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Brésil: L'inoxydable Lula de retour au palais présidentiel

 
 

Lula, icône inoxydable de la gauche brésilienne, fait son retour dimanche à Brasilia dans un palais présidentiel qu'il a bien connu avant de subir de graves revers de fortune, dont la prison.

Ce troisième mandat n'est pas pour autant synonyme de routine, comme l'ont montré les sanglots du vieux lion de la politique, submergé par l'émotion quand son élection a été certifiée à la mi-décembre, après sa victoire contre le président sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro.

Le come-back à 77 ans de Luiz Inacio Lula da Silva, qui avait quitté la fonction suprême sur un taux de satisfaction stratosphérique (87%) après deux mandats (2003-2010), est une première dans l'Histoire moderne du Brésil.

Mais Lula, petit cireur de chaussures au fabuleux destin, revient de loin.

Condamné pour corruption dans le plus grand scandale de l'Histoire du Brésil, "Lavage express", il avait été incarcéré 580 jours, d'avril 2018 à novembre 2019.

Le chef de file du Parti des Travailleurs (PT) s'est toujours dit victime d'un complot politique qui a permis à Bolsonaro d'être élu à la présidence en 2018 alors qu'il en était le grand favori.

En mars 2021, il pouvait de nouveau rêver à une revanche éclatante. La Cour suprême annulait ou prescrivait ses condamnations, lui permettant de recouvrer ses droits politiques, sans l'innocenter pour autant.

Pour le Comité des droits de l'Homme de l'ONU, l'enquête et les poursuites engagées contre Lula ont violé son droit à être jugé par un tribunal impartial.

Ainsi, 12 ans après avoir quitté le pouvoir, le tribun à la voix rauque a mené une sixième campagne présidentielle victorieuse. Il veut rassembler un Brésil très fracturé et lui rendre une "véritable démocratie".

- Ambitieux programmes sociaux -

Lula reste perçu comme "près du peuple" et est toujours très aimé, particulièrement dans les régions pauvres du Nord-Est, son fief historique.

Mais il est aussi détesté par une partie des Brésiliens pour lesquels il incarne à tout jamais la corruption. Jair Bolsonaro n'a cessé de le traiter de "voleur" et d'"ex-prisonnier" lors de la campagne électorale à couteaux tirés.

Rien ne prédisposait à un tel destin Lula, cadet d'une fratrie de huit enfants né le 27 octobre 1945 dans une famille de paysans pauvres du Pernambouc (Nord-est).

Enfant, Lula était cireur de chaussures. Il a sept ans lorsque sa famille déménage à Sao Paulo pour échapper à la misère.

Vendeur ambulant puis ouvrier métallurgiste à 14 ans, il perd l'auriculaire gauche dans un accident du travail.

A 21 ans, il entre au syndicat des métallurgistes et conduit les grandes grèves de la fin des années 1970, en pleine dictature militaire (1964-1985).

Cofondateur du PT au début des années 1980, il se présente pour la première fois à l'élection présidentielle en 1989 et échoue de peu. Après deux nouveaux échecs, en 1994 et en 1998, la quatrième tentative sera la bonne, en octobre 2002. Il est réélu en 2006.

Premier chef de l'Etat brésilien issu de la classe ouvrière, il a mis en oeuvre d'ambitieux programmes sociaux, grâce aux années de croissance portées par le boom des matières premières.

Sous ses deux mandats, 30 millions de Brésiliens sont extraits de la misère.

Lula a aussi incarné un pays qui s'ouvrait sur le monde, et a conféré au Brésil une stature internationale avec, notamment, le Mondial de football (2014) et les jeux Olympiques (2016) à Rio de Janeiro.

- Nouvel amour -

Idéaliste mais pragmatique, voire opportuniste, Lula est passé maître dans l'art de tisser des alliances parfois contre nature.

Pour vice-président, il s'est choisi un technocrate centriste capable de rassurer les milieux économiques: Geraldo Alckmin, son adversaire lors de précédents scrutins.

En mars 2016, sa tentative de retour aux affaires en tant que ministre de sa dauphine, Dilma Rousseff, avait été un échec cuisant, tout comme la destitution de celle-ci en août.

En octobre 2011, Lula a souffert d'un cancer du larynx.

En février 2017, l'ex-président a subi une épreuve intime avec la mort de son épouse Marisa Leticia Rocco.

Mais Lula a retrouvé un nouvel amour, Rosangela da Silva, surnommée "Janja", une sociologue militante du PT, de 21 ans sa cadette, qu'il a épousée en mai.

"Je suis amoureux d'elle comme si j'avais 20 ans", a-t-il dit de celle qui a joué un rôle majeur dans l'organisation du volet festif de son investiture et a bien l'intention de donner plus de poids au rôle de première Dame.


 

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