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Pourquoi la surprise François Fillon est une très mauvaise nouvelle pour Alain Juppé

Pourquoi la surprise François Fillon est une très mauvaise nouvelle pour Alain Juppé
 
 

Après la défaite cuisante de Nicolas Sarkozy, la campagne pour la primaire de la droite reprend ce lundi. Place au duel entre François Fillon -plébiscité au premier tour à la surprise générale et désormais grand favori- et un Alain Juppé distancé qui aura du mal à rattraper son retard.

Avec plus de 44% des suffrages, François Fillon est l'éclatant vainqueur du premier tour. Longtemps distancé dans les sondages, auteur d'une fulgurante remontée dans les 2 dernières semaines, l'ancien Premier ministre est arrivé en tête dans 87 départements. Outre celui de M. Sarkozy, auquel il a rendu hommage, le député de Paris a également enregistré le ralliement d'un autre naufragé du scrutin, Bruno Le Maire (2,4%).

Le Sarthois devance très largement Alain Juppé (28,6%). M. Juppé n’a lui enregistré le ralliement que de Nathalie Kosciusko-Morizet (2,6%). Les deux derniers du premier tour, Jean-Frédéric Poisson (1,5%) et Jean-François Copé (0,3%), ne se sont pas encore prononcés.

Les deux hommes en découdront directement jeudi soir lors d'un ultime débat télévisé.


Juppé surpris: c’était plus facile de combattre Sarkozy

Favori des sondages depuis deux ans, Alain Juppé, 71 ans, qui avait capitalisé sur l'anti-sarkozysme, se retrouve donc au second tour dans une mission quasi-impossible face à un homme qu'il n'avait pas vu arriver dans son rétroviseur.

"Ce n'est pas la configuration qu'on attendait", lâche un soutien du maire de Bordeaux, devant les quelque 16 points de retard de son champion. "Il faut qu'on remobilise au second tour", ajoute-t-il alors que "le repoussoir Sarkozy" n'est plus là. "C'est très compliqué", lâchait un autre juppéiste. "Le meilleur agent électoral de Juppé c'est Sarkozy", a longtemps expliqué un ancien ministre, le sage et sérieux contre l'agité, des personnalités si opposées.

Le maire de Bordeaux, dans une déclaration depuis un café du XVeme arrondissement, a expliqué qu'il allait "continuer le combat", "projet" contre "projet". Alors que des rumeurs ont circulé dimanche soir sur son éventuel désistement avant même le second tour, il a promis pour dimanche prochain "une autre surprise".

Incrédule devant les sondages qui mesuraient une remontée de Fillon, mais saluant "le boulot et la cohérence" de ce dernier, un de ses proches expliquait la semaine dernière qu'il ne croyait "pas qu'on passe de 10 à 30 en deux semaines". "Fillon a un avantage, la dynamique est considérable", faisait valoir un ancien ministre centriste auprès de l'AFP. 


Juppé n’a pratiquement pas attaqué Fillon jusqu’ici

"Il a été négligé par ses adversaires. Reste une semaine pour convaincre ... ce sera bref mais intense", prédit un soutien de Juppé.

Les deux hommes ont des points communs. "François Fillon et Alain Juppé incarnent le sérieux, la crédibilité", faisait remarquer un élu récemment. Et François Fillon, 5 ans Premier ministre de Nicolas Sarkozy, avait apparemment la tâche plus difficile pour se décoller du bilan de l'ancien chef de l'Etat. Un des 7 candidats l'affirmait: "Fillon, il coulera avec Sarkozy". Il n'en a rien été.

Durant la campagne, Alain Juppé avait juste lancé quelques piques à François Fillon, qui l'accusait de ne proposer que de la "tisane" pour résoudre les problèmes de la France: "Attention à la vodka", avait rétorqué le maire de Bordeaux, en allusion au programme de son adversaire, considéré comme le plus libéral. Alors, il veut rassembler "autour des réformes crédibles" et "équitables" et "des réformes modernes qui préparent l'avenir, plutôt que de cultiver la nostalgie" du passé.


Les supportes de Juppé commencent désormais à critiquer le programme de Fillon

Les soutiens juppéistes commencent désormais à décocher leurs flèches. "Je suis frappé par les incohérences du projet économique de François Fillon, inquiet de ses orientations diplomatiques. Sa proximité avec Poutine est contraire aux intérêts de la France et à ceux des chrétiens d'Orient", a par exemple lâché le député Hervé Mariton.

Autre angle d'attaque à prévoir: le très ambitieux programme économique de M. Fillon et son objectif revendiqué de supprimer 500.000 postes de fonctionnaires au cours du prochain quinquennat. "Le programme le moins crédible", cinglait dès la semaine dernière le maire de Bordeaux. Le programme de M. Fillon, "les Français ne le connaissent pas". "Il a pris 30 points en 15 jours (...), en une semaine on peut reprendre les 15 points en question", a assuré le député Benoist Apparu. Le camp Juppé compte bien batailler contre un projet "très conservateur" aussi au niveau sociétal.


Juppé part perdant dans les sondages

Un sondage Opinionway diffusé dimanche soir donnait M. Fillon vainqueur à 54% face à M. Juppé (46%) en cas de duel au second tour. "Après s'être tous trompés, ils ont déjà décidé qui serait le vainqueur. Nous allons les démentir à nouveau", a tweeté Gilles Boyer, directeur de campagne d'Alain Juppé.

"François Fillon a pris 30 points en quinze jours, 15 points d'écart, ça veut dire que c'est la moitié des quinze jours, en une semaine on peut prendre les quinze points en question", explique un de ses lieutenants député Benoist Apparu.


15% des votants sont de gauche et 8% d’extrême-droite

En attendant les résultats définitifs qui seront connus lundi en fin de matinée, la première primaire ouverte de l'histoire de la droite française est déjà un succès de participation. Près de 4 millions de votants ont pris part à la consultation, selon les chiffres de la Haute autorité portant sur 9.497 des 10.229 bureaux de vote. En 2011, le premier tour de la primaire socialiste avait réuni, 2,66 millions de participants.

Selon le même institut, 63% des votants sont des sympathisants de la droite et du centre, contre 15% de sympathisants de gauche, 14% affirmant n'avoir aucune sympathie particulière et 8% de sympathisants du Front national.

La gauche et le FN, justement, ont commencé à réorienter leurs attaques vers M. Fillon. Le secrétaire d'Etat Jean-Marie Le Guen voit en lui le tenant d'une "thatchérisation de la droite". Pour le FN, le directeur de campagne de Marine Le Pen David Rachline a brocardé un "programme économique délirant". Avec Mme Le Pen, "le débat sera clair et net", a renchéri Florian Philippot, numéro 2 du FN. La gauche pourrait en effet être éliminée dès le premier tour de la présidentielle en avril 2017, laissant place à un duel au second tour entre le champion de la droite et la présidente du FN, Marine Le Pen.


 

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