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Retraites: un rétablissement fragile

 
 

Le régime des retraites de la Sécurité sociale se portera mieux l'année prochaine, avec un léger excédent. Mais à plus long terme, l'équilibre reste fragile et l'avenir des retraites complémentaires reste très préoccupant.

Pour la première fois depuis 2004, la branche vieillesse serait en "léger excédent" en 2016, s'est félicitée jeudi la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, lors de la présentation du projet de financement de la Sécurité sociale.

Selon la Commission des comptes, le déficit de la branche retraite de la Sécurité sociale se réduirait en 2015 pour atteindre 600 millions d'euros. Elle devrait même aboutir à "un léger excédent en 2016", une situation qui n'était pas arrivée depuis 2002.

Le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans contenu dans la réforme de 2010 de Nicolas Sarkozy explique le phénomène, relève dans son rapport la Commission des comptes.

S'ajoute à cela la réforme de 2013 prévoyant notamment l'augmentation progressive des cotisations vieillesse, acquittées par les salariés et les entreprises, avec un gain espéré de 4,4 milliards d'euros à horizon 2020. Les mesures permettant de cumuler emploi et retraites et donc de rester davantage en activité ont également conduit à assainir les comptes, soulignait jeudi la ministre.

- "Un déficit transféré d'une caisse à l'autre" -

Eric Aubin (CGT) relativise ces bons résultats. "La réforme de 2010 a coûté très cher à l'assurance chômage, plus de trois milliards", selon lui. "On oublie que 50% des salariés qui partent à la retraite ne sont plus en activité. On a transféré le déficit d'une caisse à l'autre", souligne-t-il, en rappelant qu'"avec le plein emploi, le financement de la protection sociale ne serait pas un problème".

Le régime a également tiré profit de l'absence de revalorisation des pensions, en raison d'une très faible inflation, relève la commission.

Son équilibre reste toutefois fragile et la branche devrait de nouveau accuser un déficit estimé à 100 millions d'euros dès 2019.

Il y a un "très léger retour à un résultat négatif (...), mais qui doit se résorber" avec l'allongement de durée des cotisations pour une retraite à taux plein, a tenté de rassurer le secrétaire d'Etat chargé du budget, Christian Eckert.

La loi de 2013 prévoit en effet un allongement progressif de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein à 43 ans en 2035 (contre 41,5 ans actuellement). Une mesure qui ne doit intervenir qu'à partir de 2020.

Autre point noir, l'avenir incertain des régimes complémentaires, Agirc (cadres) - Arrco (tous les salariés), qui représentent un tiers de la pension totale des salariés non cadres, et peut aller jusqu'à 60% pour les cadres.

Syndicats et patronat ont rendez-vous le 16 octobre pour tenter de trouver un accord pour résorber les déficits.

Avec la crise économique, l'arrivée des papy boomers à la retraite et le chômage de masse, les deux régimes ont vu en 2014 leurs comptes se creuser à - 1,985 milliard pour l'Agirc et - 1,153 milliard pour l'Arrco. Si rien n'est fait, leurs réserves s'épuiseront d'ici à 2018 pour le premier, à 2027 pour le second.

Les partenaires sociaux s'opposent sur les leviers à retenir pour rétablir la situation: augmentation des cotisations patronales, abattement sur les pensions avant 65 ans, fusion des deux régimes...

"Les régimes complémentaires ont été très bien gérés", fait valoir Jean-Louis Malys, représentant CFDT, mais "ce qu'on n'avait pas anticipé, c'est l'aggravation de la situation économique avec une diminution de la masse salariale", qui permet d'alimenter ces caisses.


 

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