen et à Paris depuis son arrivée en France, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. D'après l'enquête, Jean-Claude Nsengumukiza avait rencontré les deux victimes à la sortie d'un établissement de nuit de Rouen. Prétextant vouloir aider à soutenir le jeune homme passablement éméché, il a accompagné les deux amis jusqu'au studio de la jeune femme, où s'est produit le drame. Il a été confondu par son ADN.

Selon le président de la cour, l’ambassade du Rwanda n’a pas répondu aux différentes sollicitations de la préfecture en amont de la libération de l'accusé en novembre 2015. Les années précédentes, il avait été présenté en vain à plusieurs consulats, Togo, Sénégal, RDC et Rwanda, en vue d’une reconduite à la frontière.

Mais pour le sénateur centriste Hervé Maurey qui avait interpellé la ministre de la Justice de l'époque, Christiane Taubira, il y a eu "dysfonctionnement" de l’État.

"Les services de la préfecture, constatant l'impossibilité d'exécuter la peine de reconduite à la frontière du suspect du fait de l'incertitude quant à sa nationalité réelle, n'en ont pas informé l'autorité judiciaire. Cette information aurait permis au juge d'application des peines de prendre des mesures évitant sa remise en liberté immédiate et sans aucun contrôle", avait-il déclaré à l'AFP.


 

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