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Coronavirus: première contagion aux USA, le bilan s'alourdit en Chine, les Belges pourront revenir samedi

  • Coronavirus chinois: quid des Belges qui vont être rapatriés ?

  • Coronavirus chinois: les voyages vers la Chine sont déconseillés

 
 
 

Le bilan de l'épidémie de pneumonie virale s'est alourdi à 170 morts jeudi en Chine, après un bond sans précédent du nombre quotidien de décès, et la France s'apprête, dans le sillage des Américains et des Japonais, à évacuer ses ressortissants de Wuhan, ville coupée du monde depuis une semaine.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a appelé le "monde entier à agir", se réunit jeudi pour déterminer si l'épidémie constitue "une urgence de santé publique de portée internationale".

De nombreux pays ne sont pas prêts à y faire face, a mis en garde jeudi le Conseil de supervision de la préparation globale (GPMB), un organe de contrôle international basé à Genève, tout en saluant "la rapidité de la réponse" apportée jusqu'ici par les pays et l'OMS.

Wuhan, où la circulation des véhicules non essentiels est interdite, gardait jeudi des allures de ville fantôme. Si les magasins et restaurants restaient quasi-tous fermés, on voyait toutefois dans les rues un peu plus de piétons que les jours précédents, selon des journalistes de l'AFP.

Des régions de plus en plus isolées

Les autorités chinoises ont fait état jeudi de 38 décès durant les 24 heures précédentes, plus forte progression quotidienne depuis le début de l'épidémie en décembre, portant le bilan à 170 morts.

Le nombre de patients contaminés a grimpé à environ 7.700 en Chine continentale (hors Hong Kong), dépassant désormais largement celui (5.327) de personnes infectées par le Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002-2003.

Wuhan, métropole du centre de la Chine d'où est partie l'épidémie, est coupée du monde depuis une semaine, comme la quasi-totalité de la province environnante du Hubei.

Vague d'évacuations des étrangers

Alors que ce cordon sanitaire imposé le 23 février interdit à quelque 56 millions d'habitants de quitter la région, les Etats-Unis et le Japon ont évacué mercredi une partie de leurs ressortissants. Un deuxième avion américain est attendu dans les prochains jours.

C'est à présent au tour de Paris: un premier avion français est parti dans la nuit de mercredi à jeudi à destination de Wuhan, selon des sources concordantes. Selon une source proche du dossier, l'avion devrait revenir vendredi avec 250 personnes mais l'aéroport d'arrivée, l'horaire et le lieu de la quarantaine de 14 jours ne sont pas encore définis et évolueront "en fonction de la situation sur place".

Un second vol est prévu "plus tard dans la semaine", selon la Commission européenne, pour rapatrier d'autres Français et des ressortissants d'autres pays européens. Un A380 qui a décollé jeudi matin du Portugal devrait permettre de rapatrier quelque 350 Européens, dont des Français, a d'ailleurs déclaré à la télévision portugaise le commandant grec de l'appareil, affrété selon les médias portugais par la France.

J'ai l'impression qu'ils ne se soucient pas de nous

Certains expatriés français refusent de partir: "C'est un acte réfléchi (...). Mon travail ici consiste à aider les étrangers", a confié à l'AFP le docteur Philippe Klein, se qualifiant de "dompteur de virus" face à l'épidémie.

Des milliers d'autres étrangers piégés à Wuhan restent sans certitude de pouvoir partir. "J'ai l'impression qu'ils ne se soucient pas de nous. Je pourrais mourir de faim, je pourrais aussi être infectée et mourir", se désole Aphinya Thasripech, une Thaïlandaise trentenaire enceinte, alors que Bangkok n'a dévoilé aucun plan de rapatriement.

Les Belges pourront être rapatriés samedi

Les 15 Belges qui se trouvent encore dans les environs de Wuhan, où s'est déclarée l'épidémie de Coronavirus, pourront être rapatriés samedi en Belgique, ont affirmé les Affaires étrangères jeudi. Le rapatriement n'est cependant pas obligatoire. Les Belges qui le souhaitent pourront embarquer à bord d'un avion affrété par la France.

Le point sur les contaminations

Aucun des 195 Américains arrivés mercredi sur une base militaire californienne ne présente les symptômes du virus mais tous y resteront en quarantaine pendant 72 heures.

Parmi les 206 Japonais rapatriés mercredi, trois ont été contaminés, portant à 14 le nombre de cas recensés dans l'archipel. Tokyo n'a pas imposé de quarantaine à ses rapatriés.

Si l'essentiel des contaminations ont été détectées en Chine continentale, une quinzaine d'autres Etats sont touchés, avec plus de 80 cas confirmés au total dont cinq en France.

Signal inquiétant, des transmissions interhumaines ont été enregistrées hors de Chine, en Allemagne, au Japon et au Vietnam.

Première contagion aux Etats-Unis, entre deux époux à Chicago

Le mari d'une femme sexagénaire ayant contracté le nouveau coronavirus en Chine a été contaminé à son retour à Chicago, ont annoncé les autorités sanitaires américaines jeudi. "Nous savons que cela peut paraître inquiétant", a déclaré le directeur des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Robert Redfield, mais "le risque immédiat pour les Américains est faible", a-t-il insisté, en soulignant qu'il s'agissait d'une contagion entre époux.

"Cela ne se répand pas largement dans la communauté, nous estimons que la population ne court pas de risque", a dit Ngozi Ezike, directrice de la santé publique de l'Illinois, où se trouve Chicago.

La femme sexagénaire avait voyagé à Wuhan et était revenue à Chicago le 13 janvier. Son mari n'était pas allé en Chine et a attrapé le virus par sa femme après son retour.

Les Etats-Unis ne recommandent pas le port de masques, a répété Nancy Messonnier, directrice des maladies respiratoires aux CDC. A la place, les consignes restent les mêmes que contre les maladies infectieuses de cette saison: "Lavez-vous les mains, couvrez-vous la bouche quand vous toussez, prenez soin de vous", a dit Nancy Messonnier.

La femme reste hospitalisée et "va bien", son mari a été hospitalisé récemment et "est stable", selon Jennifer Layden, directrice médicale de l'Etat de l'Illinois. C'est un sexagénaire qui avait par ailleurs "plusieurs affections médicales".

Au total, les Etats-Unis ont six cas confirmés de pneumonie virale causée par le nouveau coronavirus. Des analyses sont en cours sur 92 personnes dans le pays. Les cinq premiers cas ont tous été contaminés en Chine.

Vols suspendus

Les mesures de précaution internationales se durcissent: plusieurs compagnies aériennes, dont Air France, British Airways et Lufthansa, ont suspendu leurs vols vers la Chine continentale, où des pays comme le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Etats-Unis déconseillent tout voyage.

La Russie a annoncé qu'elle fermerait vendredi ses 4.250 km de frontière terrestre avec la Chine. Et en Italie, quelque 7.000 personnes restaient bloquées jeudi sur un navire de croisière à Civitavecchia, près de Rome, en raison de deux cas suspects du nouveau coronavirus, même si de premiers examens "paraissent négatifs" selon Rome.

Une population secouée

Dans toute la Chine, où les congés du Nouvel an lunaire sont prolongés jusqu'au 2 février, les habitants, effrayés, désertent centres commerciaux, cinémas et restaurants.

Des villages se barricadent derrière des barrages sauvages dans l'espoir d'échapper à l'épidémie, et les personnes originaires de Wuhan et sa région se heurtent partout à la suspicion.

Pékin a ordonné jeudi aux agriculteurs et aux abattoirs d'augmenter leur production alors que l'épidémie perturbe les réseaux de distribution et que les prix des légumes s'envolent.

Après l'annulation de plusieurs compétitions sportives internationales, la Chine a reporté sa saison 2020 de football.

Le Fonds monétaire international a indiqué qu'il surveillait "en temps réel" l'épidémie, soulignant que son impact sur l'économie mondiale dépendra notamment de la durée de l'épidémie, alors que de nombreuses entreprises et usines chinoises resteront fermées jusqu'au 9 février au moins.


 

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