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La Mosquée d'Auch détruite par un incendie criminel

La Mosquée d'Auch détruite par un incendie criminel
La mosquée d'Auch (Gers) le 23 août 2015, détruite la veille par un incendie d'origine criminelle -
 
 

La mosquée d'Auch (Gers) a bien été la cible d'un incendie criminel que le président François Hollande a condamné lundi "avec fermeté".

L'enquête s'annonce difficile sur un attentat qui n'a pas fait de victime mais est survenu deux jours après l'attaque d'un Marocain au profil de militant islamiste dans un Thalys à destination de Paris.

"Tout est mis en œuvre pour que les coupables soient identifiés et punis", a affirmé le chef de l'Etat dans un communiqué publié après les premières conclusions de la justice. Il a ajouté que les musulmans de France devaient "pouvoir exercer leur culte en toute liberté et en toute sécurité".

"L'incendie criminel de la mosquée d'Auch est une attaque contre nos valeurs républicaines. Je la condamne avec la plus grande force", a tweeté de son côté le Premier ministre Manuel Valls.

Le caractère criminel de cet incendie, qui a détruit dimanche vers 03H00 les trois-quarts du bâtiment, a été établi par une expertise lundi après-midi.

"Nous pouvons affirmer, en l'état de l'enquête, que c'est un acte volontaire réfléchi à l'origine de l'incendie de la mosquée d'Auch", a dit à l'AFP le procureur de la République d'Auch, Pierre Aurignac.

"Le ou les auteurs ont visiblement utilisé un accélérant de type hydrocarbure pour accélérer le départ de l'incendie par le toit de l'édifice (...) Ceci explique l'étendue des dégâts occasionnés", a-t-il ajouté.

L'incendie a été provoqué deux jours après l'attaque menée par le ressortissant marocain Ayoub El Khazzani dans un train Thalys qui effectuait vendredi la liaison Amsterdam-Paris.

Lourdement armé, il avait commencé à tirer sur les passagers en en blessant un grièvement avant d'être immobilisé par trois voyageurs américains et un Britannique.

Ces derniers ont été décorés de la Légion d'Honneur pour leur "héroïsme", leur "courage" et leur "sang-froid" par le président Hollande lundi à l’Élysée.

Les enquêteurs d'Auch ne disposaient lundi d'aucune piste.

"Un travail considérable reste à réaliser avant de parvenir à identifier et traduire en justice le ou les auteurs" de l'incendie, a souligné le procureur.

Il a promis "les moyens les plus importants au service de l'enquête": les commissariats d'Auch et de Toulouse sont co-saisis de la suite de l'investigation.

- Les musulmans inquiets -

"Nous ignorons en l'état totalement la ou les motivations des auteurs et aucune piste n'est actuellement privilégiée", a ajouté M. Aurignac.

"Il n'existait jusqu'à présent à Auch aucune tension entre les communautés religieuses", a-t-il noté.

Ahmed Mouhouche, ancien président de l'Association cultuelle des musulmans du Gers qui gère la mosquée, est allé dans le même sens et s'est voulu rassurant.

"On n'a jamais pensé que cela pouvait nous arriver. Pour nous à Auch, c'est un cas isolé", a-t-il insisté, auprès de l'AFP. "Il ne faut pas que la communauté musulmane ait peur" après cet "acte idiot et désolant".

Sans attendre la publication des premiers éléments de l'enquête, il avait déjà dès lundi matin déposé plainte contre X, convaincu du caractère criminel de l'incendie.

Le plus urgent, a-t-il ajouté, est désormais de retrouver une salle pour les 200 à 250 personnes qui fréquentent la mosquée pour la prière du vendredi.

La municipalité a offert son aide pour trouver un lieu. L'Association envisage de louer provisoirement des locaux préfabriqués.

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a dénoncé, dans un communiqué signé de son président Anouar Kbibech, "une attaque insupportable", notant qu'elle "intervient seulement deux semaines après l'attaque au cocktail Molotov qui a visé la mosquée de Mérignac" (Gironde).

Le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, également membre du CFCM, Abdallah Zekri, a dit voir dans l'attentat d'Auch "une preuve de plus du racisme antimusulman". Il a dénoncé dans un communiqué une "implosion des actes antimusulmans" en France.

Fin janvier, après l'attentat contre Charlie Hebdo et le Super Casher qui avait fait 17 morts dans la région parisienne, la mosquée d'Auch avait déjà été visée par des inconnus. Ils avaient jeté des lardons de porc -considéré comme un animal impur dans l'islam- par dessus son portail.


 

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