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Jawad, le logeur des terroristes, s'explique enfin: "Il y avait une carte avec des dessins d'explosion"

Jawad, le logeur des terroristes, s'explique enfin: "Il y avait une carte avec des dessins d'explosion"
Capture d'écran de l'interview de Jawad Bendaoud à BFM TV
 
 

Jawad Bendaoud sort de son silence. L'homme de 29 ans a fait le tour des réseaux sociaux après avoir été filmé lorsqu'il donnait une interview surréalistes à BFM TV. Il reconnaissait avoir loué son appartement à des terroristes ayant participé aux attentats de Paris du 13 novembre. Jawad Bendaoud a été incarcéré après son entretien et inculpé pour participation à une association de malfaiteurs terroristes criminelle.

Nos confrères de l'Obs ont pu consulter une lettre qu'il a envoyée à l'un de ses juges à la mi-décembre. Écrit à la main, dans sa cellule de la maison d'arrêt de Villepinte, le document contient 18 pages. Jawad Bendaoud y clame son innocence.

"Si j’avais su ce qu’aurait causé cette interview je n’aurais jamais parlé"

Le jeune homme revient d'abord sur son interview qui l'a rendu célèbre malgré lui. "Je n’ai pas demandé à être filmé par ce foutu cameraman, il m’a entendu dire aux policiers que j’étais le loueur de l’appartement, il a allumé sa caméra... si j’avais su ce qu’aurait causé cette interview je n’aurais jamais parlé", confie-t-il.

"Mon nom de famille a été sali, je fais l’objet de parodie, de blague"

Rappelons que dans son interview, Jawad Bendaoud affirmait ne pas avoir douté que les deux hommes qu'il hébergeait dans son appartement étaient des terroristes. "On m'a demandé de rendre service, j'ai rendu service", avait-il répondu à l'époque. Depuis, il considère que l'entretien a jeté le discrédit sur lui et ses proches. "Je suis passé d’une vie normale à une vie d’enfer en une fraction de seconde. Mon nom de famille a été sali, je fais l’objet de parodie, de blague", explique-t-il dans sa lettre.

Les détournements se sont propagés comme une traînée de poudre sur internet. Plus de 350.000 personnes se sont inscrites à l'évènement créé sur Facebook "Soirée pyjama chez Jawad", prévue pour janvier 2017. Sur Twitter, les internautes se sont littéralement déchaînés sur l'homme.

"Il y avait une pancarte de Paris, une carte avec des dessins d’explosion"

Dans sa lettre, il répète inlassablement qu'il ignorait qu'Abdelhammid Abaaoud et Chakib Akrouh étaient des terroristes. Les deux individus sont morts dans l'assaut de Saint-Denis et étaient membres du commando des terrasses."Je mangeais des lentilles au bœuf dans le salon avec mon père, à aucun moment le mot "Belgique" n’a été évoqué", explique Jawad Bendaoud.

L'individu va plus loin: "Il y avait une pancarte de Paris, une carte avec des dessins d’explosion", dit-il. "Je ne savais pas que des Belges avaient participé à des attentats. Si j’avais su oui, j’aurais pu tilter", s'explique-t-il. Jawad Bendaoud raconte même le moment où Hasna Aïtboulahcen est venue le voir pour trouver un appartement. Elle lui aurait dit que ses deux frères étaient à la rue et qu'ils étaient prêts à payer 150€ pour quelques nuits.

Jawad Bendaoud cherche aujourd'hui à s'innocenter. "A aucun moment je n’ai senti une ambiance terroriste ou dangereuse dans la location de l’appartement. [...] Je suis conscient d’avoir hébergé les pires assassins que la France n’a jamais connu, mais à aucun moment je me suis associé, je n’ai vu de mes yeux des armes", affirme-t-il.


"J'ai peut-être dit que j'allais faire tout péter en sortant"

Alors qu'il a déjà purgé huit ans de prison pour avoir, autrefois, tué un adolescent à coups de hachoir, Jawad Bendaoud se défend de s'être radicalisé. "Je n’ai jamais prié, la dernière fois que j’ai prié j’avais 16 ans et mon père en était la seule raison. Je n’ai jamais fréquenté une seule mosquée, je fais tout ce qu’un bon musulman ne ferait pas", déclare-t-il.

Le jeune homme reconnaît tout de même avoir tenu des propos très violents. "J'ai peut-être dit que j'allais faire tout péter en sortant", reconnaît-il. "Mais c'était parce que j'étais énervé [...] J’y ai peut-être pensé en prison, mais une fois sorti, tout est sorti de ma tête", précise-t-il. "Je n’ai rien à voir avec Daech, ni de loin ni de près", ajoute Jawad Bendaoud.

Après avoir été arrêté en novembre, Jawad a tenté de se mutiler à deux reprises durant sa garde à vue: d'abord avec les couverts en plastique de son repas, ensuite en arrachant le joint du passe-plat de sa cellule. Plus tard, il a détruit le clavier d'un enquêteur qui l'interrogeait.


Un élément l'accable pourtant…

Malgré ses nombreuses tentatives d'explication, Jawad Bendaoud est toujours incapable d'expliquer un élément accablant: pourquoi un numéro belge l'a-t-il contacté le 3 novembre, dix jours avant les attentats? L'homme dit ne pas se souvenir de ce coup de téléphone, pourtant crucial. Car l'enquête a révélé que l'utilisateur de ce numéro, toujours inconnu, a contacté le 14 novembre un autre téléphone belge lié aux terroristes. Ce dernier numéro a été localisé le soir du 13 novembre près du stade de France, puis dans le 11e arrondissement près des terrasses attaquées, et enfin dans le 18e, là où Salah Abdeslam a abandonné une voiture.

Le numéro a ensuite été utilisé durant le week-end, dans le 18e arrondissement, quartier dans lequel a également été repéré l'acolyte d'Abaaoud. Puis la ligne belge a rejoint Bruxelles le 15 novembre, avant de cesser d'émettre.


 

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