En ce moment
 
 

Le risque de "Brexit", une crise de plus à gérer pour l'UE

 
 

L'Union européenne, confrontée aux exigences britanniques pour éviter une sortie du Royaume-Uni de son giron -ou "Brexit"-, traverse une vague de crises d'une intensité inédite depuis l'émergence du projet européen il y a plus de 60 ans.

Outre ce risque d'une Europe amputée du poids lourd britannique, la deuxième économie de l'Union, elle doit faire face au plus gros afflux de migrants observé depuis la Seconde Guerre mondiale, aux soubresauts de la zone euro et à la menace d'attentats terroristes après ceux revendiqués par l'organisation Etat islamique à Paris en 2015.

- "Brexit" -

Le Premier ministre britannique David Cameron exige de l'UE réformes et assouplissements, touchant à plusieurs sujets clés dont l'immigration, la gouvernance économique ou la souveraineté politique, pour ensuite tenter de convaincre ses concitoyens de rester dans l'UE, à l'occasion d'un référendum qui pourrait se tenir en juin. Il est sous la pression des eurosceptiques du Royaume-Uni et notamment du parti anti-immigration Ukip de Nigel Farage.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a présenté le 2 février un pré-accord pour répondre aux revendications britanniques et éviter un "Brexit", mais le processus reste "très fragile" de l'aveu même de M. Tusk. L'ex-Premier ministre polonais a entrepris une tournée des capitales européennes, qui se poursuivait mardi à Athènes, Prague et Berlin, avant le sommet de jeudi et vendredi à Bruxelles pour arracher un accord des 28.

Parmi les revendications de M. Cameron, celle portant sur la limitation des prestations sociales pour les ressortissants d'autres pays de l'UE, promet des débats houleux. La mesure vise d'abord les travailleurs d'Europe centrale et orientale employés par milliers en Grande-Bretagne.

- La crise des migrants -

Depuis l'appel à la mobilisation lancé au printemps 2015 par la Commission pour soulager l'Italie et la Grèce et gérer en commun l'arrivée massive de migrants sur leurs côtes, les Etats membres n'ont cessé de se diviser. Berlin et Stockholm exceptées, la plupart des capitales ont freiné des quatre fers pour prendre leur part d'un programme de répartition de 160.000 demandeurs d'asile. Celui-ci est désormais au bord de l'échec. Les attentats du 13 novembre à Paris (130 morts) et les violences de Cologne (Allemagne) au Nouvel An sont venus plomber l'ambiance générale et les velléités de solidarité.

La réponse européenne à cette crise migratoire -liée en grande partie aux guerres syrienne et afghane mais aussi à la misère en Afrique subsaharienne- reposait également sur l'ouverture en Italie et en Grèce de centres d'enregistrement des nouveaux arrivants, chargés de distinguer les réfugiés aptes à la protection internationale des migrants économiques. Or ces "hot spots" ont tardé à se mettre en place.

Les pays de l'ancien bloc de l'Est comptent parmi les plus hostiles à l'accueil de migrants, certains comme la Hongrie ayant érigé des clôtures à leur frontière dès l'été. Au total six pays de l'UE ont rétabli des contrôles temporaires à leurs frontières au point que l'espace Schengen -de libre circulation au sein de 26 pays (dont 22 de l'UE)- est considéré en péril comme jamais.

- La crise de la zone euro -

La plupart des 19 pays de la zone euro ne se conforment toujours pas à l'exigence du Pacte de stabilité voulant que la dette publique n'excède pas 60% du Produit intérieur brut. Mais pour l'Espagne et surtout l'Italie, le Portugal et la Grèce, la situation reste particulièrement critique aux yeux des autorités européennes, et fait dire à certains analystes que la crise de l'euro n'est toujours pas derrière nous.

L'Union économique et monétaire est passée tout près d'un "Grexit" en 2015. La Grèce n'a obtenu à l'été un troisième plan d'aide international qu'à la condition de poursuivre à rythme soutenu les réformes difficiles synonymes d'austérité persistante.

Les créanciers (UE et FMI) y veillent de près et l'avancement des réformes était jugé début février encore insuffisant pour permettre de passer aux discussions sur la réduction de la dette publique (179% du PIB en 2015 selon les chiffres de la Commission).


 

Vos commentaires