En ce moment
 
 

Des "Molenbeek" en France? Le débat agite la gauche

Des "Molenbeek" en France? Le débat agite la gauche
Le ministre de la Ville Patrick Kanner, lors d'une réunion au ministère de l'Intérieur le 23 mars 2016MIGUEL MEDINA
 
 

Le ministre de la Ville Patrick Kanner a estimé dimanche qu'"une centaine de quartiers en France" présentaient "des similitudes potentielles avec Molenbeek", commune bruxelloise à la réputation de fief jihadiste, suscitant une certaine gêne à gauche.

A la question d'une journaliste: "Combien y a-t-il de Molenbeek aujourd'hui en France?", le ministre de la Ville, invité du "Grand rendez-vous" Europe 1-iTELE-Le Monde, a d'abord répondu en expliquant ce qu'est à ses yeux cette commune de la capitale belge, d'où provenaient plusieurs membres des commandos des attentats du 13 novembre en France.

"Molenbeek c'est quoi? C'est une concentration énorme de pauvreté et de chômage, c'est un système ultra-communautariste, c'est un système mafieux avec une économie souterraine, c'est un système où les services publics ont disparu ou quasiment disparu", a égrené Patrick Kanner.

"Il y a aujourd'hui, on le sait, une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qui s'est passé à Molenbeek", a-t-il ajouté. "Mais il y a une différence énorme aussi (...), nous prenons le taureau par les cornes dans ces quartiers", a-t-il assuré, quelques jours après les attaques de Bruxelles.

M. Kanner a par ailleurs jugé que les émeutes qui avaient secoué en 2005 les banlieues françaises "ont permis manifestement un développement du salafisme" dans les quartiers populaires, où des "prédateurs" se sont installés.

Les réactions gênées, voire agacées, ne se sont pas fait attendre à gauche.

Au "Grand jury" RTL-LCI-Le Figaro, Julien Dray, conseiller régional PS d'Ile-de-France, a appelé à ne pas céder à des formules faciles qui "stigmatisent".

"Depuis 20 ans, a dit le cofondateur de SOS Racisme, il y a une ghettoïsation sociale qui donne lieu (...) à une montée de la délinquance et puis aussi à des noyaux islamistes qui essaient d'instrumentaliser des points sociaux".

"Ce sont des points communs" avec Molenbeek, a reconnu M. Dray, mais "je n'aime pas qu'on stigmatise car la majorité de la population de ces quartiers en a assez d'être désignée à la vindicte populaire".

Le premier secrétaire du PS a lui aussi pris ses distances avec les propos du ministre de la Ville, évoquant "des poches", "des immeubles" et "des rues" présentant des "problèmes" similaires à Molenbeek, mais "pas de quartiers" entiers.

"Moi, je ne suis pas pour ce discours", a dit Jean-Christophe Cambadélis sur France 5, appelant à "ne pas dissoudre la concorde nationale". "On doit avoir une stratégie vis-à-vis du terrorisme, c'est de ne pas isoler les musulmans, mais d'isoler" les terroristes.

Dès les attentats de mardi à Bruxelles, le rapprochement avait été fait, à droite et à l'extrême droite, entre les situations en Belgique et en France.

Dans une tribune au Figaro vendredi, le député LR Eric Ciotti a accusé François Hollande d'avoir "délibérément renoncé à défendre la laïcité pour flatter un communautarisme religieux auquel il est redevable".

"La France ne peut devenir un gigantesque Molenbeek!", a-t-il lancé.

Le Front national a, lui, estimé que la France n'était "pas épargnée par les zones de non-droit du type de Molenbeek". "Il faut dès aujourd'hui lancer une vaste opération de police pour investir l'ensemble de ces quartiers en marge de la République", avait demandé la présidente du FN Marine Le Pen.

C'est dans sa commune de Molenbeek (environ 100.000 habitants) que Salah Abdeslam, le 10e homme des attentats parisiens, a été arrêté le 18 mars après une cavale de plus de quatre mois. L'enquête sur les attaques de Bruxelles a montré qu'un même réseau franco-belge était responsable des tueries de novembre et mars.


 

Vos commentaires