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L'armée syrienne tue un chef rebelle durant une réunion secrète: "Ça pourrait entraîner la dislocation de la rébellion"

L'armée syrienne tue un chef rebelle durant une réunion secrète: "Ça pourrait entraîner la dislocation de la rébellion"
Zahrane Allouche (capture d'écran Youtube)
 
 

La direction du principal mouvement rebelle de la capitale syrienne a été décimée vendredi par un raid aérien revendiqué par l'armée, qui a tué son chef Zahrane Allouche, portant un coup sévère à l'insurrection et aux négociations entre régime et opposants censées débuter dans un mois.

Zahrane Allouche, 44 ans, fils d'un prêcheur salafiste, cheikh Abdallah Allouche qui vit en Arabie Saoudite, était le chef de Jaich al-Islam (Armée de l'Islam), le plus puissant groupe rebelle de la région de Damas. "La mort de Zahrane Allouche est l'une des pertes les plus significatives de l'opposition", a indiqué sur Twitter Charles Lister, un des principaux experts des groupes rebelles en Syrie.

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Tué lors d'une réunion secrète

"Zahrane Allouche, chef de Jaich al-Islam, et cinq autre dirigeants (du groupe) ont été tués" lors de frappes aériennes près de Damas, a indiqué l'OSDH. "Il est mort dans un raid contre la localité d'al-Marj, dans la Ghouta orientale avec les commandants de Jaich al-Islam", a affirmé à l'AFP un des responsables du mouvement. "Trois avions ont ciblé une réunion secrète" du commandement, a-t-il ajouté.

Quelques heures après, les principaux responsables du groupe ont élu un nouveau chef, Abu Himam al-Buwaydani, un combattant de 40 ans dont la famille entretient des liens étroits avec les Frères musulmans, a indiqué à l'AFP Abdel Rahman, le dirigeant de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.


Des missiles russes

Un responsable de la sécurité a expliqué à l'AFP que ces raids avaient été menés par deux avions syriens qui ont tiré à deux reprises quatre missiles fournis par Moscou. Ils ont ciblé une réunion secrète de dirigeants de plusieurs groupes islamistes, qui visait à réorganiser les forces militaires après la prise de la localité de Marj al-Sultan. Plusieurs dizaines de dirigeants et des gardes du corps ont été tués, dont 12 de Jaich al-Islam et sept d'Ahrar al-Cham, un autre groupe rebelle important, selon la même source.

Dans une déclaration télévisée, un porte-parole de l'armée syrienne a indiqué que les forces du régime avaient mené les raids, montrant une vidéo de l'attaque sur laquelle on voit plusieurs colonnes de fumée blanche dans une zone rurale.


Le groupe rebelle contrôle la partie est de Damas

Soutenu par l'Arabie saoudite, Jaich al-Islam contrôle la plus grande partie de la banlieue est de la capitale qui est régulièrement bombardée par les forces gouvernementales et l'aviation russe. Le groupe est accusé par le régime de bombarder Damas.


Un groupe partisan d'un Etat islamique… mais opposé à Daesh

Appelé d'abord Bataillon de l'Islam (Liwa al-Islam, en arabe), le groupe a pris le nom d'Armée de l'Islam en septembre 2013 et compte 64 bataillons. Ce mouvement d'inspiration salafiste est très anti-alaouite (confession du président Bachar al-Assad) et partisan d'un Etat islamique même s'il avait adopté récemment une rhétorique plus modérée.

Généralement en treillis, arborant une barbe noire, Zahrane Allouche avait été arrêté par le régime en 2009 et libéré en juin 2011 lors d'une amnistie générale, trois mois après le début du conflit qui a fait plus de 250.000 morts. Il avait échappé à plusieurs tentatives d'assassinats.

Hostile à l'organisation Etat islamique (EI), le groupe avait exécuté en juillet 18 jihadistes, en imitant les mises en scène macabres de ses adversaires. Il avait également placé début novembre des alaouites et des soldats du régime dans des cages sur des places publiques pour s'en servir comme de boucliers humains face aux raids de l'aviation de Damas.


Peu avant des négociations à Genève entre le régime et les rebelles

La mort de Zahrane Allouche survient au moment où l'armée syrienne a lancé une très grande opération contre son fief sur le flanc est de la capitale. Le mouvement avait assisté à Ryad à une réunion des principaux groupes de l'opposition. Les participants avaient annoncé le 10 décembre leur accord pour des négociations avec Damas, mais exigé le départ du président Bachar al-Assad avec le début d'une éventuelle période de transition.

Des pourparlers doivent se tenir à Genève fin janvier et le régime a indiqué qu'il était prêt à y prendre part, disant cependant qu'il attendait de savoir quels groupes de l'opposition allaient y participer.


L'action va sûrement mettre à mal le processus de paix

Pour l'expert Aron Lund, sa mort "pourrait affecter le processus de paix en déstabilisant l'Armée de l'Islam et en l'affaiblissant". "Les négociations avaient besoin de l'implication d'extrémistes comme Zahrane Allouche pour leur donner de la crédibilité", a-t-il ajouté.

Selon lui, "au sein de la rébellion syrienne, Zahrane Allouche a été l'un des rares à réussir à centraliser (le pouvoir). Sa mort pourrait entraîner sa dislocation, étant donné que la faction centrale était l'Armée de l'Islam, qu'il a créée et dirigée d'une poigne de fer et qui inclut plusieurs membres de sa famille et des gens de sa ville natale de Douma".

Le coup porté à Jaich al-Islam survient la veille de la mise en application d'un accord inédit qui prévoit le départ samedi de trois quartiers sud de Damas de 4.000 personnes, dont des jihadistes de l'EI, du Front Al-Nosra et des civils, ont affirmé des sources proches des négociations. 


 

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