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Mondiaux d'escrime: à presque 68 ans, Levavasseur toujours passionné d'épée et de Chine

Mondiaux d'escrime: à presque 68 ans, Levavasseur toujours passionné d'épée et de Chine
La Chinoise Sun Yujie (d) face à la hongkongaise Chui Ling Yeung en quart de finale à l'épée aux Jeux asiatiques, le 22 septembre 2014 à Incheon (Corée du Sud)Roslan Rahman
 
 

A presque 68 ans, le Français Daniel Levavasseur, mentor de Laura Flessel, poursuit son "histoire d'amour" avec la Chine, pays qu'il a élevé au rang de nation forte à l'épée chez les dames, avec dans le viseur les Jeux de Rio en 2016.

Mercredi lors de l'épreuve individuelle des Championnats du monde à Moscou, ses filles emmenées par Sun Yujie (N.6 mondiale) tenteront de briser l'hégémonie européenne des Roumaines, Estoniennes et Italiennes, pour rejoindre au palmarès Li Na, qui reste jusqu'à présent la seule championne du monde chinoise à l'épée (en 2011).

Un succès auquel le longiligne et grisonnant Levavasseur a fortement contribué. "J'ai importé l'escrime française, l'épée est vraiment une épée française" en Chine, explique-t-il, lui qui a fait ses classes dans les années 1970 puis 1980 aux côtés du maître d'armes Gilbert Lefin, donnant ses lettres de noblesse à l'épée française.

S'il n'occupe officiellement des fonctions au sein de l'équipe de Chine que depuis 2009, c'est dès la fin des années 1980 qu'il découvre ce pays, lors d'un stage de préparation. Une coopération qui se prolongea après les Jeux de Séoul en 1988.

"Ça va faire 28 ans que je vais là-bas, c'est une question de fidélité. C'est une affaire sentimentale et affective", lance-t-il, évoquant une "histoire d'amour".

A la fin des années 1980, la Chine de l'escrime est balbutiante. Elle a décroché son premier titre olympique à Los Angeles en 1984 avec la fleurettiste Luan Ju-Jie. Mais en épée chez les dames, c'est le néant ou presque. "A l'époque, ils n'étaient pas à un niveau international très fort, loin de là", se souvient Daniel Levavasseur.

- Projet sur la formation -

En charge de l'équipe féminine chinoise depuis 2009 dans la perspective des JO de Londres, il essaie d'inculquer un peu de "créativité" dans la préparation.

Avec lui, fini les séances d'entraînement à rallonge uniquement centrées sur l'escrime. "Il y a des après-midis où l'on va varier les choses, un peu de natation, un volley. Je peux le faire, parce que je ne suis pas chinois. Un entraîneur chinois, il ne peut pas parce qu'il y a le dirigeant au-dessus", avec le poids de tout un système, regrette-il.

Mais c'est surtout dans la stratégie et la tactique qu'il tente de faire bouger les choses. "Pour résumer, je les fais réfléchir", en demandant des retours sur les entraînements. Au début par écrit, parce qu'elles n'osaient pas. Et "depuis deux ans, je commence à avoir des retours verbaux. Ce n'est pas merveilleux, mais elles arrivent à dire des choses".

Après les Jeux de Londres et le titre par équipes, il a également récupéré jusqu'à Rio les Chinoises en individuel, ce qui l'a contraint à mettre de côté ses fonctions au sein de la structure internationale qu'il a montée à Saint-Maur. Et son ancienne élève Laura Flessel a ainsi pris en charge l'une de ses athlètes.

La qualification de son équipe pour les JO de Rio semble quasiment acquise, puisqu'il est bien improbable que la Chine ne finisse pas meilleure nation asiatique dans la course aux tickets. Restera un titre à conserver.

Après, il ne s'interdit rien. "J'ai la passion et j'ai envie de transmettre", précise-t-il avec en projet la création d'un centre de formation pour les entraîneurs. "Et pourquoi pas continuer avec l'équipe..."


 

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