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Inerte à la barre, la mère de Bastien, tué dans un lave-linge, se défend sans convaincre

Inerte à la barre, la mère de Bastien, tué dans un lave-linge, se défend sans convaincre
Croquis d'audience de la mère de Bastien, Charlène Cotte (d), et de son père Christophe Champenois (g) lors de leur procès devant les assises de Seine-et-Marne à Melun, le 8 septembre 2015Benoit Peyrucq
 
 

"J'étais terrifiée." La mère du petit Bastien, mort enfermé dans la machine à laver, a justifié mercredi son inertie le soir du drame par la peur que lui inspirait son ex-conjoint, qui s'est efforcé de son côté de la disculper.

"Je suis le responsable, mais j'espère que Charlène qui aimait son fils ne m'a pas aidé à le mettre dans le lave-linge", a déclaré Christophe Champenois, la voix brisée par l'émotion, lors de son interrogatoire devant la cour d'assises de Seine-et-Marne.

Quant à ce qui s'est passé le 25 novembre 2011 à Germigny-l'Évêque (Seine-et-Marne), cet homme de 37 ans qui souffre d'un "méningiome", une tumeur bénigne au cerveau qui provoque des trous de mémoire et l'oblige à rester assis dans le box, ne s'en rappelle pas.

"Je ne me souviens ni de l'essorage, ni des cris, je ne me souviens pas de ma fille qui jouait avec Charlène, mais je veux bien admettre que je suis l'auteur puisque tout m'incrimine", a ajouté ce père de famille au chômage.

"Mais si vous ne vous souvenez de rien, comment pouvez-vous être sûr que Charlène ne vous a pas aidé" à mettre Bastien dans le lave-linge? l'interroge une avocate des parties civiles.

"Je ne veux pas l'accuser", avoue M. Champenois.

Jugée pour complicité de meurtre, Charlène Cotte a soutenu qu'elle avait essayé au contraire de s'interposer pour sauver son fils.

Mais lors de son audition par les gendarmes ce soir-là, qui a été projetée à l'audience mercredi, la fille aînée du couple, alors âgée de cinq ans, avait indiqué que sa mère "était en train de faire un puzzle" avec elle dans le salon pendant que son frère, dans le lave-linge qui tournait, criait qu'on le laisse sortir.

L'enfant martyr, régulièrement enfermé dans un placard en guise de punition, est décédé des suites de ce mauvais traitement.

"Vous êtes décrite comme une bonne mère. Alors, pourquoi vous ne vous battez pas comme un tigresse pour sauver votre enfant?", l'interroge la présidente, Catherine Katz. "J'ai essayé d'y aller, il me repoussait, il m'a fait tomber", répond d'une voix morne l'accusée, qui comparaît libre.

"Pourquoi vous ne sortez pas prévenir les secours, alors?", insiste la présidente. "J'étais comme un robot, je faisais ce qu'il me disait de faire, j'étais terrifiée", répète Charlène Cotte, les yeux baissés vers le micro.

La présidente fait observer que lors de la reconstitution du crime, elle n'a pas mimé la bagarre. Et qu'elle ne manifeste jamais la moindre émotion.

- 'Une bulle autour de moi' -

"Je n'arrive pas à exprimer ce que je ressens, je me suis fait comme une bulle autour de moi", justifie la jeune femme.

Plus tôt, la directrice de l'école de Bastien avait raconté à la barre, en larmes, qu'elle s'en voulait d'avoir signalé à Charlène, la veille du drame, que son fils avait fait une "bêtise" à l'école. La mère l'avait rapporté à son conjoint qui, fou de colère, avait infligé à son fils la punition mortelle.

"Je me dis que si je n'avais pas informé la mère de cette bêtise, peut-être que Bastien serait encore là", a confié Stéphanie Petitfrère.

"Vous avez fait votre travail, ce n'est pas votre faute", a tenté de la réconforter Yves Crespin, l'avocat de l'association L'Enfant Bleu, partie civile.

Pourquoi Bastien, qui avait l'objet de plusieurs signalement et informations préoccupantes, n'a-t-il pas été placé? C'est l'une des questions de ce procès.

Sans doute parce que le garçonnet aux boucles blondes, très souriant, n'avait rien, en apparence, d'un enfant martyr.

"C'était un petit garçon vif et remuant, qui venait à l'école avec plaisir", a témoigné son institutrice, Laurence Meunier. "Mon neveu, c'était une boule de joie", a aussi raconté le frère de Charlène.

Surtout, le couple refuse de placer Bastien. Et les services sociaux qui suivent la famille depuis 2006 manquent d'éléments probants, comme des signes "avérés" de maltraitance, pour obtenir son placement par voie judiciaire, a expliqué Christine Boubet, directrice générale adjointe des solidarités au département de Seine-et-Marne.

Le verdict est attendu vendredi.


 

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