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Dieudonné jugé à Paris pour avoir dissimulé plus d'un million d'euros au fisc

Dieudonné jugé à Paris pour avoir dissimulé plus d'un million d'euros au fisc
Dieudonné M’bala M’bala, le 20 mai 2017 à ParisJACQUES DEMARTHON
 
 

Soupçonné d'avoir dissimulé au fisc plus d'un million d'euros de recettes de ses spectacles, conservés chez lui en liquide ou expédiés à l'étranger, le polémiste Dieudonné M'Bala M'Bala comparaît à partir de mardi à Paris pour fraude fiscale, blanchiment ou encore abus de biens sociaux.

Habitué des tribunaux, Dieudonné, condamné à plusieurs reprises pour ses sorties antisémites, sera jugé pendant cinq demi-journées devant le tribunal correctionnel, comme sa compagne et leur société, les Productions de la Plume.

Les investigations, déclenchées en 2013, ont mis au jour les énormes sommes en liquide accumulées entre 2009 et 2014 par l'humoriste controversé de 53 ans, qui se disait à l'époque ruiné et insolvable.

Ses spectacles remplissaient alors son théâtre parisien de la Main d'or, dont il a depuis été expulsé, autant qu'ils suscitaient la polémique.

Dieudonné M'Bala M'Bala est poursuivi pour avoir dissimulé une grande partie de ses avoirs au fisc pendant ces cinq années, en "détournant à son profit" des recettes de ses spectacles non comptabilisées sur les comptes de sa société tout en déclarant des revenus fortement minorés et pas d'impôt sur la fortune.

Plus de 657.000 euros en espèces ont été retrouvés à son domicile et lui et ses proches ont envoyé plus de 565.000 euros à l'étranger, principalement au Cameroun où il a des liens familiaux.

Quelque 102.000 euros avaient aussi été envoyés à des proches en France, et plus de 100.000 euros en espèces versés sur un compte de sa compagne, Noémie Montagne.

Soit au total la dissimulation d'un "patrimoine substantiel" de plus de 1,4 million d'euros, écrit le juge Renaud Van Ruymbeke dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, dont l'AFP a eu connaissance.

Selon le magistrat, ces sommes provenaient du "prélèvement de la majeure partie des recettes en espèces des Productions de la Plume lors des spectacles donnés au théâtre de la Main d'or ou en tournée".

Le polémiste et sa compagne, gérante des Productions de la Plume, seront jugés pour abus de biens sociaux aux dépens de leur société tandis que Dieudonné devra répondre de fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale et organisation frauduleuse de son insolvabilité. Le couple et leur société seront aussi jugés pour fraude à la TVA, pour avoir dissimulé des recettes.

- "Hors de proportion" -

En janvier 2014, les enquêteurs avaient découvert plus de 657.000 euros en espèces dans les coffres-forts de leur propriété d'Eure-et-Loir.

Dieudonné avait justifié ces sommes par la billetterie récente de sa tournée pour son spectacle "Le Mur", plébiscité par ses fans pendant que les autorités l'interdisaient en raison de sketches jugés antisémites. Mais aux yeux du juge, "ce montant est hors de proportion avec la caisse déclarée depuis l'origine".

Les investigations ont établi que le théâtre de la Main d'or, dont il a été expulsé en novembre 2017, n'avait ni caisse enregistreuse ni terminal de paiement bancaire.

S'agissant des 667.000 euros envoyés à des proches en France et à l'étranger, la défense de Dieudonné avait invoqué le fruit d'un héritage paternel, via un don manuel de 300.000 euros en 2009. Mais celui-ci ne suffit pas à justifier l'intégralité des virements.

Contactés par l'AFP, les avocats du polémiste n'ont pas souhaité faire de commentaires avant l'audience.

L'affaire avait débuté fin 2012 avec un signalement de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, qui avait détecté une première série de transferts suspects à destination de proches au Cameroun.

La Direction générale des finances publiques s'est constituée partie civile tout comme la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).

L'association antiraciste avait porté plainte pour "organisation frauduleuse d'insolvabilité" faute d'obtenir les dommages et intérêts que lui devait Dieudonné, après plusieurs condamnations pour diffamation ou provocation à la haine raciale.

Le procès est prévu les 26 et 27 mars et 1er, 2 et 3 avril.


 

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