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Coronavirus: en difficulté, Trump change de ton et reconnaît la gravité de la situation

 
 

A la peine dans les sondages à bientôt cent jours de la présidentielle, critiqué pour sa gestion du coronavirus, Donald Trump a tenté mardi de reprendre la main en reconnaissant la gravité de la crise sanitaire.

"Cela va sûrement, malheureusement, empirer avant de s'améliorer. Je n'aime pas dire ça mais c'est comme ça", a déclaré le président des Etats-Unis à la Maison Blanche, où il a renoué pour la première fois depuis fin avril avec les conférences de presse sur le Covid-19, appelées à redevenir régulières, comme au plus fort de la pandémie.

"Ces dernières semaines, nous avons observé une hausse inquiétante des cas dans de nombreuses régions de notre Sud", a-t-il ajouté, évoquant de "gros incendies" et même une "situation très difficile" en Floride, un Etat gouverné par un de ses proches alliés où il a prévu de tenir dans un mois la convention censée lancer la dernière ligne droite de sa campagne.

Après une amélioration vers la fin du printemps, l'épidémie a repris de plus belle dans le pays, déjà le plus endeuillé au monde avec 141.800 morts. Le nombre de cas explose -- plus de 60.000 par jour depuis une semaine, pour un total de 3,88 millions depuis le début de la pandémie -- et les décès quotidiens sont aussi repartis à la hausse -- plus de 700 par jour en moyenne.

La situation est particulièrement inquiétante dans des Etats du Sud comme la Californie, la Floride ou le Texas, souvent contraints d'imposer des restrictions à rebours du déconfinement.

Jusqu'ici, Donald Trump avait tenté coûte que coûte de tourner la page du Covid-19. Pressé de relancer l'économie ainsi que sa campagne pour la présidentielle du 3 novembre, il avait été accusé d'être dans le déni face à la flambée du coronavirus.

Mais après un meeting raté à Tulsa, dans l'Oklahoma, en juin, devant un auditoire clairsemé, la progression de l'épidémie ne lui a pas permis de continuer avec les grandes réunions publiques qu'il affectionne.

- Changement de stratégie -

Pendant ce temps-là, son adversaire démocrate Joe Biden, qui ne se déplace pourtant que précautionneusement sur le terrain, est considéré comme plus compétent pour faire face aux multiples crises que traversent les Etats-Unis.

Il creuse l'écart dans les sondages: si l'élection avait lieu aujourd'hui, il l'emporterait haut la main, à en croire les intentions de vote.

Changement de stratégie donc pour le président.

Si Donald Trump a vanté sa gestion du virus, maintenu qu'il allait finir par "disparaître", et salué avec enthousiasme les avancées vers un vaccin, il a aussi pour la première fois clairement recommandé le port du masque.

"Nous demandons à tout le monde de porter un masque quand la distanciation physique n'est pas possible", a-t-il lancé, sortant de sa poche sa propre protection, qu'il n'a pourtant endossée en public qu'une fois, le 11 juillet, soit plusieurs mois après le début de la pandémie.

"Que vous aimiez les masques ou pas, ils ont un impact", a-t-il plaidé, alors qu'il est accusé d'avoir lui-même attisé les braises de la résistance en défendant jusqu'ici la "liberté" individuelle en la matière.

Il est même allé jusqu'à "implorer" les jeunes d'"éviter les bars bondés", un ton alarmiste abandonné depuis plusieurs semaines.

Dans son propre camp républicain, plusieurs gouverneurs en première ligne pour endiguer la maladie et de nombreux élus aux prises avec des élections parlementaires délicates en novembre appelaient le président à évoluer sur le masque et, au-delà, à refaire de la lutte contre l'épidémie une priorité.

Seul face aux journalistes -- et donc sans être accompagné de son respecté conseiller en immunologie Anthony Fauci qu'il a accusé d'être trop "alarmiste" --, Donald Trump est resté relativement sobre.

Contrairement aux interminables "briefings" du printemps, il a maîtrisé la durée de sa conférence de presse, qui a duré moins d'une demi-heure.

Surtout, il ne l'a pas transformée en meeting de campagne ou en diatribe anti-Biden, comme il l'avait fait mi-juillet lors d'une intervention officiellement consacrée à la Chine.

Pour cela, à défaut de pouvoir battre les estrades, il lui reste Twitter, où il a accusé mardi la "gauche radicale" de prévoir de "grosses hausses d'impôts".

Mais Donald Trump a terminé en promettant de tenir de telles conférences de presse "assez souvent", et d'aborder aussi "d'autres sujets, notamment économiques".


 

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