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Une histoire d'épluchures: mis à pied par La Redoute pour avoir mangé une clémentine, un salarié va en justice

Une histoire d'épluchures: mis à pied par La Redoute pour avoir mangé une clémentine, un salarié va en justice
© Pixabay
 
 

"Reflet d'un contrôle poussé à l'extrême" ou "sanction graduée"? Un représentant syndical de l'entreprise de vente à distance La Redoute a contesté jeudi aux prud'hommes de Roubaix (Nord) sa mise à pied pour avoir mangé une clémentine près de son poste de travail.


Une question d'épluchures...

Le 7 novembre 2017, ce préparateur de commande représentant CGT, entré à La Redoute en 2004, s'est levé à 04H30 pour prendre son poste au site de logistique de Wattrelos à 06H00 et a mangé une clémentine peu avant 09H00.

Il était à son poste de "picking", où les salariés alignés sur une chaîne de production prennent dans des bacs les marchandises importées et les scannent pour les envoyer aux clients - à raison de 600 gestes à l'heure selon la CGT - lorsqu'une "micro-panne" aurait arrêté la chaîne.

Selon son avocate, il s'est alors reculé pour s'asseoir sur un banc et manger son fruit, en dehors du temps de pause prévue de 10H00 à 10H20, puis "faute de poubelle", a pris "diligemment" les épluchures avec lui et les a posées sur son poste. L'agente de maîtrise les repère: il sera mis à pied une journée, perdant 70 euros brut de salaire.

"Etait-ce proportionné aux faits reprochés? Non", a avancé lors de l'audience son avocate Me Aurélie Bertin, pour qui cette affaire "symbolise" la "déshumanisation" des conditions de travail du nouvel entrepôt de logistique "Quai 30", depuis la restructuration de l'entreprise et les 1.200 licenciements en 2014.


... qui auraient pu provoquer une "détérioration de la chaîne", selon la direction

La direction soutient que le salarié a mangé à son poste, enfreignant le règlement intérieur, et faisant courir le risque, à cause des épluchures et du jus, d'une "détérioration potentielle de la chaîne".

"Ce n'est pas anecdotique", a souligné l'avocate de l'entreprise Me Noémie Dupuis, pour qui la sanction est "graduée."

Elle a également rappelé qu'il "s'est permis de quitter son poste le 17 septembre 2017 pour aller chercher des sucreries en salle de pause" pendant ses heures de travail et "fait preuve d'intempérance" envers sa supérieure.


L'entreprise déjà condamnée

Mi-juin, ce même conseil des prud'hommes a condamné La Redoute pour avoir retenu sur salaires le temps de déplacement jusqu'au lieu de pause, distant de 4 à 5 minutes des espaces de production.

En 2017, les Galeries Lafayette ont racheté 51% du capital de la Redoute avec une option pour monter à 100% à terme.

Le jugement sera rendu le 14 novembre.


 

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