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A Marseille, les enquêtes se poursuivent après les agressions d'un enseignant juif et d'une femme voilée

A Marseille, les enquêtes se poursuivent après les agressions d'un enseignant juif et d'une femme voilée
Périmètre de sécurité à Marseille après l'agression d'un enseignant juif, le 18 novembre 2015BORIS HORVAT
 
 

La police recherchait toujours jeudi à Marseille les agresseurs d'un enseignant juif, rentré chez lui "en état de choc" après avoir été blessé mercredi soir au couteau par trois hommes se revendiquant de Daech, au lendemain de l'agression d'une jeune femme voilée.

"Nous devons être d'une terrible, impitoyable même, réaction parce que c'est l'ensemble de la communauté nationale qui est concernée", a réagi jeudi le président de la République François Hollande, après ces deux agressions.

Vers 20H00 mercredi, un professeur d'une école juive de Marseille a été agressé au couteau par trois hommes. Selon le récit de l'enseignant, Tsion Sylvain Saadoun, un scooter l'a accosté et a demandé la localisation d'une rue.

"Ils m'ont demandé si j'étais juif ou musulman. Et quand j'ai dit que j'étais juif, ils se sont rués sur moi et m'ont jeté à terre, en me disant qu'ils allaient me faire souffrir et me tuer", a raconté le quinquagénaire à un journaliste de l'AFP.

Ils l'ont "tailladé avec deux couteaux" et lui ont montré une photo de Mohamed Merah et un tee-shirt de Daech. "Puis un troisième homme est arrivé avec un autre scooter et a filmé la scène". Ces agresseurs étaient de "jeunes adultes d'une vingtaine d'années".

L'enseignant, qui portait une kippa, se rendait de son domicile à la synagogue du centre communautaire Yavné pour une conférence lors de l'agression.

Jeudi, l'homme arborait de nombreuses plaies superficielles sur les bras, les jambes et le ventre. Selon lui, il n'a dû son salut qu'à une voiture, qui a tourné dans la rue non éclairée, provoquant la fuite de ses agresseurs.

"Je me garde de faire un amalgame entre communauté musulmane et terrorisme", a-t-il assuré à l'AFP, soulignant n'avoir jamais rencontré de problèmes depuis 30 ans, dans ce quartier "pluriculturel" du Nord de Marseille.

- 'Pas l'esprit de Marseille' -

Mardi soir (BIEN mardi), une femme arborant un hijab, un voile laissant apparaître le visage, avait été agressée à la sortie d'une bouche de métro dans le centre de Marseille par un homme lui reprochant, selon ses déclarations, d'être une terroriste.

L'agresseur, âgé d'une vingtaine d'années, aurait fait référence aux signes religieux de la jeune femme, avant de lui asséner un coup de poing et de la blesser légèrement au thorax avec un objet pouvant être un cutter.

Dans le cas de l'enseignant juif comme dans celui de l'agression de la jeune femme voilée, les enquêteurs de la sûreté départementale, à qui ces deux enquêtes distinctes ont été confiées, mettent "tout en oeuvre" pour identifier et interpeller les auteurs de ces faits, a indiqué la DDSP à l'AFP.

Des images de vidéosurveillance pourraient notamment être exploitées, a souligné le maire Les Républicains de Marseille Jean-Claude Gaudin, après une réunion - prévue après les attentats parisiens, mais avant les agressions marseillaises - avec des dignitaires religieux.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a ainsi rappelé "la détermination totale du gouvernement à combattre toute forme de racisme et d’antisémitisme, et à réprimer sévèrement l'apologie du terrorisme" et le préfet de police des Bouches-du-Rhône Laurent Nuñez a promis "la plus grande détermination" des forces de l'ordre.

Les agressions ont fortement ému les deux communautés. "Je me sens découragée", a réagi la présidente du Crif Marseille-Provence Michèle Teboul pointant la "haine" de certaines personnes: "J'en appelle aux autorités. Il se passe des choses dans certaines mosquées (...) on sait où elles sont, alors allons-y."

"On ne peut pas accepter, parce qu'il y a eu ces attaques, ce carnage, qu'on en profite pour rendre les musulmans responsables de ce qu'il s'est passé", a déclaré de son côté le secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM) et président de l'observatoire de l'islamophobie Abdallah Zekri.

"Ce n'est pas l'esprit de Marseille: Marseille est un port depuis 2.600 ans révolus, Marseille a toujours été habituée à l'étranger, Marseille doit avoir ce respect, plus que dans d'autres villes", a quant à lui plaidé Jean-Claude Gaudin.


 

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