Le procès de l'attentat de Sousse, dans lequel 38 touristes étrangers avaient été abattus dans une station balnéaire de Tunisie, s'est ouvert vendredi sous haute sécurité à Tunis.
L'audience a duré près d'une heure et demie avant d'être levée. La date de la reprise du procès sera connue dans l'après-midi, a annoncé le juge selon un journaliste de l'AFP sur place.
Vingt-six personnes au total sont poursuivies, dont six membres des forces de sécurité accusés de "non assistance à personne en danger".
Les 20 autres accusés, tous de nationalité tunisienne, répondront de "crimes terroristes", "homicide" et "complot contre la sûreté de l'Etat", selon le Parquet.
Ils sont passibles, d'après la même source, de la peine capitale, sentence prévue par la loi antiterroriste de 2015 mais qui fait l'objet d'un moratoire en Tunisie depuis 1991.
Le 26 juin 2015 à Port el-Kantaoui, près de Sousse (est), un étudiant tunisien de 23 ans armé d'une kalachnikov avait surgi sur la plage, abattant une dizaine de personnes avant de pénétrer dans le complexe de l'hôtel Imperial Marhaba, où il avait continué à faire feu.
Trente-huit personnes avaient été tuées dans cet attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), deuxième des trois attaques majeures ayant frappé la Tunisie en 2015.
- Haute sécurité -
L'audience s'est ouverte en matinée dans une salle du tribunal placée sous haute sécurité, avec des policiers armés à l'entrée, selon le journaliste de l'AFP.
Des responsables de l'ambassade de Grande-Bretagne, pays ayant payé le plus lourd tribut dans l'attaque avec 30 ressortissants tués, étaient présents.
Les avocats des familles des victimes mais aussi ceux des accusés ont immédiatement demandé un report.
Akram Barouni, avocat tunisien d'une des familles des victimes, a indiqué à l'AFP avoir été mandaté "il y a 48 heures" par la cour, sans connaître la nationalité de son client et sans savoir si ce dernier était mort ou blessé dans l'attentat.
Me Barouni a dit avoir besoin de davantage de temps "pour étudier les procès-verbaux de l'enquête", et prédit un "long" procès.
Plusieurs avocats se sont succédé devant le juge pour dire que leurs clients n'avaient "aucun lien avec l'auteur" de l'attentat, en réclamant leur "libération provisoire".
Selon les autorités tunisiennes, l'auteur de l'attaque, Seifeddine Rezgui, s'était "principalement" radicalisé sur internet, avant d'être formé au maniement des armes en Libye.
Une avocate a en outre assuré que ses deux clients avaient été "torturés", "pendant les interrogatoires" et "même en prison".
Peu avant l'audience, une avocate avait affirmé à l'AFP que son client, Achraf Sandi, n'était "ni salafiste ni terroriste". Il a été arrêté "parce que son frère en fuite est accusé dans cette affaire", a-t-elle déclaré.
- Défaillances -
Cette attaque fait aussi l'objet d'une procédure devant la Cour royale de justice de Londres.
Fin février, au terme de plusieurs semaines d'auditions, le juge Nicholas Loraine-Smith a estimé que la police tunisienne avait réagi de manière "chaotique" à Port el-Kantaoui.
Durant ces auditions, l'avocat de 20 familles de victimes, Andrew Ritchie, avait évoqué un rapport tunisien remis au gouvernement britannique qui pointait des "failles" dans la sécurité.
Le chef du gouvernement tunisien de l'époque, Habib Essid, avait reconnu dans un entretien à la radio-télévision BBC que la police avait été trop longue à intervenir.
La Grande-Bretagne continue aujourd'hui de déconseiller les voyages non essentiels en Tunisie, restriction que Tunis aimeraient voir levée.
La Tunisie avait connu une série noire d'attentats en 2015 qui avait choqué le pays et laminé le tourisme, secteur clé de l'économie.
En mars 2015, 22 personnes dont 21 touristes avaient été tuées au musée du Bardo à Tunis. Et en novembre, 12 agents de la garde présidentielle avaient péri dans un attentat suicide en pleine capitale.
Depuis, la situation s'est nettement améliorée selon les autorités, qui appellent toutefois toujours à la "vigilance".
La Tunisie a fait "des pas très importants dans la guerre contre le terrorisme (...) mais les menaces existent toujours", a récemment dit le Premier ministre Youssef Chahed.
Fermé depuis juin 2015, l'hôtel Imperial Marhaba, théâtre de l'attentat de Sousse, a récemment rouvert sous une nouvelle appellation.
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