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Mort de six légionnaires dans une avalanche: jugement vendredi pour quatre gradés

Mort de six légionnaires dans une avalanche: jugement vendredi pour quatre gradés
Des soldats portent les cercueils des six légionnaires emportés par une avalanche, le 26 janvier 2016 à Saint-Christol, dans le VaucluseANNE-CHRISTINE POUJOULAT
 
 

Ils risquent jusqu'à un an de prison: deux capitaines et deux adjudants vont connaître leur jugement vendredi à l'issue du procès tenu en octobre pour leur responsabilité dans la mort en 2016 de six légionnaires emportés par une avalanche en Savoie.

Lors de l'audience, le procureur du tribunal correctionnel de Lyon siégeant dans sa formation militaire avait jugé "accablantes" les conclusions de l'enquête contre ces gradés du 2e régiment étranger de génie (REG) de Saint-Christol (Vaucluse), pourtant titulaires du diplôme de chef de détachement de haute montagne.

Manque de préparation, méconnaissance des lieux, objectif final mal défini, "considérable erreur" de topographie et d'itinéraire, sous-estimation du risque d'avalanche, absence de consultation des spécialistes locaux...

"Ils ont eu tout faux" lors de cette sortie tragique, avait-il résumé, pointant la "faute caractérisée" des quatre officiers et sous-officiers du régiment étranger appartenant à la 27e Brigade d'infanterie de montagne (BIM).

Ce 18 janvier 2016, la randonnée à ski organisée sur les hauteurs de Valfréjus (Savoie) dans le cadre d'un stage de montagne est brusquement interrompue par une grosse coulée de 400 mètres de large sur 300 mètres de dénivelé, qui balaye 18 soldats.

Cinq légionnaires - un Albanais, un Malgache naturalisé Français, un Italien, un Moldave, un Népalais - meurent sur le coup. Un sixième, un Hongrois, décèdera une semaine plus tard. Sept autres soldats ont été blessés, mais seulement neuf parties civiles se sont constituées au procès.

Jugeant notamment que les gradés avaient ignoré un risque d'avalanche "marqué" de 3 sur une échelle de 5, le ministère public a requis pour homicides involontaires et blessures involontaires trois ans d'emprisonnement assortis de sursis contre l'un des capitaines, et trois ans d'emprisonnement dont deux seulement avec sursis pour l'autre officier en raison d'une précédente condamnation pour violences conjugales.

"Nous attendons la relaxe. Mon client n'a aucune responsabilité. Il a défini l’itinéraire mais il n'était pas là au moment de l'accident" pour donner l'ordre de changer de route, a commenté à l'AFP Me Xavier Chantelot, avocat du premier capitaine, aujourd'hui commandant avec une nouvelle affectation.

Des peines moindres de deux ans d'emprisonnement avec sursis ont été requises contre les deux adjudants, dont l'un, aujourd'hui adjudant-chef, avait déclenché l'avalanche avec le groupe de tête. Au procès, les prévenus appelés à la barre s'étaient rejeté la responsabilité de l'erreur d'itinéraire à l'origine de l'avalanche.

"Vouloir s'exonérer ainsi alors qu'on a causé la mort de nombreux légionnaires après de multiples erreurs, cela ne peut que laisser interrogatif", estime Me Sylvain Carmier, avocat d'un légionnaire marocain naturalisé français, désormais handicapé et réformé de l'armée après l'accident.

De son côté, Me Jean-Michel Quillardet, avocat d'un soldat ukrainien blessé, a estimé que les "réquisitions correspondent à la situation". "On n'a pas demandé (la) mort sociale (des gradés mis en cause) mais une sanction exemplaire" pour la Légion, a-t-il expliqué.


 

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