Emmanuel Macron, fondateur du mouvement En Marche!, et Marine Le Pen, du parti d'extrême droite Front national, s'affrontent ce mercredi soir lors du débat d'entre deux tours. Un face à face qui s'annonce tendu. Vous pourrez le suivre ce soir sur RTLinfo.be. En attendant, voici l'analyse d'Alba Ventura et de Loïc Farge, nos confrères de RTL France.
L'heure de la dernière confrontation va bientôt sonner. C'est ce mercredi 3 mai à 21 heures qu'a lieu le grand débat d'entre-deux tours entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Cela ne sera pas décisif pour ceux qui ont décidé de voter Emmanuel Macron. Cela ne sera pas décisif non plus pour ceux qui ont décidé de voter Marine Le Pen. Ceux-là ne changeront pas d'avis.
Mais il y a toute une masse de Français qui ne savent s'ils vont aller voter, ou bien qui ne savent pas pour qui. Ou qui disent qu'ils vont voter blanc, mais qui pourraient finalement voter pour un des deux candidats. Ce débat peut soit les décider, soit les confirmer dans leur non-choix. Cela va être tout l'enjeu pour les deux candidats: convaincre les indécis et les abstentionnistes.
Deux attitudes distinctes
Le débat de l'entre-deux tours, on en connait de très célèbres. C'est tout à la fois de la dramaturgie, de la domination, de la sincérité et du rapport de forces. Le comportement et la psychologie jouent beaucoup, évidemment. On est dans un combat. On ne sait pas si ce sera un combat de catch ou un combat de judo, mais ça promet d'être âpre. On en a eu un avant-goût par meetings interposés.
Marine Le Pen, on le sait, est tout sauf calme et apaisée. Elle va vouloir bousculer Emmanuel Macron, elle va vouloir le pousser dans ses retranchements, pour mettre le doute chez les abstentionnistes. On sait que le registre de Marine le Pen, c'est d'être plutôt cash. Mais être cash et agressive, ce n'est pas la même chose.
Emmanuel Macron, lui, va devoir faire front (sans mauvais jeu de mot). Il va devoir être ferme, mais pas arrogant, pas supérieur, et puis surtout ne pas perdre ses nerfs. Car on a vu qu'il avait tendance à s'agacer, dès qu'il est face à l'injustice ou à des attaques déplacées. Elle va chercher à prendre l'ascendant sur lui, lui va chercher à prendre de la hauteur et de l'étoffe.
Attendus aussi sur le fond
On les attend aussi beaucoup sur le fond. Dans un débat il y a l'attitude qui compte, les convictions que l'on fait passer. Mais il y a aussi et surtout le projet de société qui va être déterminant. On a deux visions très opposées. Il va falloir, par exemple, que Marine le Pen nous dise comment elle peut relocaliser en France, et surtout qu'elle précise comment elle veut empêcher les usines de partir, comme elle l'a affirmé devant les Whirlpool à Amiens.
Le point culminant de deux visions
Il va falloir qu'Emmanuel Macron nous dise comment il compte faire reculer le chômage, alors que sous Nicolas Sarkozy il a augmenté de 700.000 chômeurs, et de près de 600.000 sous François Hollande. Qu'est-ce qu'il veut faire de si différent ?
Marine le Pen va devoir aussi s'expliquer vraiment sur la sortie de l'euro, parce qu'en trois jours elle a raconté tout et son contraire. Quant à Emmanuel Macron, il va devoir nous dire comment on construit une Europe en laquelle les Français n'ont plus confiance. On les attend aussi sur la laïcité, le communautarisme, le terrorisme, la moralisation de la vie politique et l'écologie.
Ce débat ce sera le point culminant de deux visions qui se sont affrontées dans une campagne négative, où il n'y a pas eu d'adhésion. Il faut espérer que l'on n'en reste pas à des échanges de "sale banquier" contre "fasciste", "d'héritier de Hollande" contre "châtelaine de Montretout".
Alba Ventura et Loïc Farge, RTL France
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