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Coronavirus: pourquoi n'y a-t-il aucun mort et peu d'hospitalisations dans les pays scandinaves?

Coronavirus: pourquoi n'y a-t-il aucun mort et peu d'hospitalisations dans les pays scandinaves?
 
CORONAVIRUS
 

"Le sentiment d'avoir vu tous les James Bond": cloîtré chez ses parents depuis qu'il a été testé positif, Viktor Andersson tue le temps en regardant des films comme bon nombre d'autres Scandinaves pour qui le coronavirus se résume pour l'instant à une fastidieuse quarantaine.

Avec un millier de cas constatés, les pays nordiques n'échappent pas à l'épidémie qui domine depuis des semaines l'actualité planétaire, confine des populations entières, fait planer des risques de récession économique et affole les marchés financiers. Mardi, la maladie avait déjà tué plus de 4.250 personnes sur quelque 117.000 cas d'infection connus à travers le monde, Chine, Italie, Corée du Sud, Iran et France étant les plus touchés.

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Mais en Europe du Nord, personne n'a succombé à ce jour à la maladie, pourtant décrite comme plus mortelle que la grippe saisonnière qui, elle, fait des centaines de victimes dans la région chaque année.

De Reykjavik à Helsinki, l'immense majorité des porteurs du virus ont, comme Viktor, bon pied bon oeil. Et ils attendent, assignés à domicile, de ne plus être jugés contagieux pour pouvoir reprendre une vie normale.

"Je ne suis pas censé sortir de la maison, sauf pour des promenades dans le voisinage au cours desquelles je dois éviter d'approcher les gens", témoigne le jeune Suédois de 22 ans.

Confiné chez ses parents à Karlstad (sud-ouest) jusqu'à ce que deux tests successifs le déclarent guéri, cet athlétique joueur de hockey a probablement contracté le virus dans un aéroport lors d'une virée entre copains à Amsterdam.

"Je regarde plein de films. J'ai le sentiment d'avoir vu tous les James Bond. Et je joue beaucoup aux cartes avec mes parents. Il faut bien trouver des choses pour s'occuper", confie-t-il à l'AFP.

Si vous comparez avec l'Italie par exemple, où une majorité des personnes infectées sont très vieilles, (...) ça montre que (la maladie) n'est pas dangereuse pour les jeunes en bonne santé mais qu'elle peut être très grave pour les anciens

Sur les 76 cas détectés en Islande, aucun n'a nécessité d'hospitalisation.

En Norvège, seule une poignée des 277 personnes contaminées ont été hospitalisées.

C'est, selon les experts, surtout le résultat d'un ensemble de facteurs démographiques et sanitaires qui font la bonne réputation des pays nordiques.

"Une population globalement saine et vaccinée contre les maladies, un système de santé gratuit, peu de tabagisme et de fumées industrielles...", énonce Øystein Olsvik, professeur de microbiologie médicale à l'université de Tromsø (nord de la Norvège)."La population scandinave est généralement moins vulnérable à cette forme de maladie qui peut se développer dans les zones densément peuplées de Chine" , affirme-t-il.

C'est aussi le signe que l'épidémie dans la région n'en est encore qu'à ses débuts, frappant souvent une catégorie spécifique de la population, celle qui voyage.

Les Scandinaves ayant été testés positifs à ce stade sont généralement assez jeunes (44 ans en moyenne en Norvège) et bien portants, contaminés lors d'un séjour de ski en Italie ou en Autriche.

"Si vous comparez avec l'Italie par exemple, où une majorité des personnes infectées sont très vieilles, (...) ça montre que (la maladie) n'est pas dangereuse pour les jeunes en bonne santé mais qu'elle peut être très grave pour les anciens", fait valoir Johan von Schreeb, professeur de médecine de catastrophe à l'Institut Karolinska de Stockholm.

Et puis, un vieillard scandinave est généralement en meilleure santé que la moyenne.

"Quand on a 80 ans en Chine, on est très vieux, tandis qu'un octogénaire norvégien peut faire Birken (une célèbre course de ski de fond) ou rallier Oslo à Trondheim en vélo", observe le professeur Olsvik.

Testés ou non, les voyageurs de retour des zones à risque sont invités à observer deux semaines de quarantaine à leur domicile.

Et les autorités sanitaires mettent le paquet sur le dépistage pour déceler la maladie à un stade précoce, quitte à gonfler les statistiques avec beaucoup de porteurs sains.

"On diagnostique ces cas peut-être un ou deux jours seulement après les premiers symptômes, qui sont extrêmement bénins", explique l'adjoint au directeur de la Santé en Islande, Kjartan Hreinn Njalsson. "Donc, ces personnes sont ensuite très soucieuses de leur santé, sont en contact étroit avec leur médecin et reçoivent beaucoup de conseils sur ce qu'elles doivent faire".

A Oslo, à Stockholm, ou à Aarhus (Danemark), on peut se faire tester depuis sa voiture dans un "drive-in". L'Islande, elle, prévoit un programme de dépistage national pour déterminer l'étendue exacte du virus.

Mais l'Europe du Nord sait qu'elle n'est pas à l'abri.

Quand, comme c'est quasi inévitable, le virus finira par se répandre dans toutes les strates de la population, les capacités hospitalières, notamment les unités de soins intensifs, risquent elles aussi d'être débordées. Et le bilan humain de devenir nettement plus alarmant.


 

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