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A Calais, les dons de l'étranger aux migrants affluent

A Calais, les dons de l'étranger aux migrants affluent
De l'aide distribuée par l'association L'Auberge des migrants le 8 août 2015 à CalaisPHILIPPE HUGUEN
 
 

Il a débarqué à Calais venant de sa paroisse de Basildon, à l'est de Londres. Dans sa camionnette, le père Dominic a entassé 130 paires de baskets, des sacs de couchage, des blousons pour aider les migrants de la "jungle", non loin du port, à passer l'hiver.

"Nos paroissiens ont été très généreux, ils voient bien qu'il y a une crise ici et ils veulent y répondre", assure ce prêtre catholique au col blanc amidonné.

A l'entrée du camp, il s'arrête distribuer des brosses à dents et du dentifrice, suscitant vite un petit attroupement. Environ 3.000 migrants, des Soudanais, des Erythréens, des Afghans ou des Syriens vivent actuellement à Calais et dans sa périphérie.

De mémoire d'association humanitaire locale, on n'a jamais vu autant de dons arriver de l'étranger, surtout de la Grande-Bretagne voisine, la terre promise des migrants.

"Tous les jours! On en reçoit tous les jours. D'Angleterre, mais aussi de Belgique, d'Irlande", confie Maya Konforti, de l'association L'Auberge des migrants et figure de l’aide humanitaire à Calais. Des dons qui dépassent de loin ceux des Français, selon elle.

Le déclic? La photo du petit Aylan, l'enfant syrien mort noyé en Méditerranée, sans aucun doute. Mais pas seulement: "La mobilisation a commencé une dizaine de jours avant, certains Anglais sont venus sur la jungle passer deux-trois jours parce qu'ils avaient l'impression qu'à la télévision, à la radio, on ne leur donnait pas les vraies informations. Alors, ils sont venus pour en avoir le coeur net", assure Maya.

Aujourd'hui, cette bénévole dynamique ne sait plus où donner de la tête et regrette un peu que cette aide ne soit souvent pas assez organisée. "On a même reçu des talons hauts, comment voulez-vous marcher avec ça dans la jungle?", raconte-t-elle.

- Amine a "sauté dans la mer" -

Dans les allées du camp, organisé en véritable petite ville, avec ses gargotes, sa mosquée, son église, on croise de nombreux volontaires étrangers.

Tim, un étudiant en droit britannique, a installé à l’entrée des lieux une caravane colorée, baptisée "Agence de voyageurs". Avec une amie, il aide les migrants dans leurs démarches administratives.

Sur leur caravane, ils ont placardé de nombreux conseils en anglais et en arabe. Par exemple: comment agir si l'on est arrêté par la police? "Beaucoup de contre-vérités circulent dans le camp, sur les moyens d'aller en Angleterre par exemple, on essaie de leur expliquer ce qui est faux ou pas", souligne ce jeune homme blond, qui compte rester plusieurs semaines sur le camp.

A quelques mètres de là, une autre Britannique, Liz, distribue des chaussures depuis l'arrière de son camion. Sytse en Marlies, un volontaire néerlandais d’une cinquantaine d'années, l'aide à organiser la file d'environ 200 migrants qui s'est rapidement formée.

"Je veux vraiment faire preuve de solidarité et d'humanité envers toutes ces personnes qui cherchent désespérément un endroit sûr où vivre", confie-t-il.

Avant de quitter la jungle, le père Dominic tient à aller prier dans l'église de fortune construite il y a six mois par des migrants chrétiens. Avec ses bâches blanc immaculé en guise de murs et ses images du christ et de la vierge, elle a tout d'un vrai lieu de prière. Ici, on a surtout besoin de fioul pour alimenter les générateurs. Et d'argent liquide pour acheter de quoi cuisiner des plats africains.

Mais l'aide humanitaire ne fait pas tout. Car, comme tous sur le camp, Amine, un migrant afghan de 20 ans, n'a qu'un souhait: rejoindre l'Angleterre. Alors il se fiche un peu des chaussures et du dentifrice. La veille, il explique être "devenu fou": "J'ai sauté dans la mer, je voulais monter sur un ferry, mais j'ai eu si froid, et je n'ai pas réussi".


 

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