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Deux mois après les attentats, quatre hommes au centre de l'enquête

Deux mois après les attentats, quatre hommes au centre de l'enquête
Photo d'Abdelslam Salah sur l'appel à témoin diffusé le 15 novembre 2015 par la police nationale françaiseDSK
 
 

Deux mois après les attentats parisiens du 13 novembre, l'enquête se concentre plus que jamais en Belgique, quatre hommes traqués par les polices européennes dont Salah Abdeslam sont insaisissables et trois des kamikazes restent à identifier.

- Quatre suspects recherchés -

Salah Abdeslam, 26 ans, soupçonné d'avoir eu au moins un rôle-clé de logisticien, s'est évaporé dans la nature depuis son exfiltration de Paris par des amis le lendemain des attentats. "Nous ne savons pas où il est", sinon "nous aurions été le récupérer", a déclaré dimanche le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Le 16 novembre, sur la foi d'un renseignement, la police pense le trouver chez une famille du quartier bruxellois de Molenbeek décrite comme "pourvoyeuse de candidats au jihad", mais l'opération est un échec.

L'enquête a mis en lumière ses liens étroits avec le Belgo-Marocain Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attaques: originaires de Molenbeek et complices dans la petite délinquance, ils se connaissaient depuis plus de dix ans.

Soupçonné d'avoir aussi eu un rôle de premier plan, Mohamed Abrini, autre Belgo-Marocain vu en compagnie d'Abdeslam deux jours avant et sans doute la veille des tueries, fait également l'objet d'un mandat d'arrêt international.

Les enquêteurs recherchent en outre deux hommes contrôlés début septembre en Autriche avec Abdeslam, en possession de faux papiers aux noms de Samir Bouzid et Soufiane Kayal. Le premier semble avoir donné depuis la Belgique des instructions à Hasna Aïtboulahcen et lui a fait parvenir 750 euros pour aider son cousin Abaaoud dans sa cavale. Le second aurait loué une des planques belges.

Ces quatre hommes ont-ils gagné la Syrie? Aucun élément ne vient étayer cette hypothèse à ce stade.

- La Belgique, base arrière -

Trois ceintures qui auraient pu servir à transporter des explosifs et des traces de TATP ont été retrouvées dans un appartement loué sous une fausse identité à Bruxelles, confortant le scénario selon lequel les attentats qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés ont été préparés dans la capitale belge. Une empreinte de Salah Abdeslam y a été retrouvée. S'y est-il caché pendant sa fuite?

Dix hommes ont été inculpés en Belgique, dont neuf sont en détention provisoire, suspectés pour certains d'avoir aidé Abdeslam dans sa cavale. Le Belge Ahmad Dahmani, soupçonné d'avoir participé aux repérages des cibles, est toujours incarcéré en Turquie.

Deux personnes restent mises en examen en France pour avoir fourni à Abaaoud le logement de repli de Saint-Denis, mais ces délinquants sans envergure ne semblent pas inquiétés pour avoir préparé ou participé aux attaques.

- Que dit la téléphonie? -

Les assaillants utilisaient plusieurs lignes téléphoniques, cinq rien que pour Salah Abdeslam, ce qui complique le travail des enquêteurs.

Les équipes se sont coordonnées en temps réel au téléphone lors des tueries, mais aussi avec une ou plusieurs personnes en Belgique. L'une d'elles a reçu un SMS envoyé près du Bataclan: "On est parti, on commence".

Un portable belge, localisé sur plusieurs lieux des attentats ce soir-là, intrigue les enquêteurs. "A priori, il n'aurait pas été utilisé par un membre des commandos", selon une source proche de l'enquête.

Les enquêteurs peinent par ailleurs à remonter la trace des armes utilisées d'origine serbe, bulgare et chinoise.

- Qui reste-t-il à identifier? -

Six des neuf assaillants morts le soir des attaques ou lors de l'assaut de Saint-Denis ont été identifiés.

Reste à mettre un nom sur deux des trois kamikazes du Stade de France, venus de Syrie avec de faux passeports dans la masse des migrants. Le troisième homme mort le 18 novembre à Saint-Denis, qui a probablement participé aux tueries, est en cours d'identification.

Au moins sept des auteurs sont passés par la Syrie. Comment ont-ils regagné l'Europe, notamment Abaaoud connu comme le loup blanc des services? Combien se sont mêlés aux réfugiés pour entrer dans l'espace Schengen?


 

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