Exit John Bolton: le président américain Donald Trump a annoncé mardi, d'un tweet, le limogeage de son conseiller à la sécurité nationale, avec lequel il était en désaccord sur plusieurs dossiers brûlants, de l'Iran à la Corée du Nord en passant par l'Afghanistan.
Cette décision spectaculaire, qui porte sur l'un des postes les plus influents de la Maison Blanche, intervient dans un climat particulièrement tendu entre les Etats-Unis et l'Iran. M. Trump a envoyé sur ce dossier des signaux contradictoires, entre extrême fermeté et volonté de négocier, voire même de rencontrer son homologue iranien Hassan Rohani.
S'il est trop tôt pour dire si cette décision marquera un tournant dans la politique étrangère du 45e président des Etat-Unis, le départ de cet ancien ambassadeur à la célèbre moustache et à la réputation de va-t-en-guerre modifiera incontestablement la dynamique au sein de la "West Wing".
"J'ai informé John Bolton hier soir que nous n'avions plus besoin de ses services à la Maison Blanche", a tweeté M. Trump. "J'étais en désaccord avec nombre de ses suggestions, comme d'autres au sein de cette administration".
"J'ai demandé à John sa démission, elle m'a été remise ce matin", a ajouté le président, assurant qu'il nommerait son successeur la semaine prochaine.
"Parlons-en demain"
D'un tweet sec, M. Bolton, 70 ans, a présenté une version différente des 24 dernières heures, indiquant qu'il avait proposé au président de lui présenter sa démission lundi soir et que ce dernier lui avait répondu: "Parlons-en demain".
Cette annonce est tombée moins de deux heures avant un point de presse, qui avait été annoncé par la Maison Blanche et auquel devait participer M. Bolton en compagnie du secrétaire d'Etat Mike Pompeo.
Ce dernier a sauté sur l'occasion pour souligner qu'il avait souvent été en désaccord avec M. Bolton et insisté sur sa proximité avec Donald Trump. "Nous travaillons de manière très étroite avec le président des Etats-Unis", a-t-il lancé.
Elle intervient également moins de 48 heures après l'annulation d'une rencontre secrète prévue à Camp David entre le président américain et les talibans, avec lesquels Washington négociait depuis plusieurs mois un accord de paix sur l'Afghanistan.
Ancien ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, M. Bolton était notoirement hostile à la main tendue de Donald Trump au dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, et il avait été directement pris pour cible, au printemps 2018, par le régime de Pyongyang.
"Nous avons déjà, par le passé, évoqué la personnalité de Bolton et nous ne cachons pas le dégoût qu'il nous inspire", avait lancé le ministère des Affaires étrangères. Au début des années 2000, déjà, son extrême fermeté sur ce dossier lui avait valu d'être traité de "déchet humain" dans la presse nord-coréenne.
Peu avant son arrivée à la Maison Blanche, il avait estimé qu'il était "parfaitement légitime pour les Etats-Unis" de répondre à la menace représentée par une Corée du Nord nucléaire "en frappant les premiers".
"Gouverner par le chaos"
Pour le leader des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, cette décision de Donald Trump n'est que "le dernier exemple de sa façon de gouverner par le chaos".
Le sénateur républicain Rand Paul a lui salué avec force l'annonce du limogeage de M. Bolton. "Le président a d'excellentes intuitions sur la politique étrangère et sur la nécessité de mettre fin à nos guerres sans fin", a-t-il tweeté. "Il devrait être conseillé par ceux qui partagent sa vision".
"Depuis le début, deux voix murmuraient à l'oreille de Donald Trump: celle recommandant la diplomatie et mettant en garde contre le conflit, et celle poussant à la belligérance et mettant en garde contre le risque d'apparaître faible", résumait Robert Malley, président de l'International Crisis Group.
"Avec le départ de Bolton, la deuxième a incontestablement perdu son principal avocat. Cela pourrait créer de nouvelles opportunités diplomatiques sur l'Iran, l'Afghanistan, la Corée du Nord et le Venezuela. Espérons que le président les saisira".
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