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Gilets jaunes: Emmanuel Macron va appeler les Français à un grand débat national

 
 

Emmanuel Macron publie lundi une lettre aux Français pour les appeler à participer à un grand débat national afin de sortir de la crise des "Gilets jaunes" qui, depuis deux mois, met la pression sur son gouvernement.

Dans sa lettre aux Français, M. Macron affirme que le débat qui sera lancé mardi n'est "ni une élection, ni un référendum", en exhortant "le plus grand nombre" à y participer. Et il promet qu'il "tirera toutes les conclusions" de cette consultation inédite.

Au lendemain d'un neuvième samedi de manifestations des "Gilets jaunes" marqué par un regain de mobilisation, le chef de l'Etat assure que les propositions des Français "permettront de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l’action du Gouvernement et du Parlement, mais aussi les positions de la France au niveau européen et international".

Dans sa longue lettre, le président annonce qu'il "rendra compte directement" de cette consultation, dans le mois qui suivra sa fin, prévue le 15 mars.

Il propose de baliser le débat avec une série d'une trentaine de questions portant sur des thèmes déjà fixés comme la démocratie, la transition écologique, la fiscalité ou l'immigration. Mais assure qu'il n'y aura "pas de questions interdites".

Il pose ainsi la question de fixer des quotas annuels d'immigration, une mesure qu'il n'a jamais proposée.

En revanche, il trace plusieurs lignes rouges en excluant de revenir sur les réformes votées sur la fiscalité sur le patrimoine. Autre point non négociable pour le chef de l'Etat, la remise en cause du droit d'asile.

"J’entends transformer avec vous les colères en solutions", indique-t-il en conclusion de cette lettre, dont il avait annoncé la publication en présentant ses voeux, en pleine crise des "Gilets jaunes".

Le grand débat vient compléter les mesures sur le pouvoir d'achat d'un total de 10 milliards d'euros présentées le 10 décembre par Emmanuel Macron, sous la pression de la rue.

Le président se rendra mardi en Normandie (ouest) pour inaugurer l'exercice.

- "Enfumage" -

Le débat est cependant déjà contesté par de nombreux Gilets jaunes. "Le débat, c'est dans la rue, pas dans une salle ou sur internet", estime par exemple un Gilet jaune à Strasbourg, Jean-Jacques, 59 ans.

Tous les partis ne sont pas prêts à y contribuer non plus. "C'est un enfumage pour un enterrement" de la contestation, selon Danielle Simonnet, une personnalité de la France insoumise (gauche radicale).

"Ce n'est pas à la hauteur des enjeux" et l'exécutif cherche par là à "gagner du temps", critique aussi sur Cnews Wallerand de Saint Just (RN, extrême droite).

A l'inverse, Les Républicains (opposition de droite) vont "essayer d'apporter (leur) soutien à cette consultation" car "nous voulons sortir du chaos", a déclaré la porte-parole Laurence Saillet, tout en émettant "des doutes quant à la méthode".

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux l'assure: "L'idée c'est d'aller partout, dans tous les interstices des territoires et de la République et de n'oublier personne".

"Pour que les gens viennent, il faut qu'il y ait de l'ordre. Et moins de haine", prévient un ministre, selon qui la missive du chef de l'Etat devra donner "un cadre sans donner l'impression d'enfermer".

"Il y a une vraie prise de conscience, rien ne sera pareil après ce grand débat, il doit nous obliger", d'après le secrétaire d'Etat Mounir Mahjoubi.

"L'enjeu est que la lettre montre que le débat peut être utile, peut servir à quelque chose", ajoute un proche du chef de l'Etat.

"Pour la société française", le débat "peut être très important, et bénéfique, même si beaucoup vont essayer de l'entraver", a considéré samedi un responsable du parti centriste MoDem, François Bayrou.

Les modalités de cette consultation doivent être précisées lundi par le Premier ministre, Edouard Philippe.

Le pilotage reste encore à définir, après la défection cette semaine de la présidente de la Commission nationale du débat public, Chantal Jouanno, à la suite d'une polémique sur sa rémunération.

Un "comité de garants" pourrait être installé, possiblement chapeauté par une personnalité comme le Défenseur des droits et ancien ministre, Jacques Toubon, ou le Haut Commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye.

jmt-reb/dch/agr


 

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