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Les eurodéputés disent oui aux "burgers végans" mais non aux "yaourts" végétaux

Les eurodéputés disent oui aux "burgers végans" mais non aux "yaourts" végétaux
Un hamburger végan présenté au salon international de la viande à Francfort, le 6 mai 2019Daniel ROLAND
 
 

Le "burger végan" reste au menu mais pas le "yaourt" végétal. Les eurodéputés ont renoncé vendredi à interdire les appellations de "saucisse" ou "burger" pour des produits sans viande, mais ont souhaité bannir les noms "yaourt", "fromage" ou "crème" en l'absence de lait animal.

Le Parlement européen a voté largement contre un amendement proposant d'interdire dans l'UE l'usage de dénominations telles que "saucisses", "hamburger", "filets" ou "escalope" pour des produits à base de légumes ou de céréales qui ne contiennent pas de viande animale mais en imitent la texture. Une interdiction déjà adoptée par la France.

En revanche, les eurodéputés ont approuvé à une écrasante majorité un autre amendement bannissant les appellations "yaourt", "fromage" ou "crème" pour les produits sans lait animal, y compris des articles non alimentaires ("gel douche au lait de soja"...).

La justice européenne avait déjà censuré en 2017 le nom de "lait de soja" pour les aliments.

Plus encore, l'interdiction serait désormais étendue aux expressions de comparaison comme "saveur crémeuse", "substitut de beurre" ou "goût fromage". Les seules exceptions étant des expressions établies de longue date (lait d'amandes, de coco, ou beurre de cacao).

L'amendement doit maintenant être négocié avec les Etats membres.

- "Restrictions inutiles" -

Le Copa-Cogeca, fédération des syndicats agricoles majoritaires européens, soutenait fortement l'initiative, dénonçant des noms de produits "déconnectés" de leur composition et les risques de "confusion" sur leur valeur nutritionnelle pour les consommateurs.

"C'est une excellente nouvelle que les eurodéputés aient fait preuve de sens commun sur les +burgers vegans+, les consommateurs ne sont pas trompés dès que leur nature végétarienne ou végane est clairement signalée", a réagi Camille Perrin, du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc).

"C'est par contre dommage qu'aient été approuvées des restrictions inutiles sur les alternatives aux produits laitiers (...) les Européens doivent adopter un régime davantage basé sur le végétal, pour leur santé et le bien de la planète", a-t-elle estimé.

Le marché des articles à base de protéines végétales s'envole, dopé par le souci de manger sainement ou de réduire l'empreinte environnementale des élevages, gros émetteurs de CO2.

Selon le cabinet Euromonitor, le marché européen des "substituts de viande" a quasi-doublé en cinq ans pour atteindre 1,9 milliard de dollars.

"C'est pathétique de voir que les eurodéputés n'aient pas tenu tête aux lobbyistes de l'agriculture industrielle", s'indigne Marco Contiero, expert des politiques agricoles de l'ONG Greenpeace.

"Mais le vote ne changera pas le fait qu'un nombre accru de consommateurs mangent davantage de légumes, se tournent vers des alternatives aux produits laitiers (...) et continueront de les appeler +yaourts+ ou +fromage+" quel que soit le nom sur l'étiquette, a-t-il martelé dans un communiqué.

- "Totalement absurde" -

En amont du vote, Hervé Salomon, PDG France-Belgique du groupe agroalimentaire Upfield spécialisé dans la margarine et les produits végétaux, s'était indigné de la proposition.

"On interdit toute comparaison: on ne pourra plus mettre un +yaourt végétal+ dans des pots de yaourt, utiliser le terme +sans lactose+ pour un produit végétal, ni vendre une margarine dans un emballage qui ressemble à celui d'un beurre laitier... C'est totalement absurde!", avait-il déclaré à l'AFP.

L'Alliance européenne des produits à base végétale --qui inclut Upfield ou le médiatique fabricant de "fausse viande" Beyond Meat-- avait vivement dénoncé les deux amendements, les jugeant contraires aux objectifs climatiques de Bruxelles.

Le texte sur les produits laitiers "est une mauvaise nouvelle", a réagi l'organisation ProVeg qui défend le véganisme. Elle appelle les Etats européens à rejeter cette proposition lors des négociations qui doivent s'ouvrir entre gouvernements, eurodéputés et Commission européenne.


 

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