L'auteur de l'attentat ayant fait trois morts mercredi à Londres est né au Royaume-Uni et était un "extrémiste connu des services de renseignement", a annoncé jeudi la Première ministre Theresa May en martelant: "Nous n'avons pas peur".
La police, qui a procédé à huit arrestations, privilégie la piste du "terrorisme islamiste" dans son enquête.
Résolue à afficher sa détermination face au choc de l'attaque la plus meurtrière depuis douze ans au Royaume-Uni, la Chambre des Communes, au grand complet, a observé une minute de silence avant de reprendre jeudi matin ses travaux.
"Nous n'avons pas peur", a clamé la Première ministre Theresa May en s'adressant aux élus, ajoutant que la démocratie allait "toujours triompher". "Cet acte de terrorisme a échoué car nous sommes ici et nous allons reprendre notre travail", a abondé une députée de l'opposition travailliste, Harriet Harman.
Mercredi en début d'après-midi, un homme barbu et vêtu de noir a lancé sa voiture contre la foule sur un trottoir du pont de Westminster, qui enjambe la Tamise face à Big Ben, tuant deux personnes - un homme d'une cinquantaine d'années et une femme d'une quarantaine d'années - et en blessant plusieurs dizaines. Il a ensuite poignardé à mort un policier dans la cour du Parlement, symbole de la démocratie britannique, avant d'être abattu par la police.
Il "est né au Royaume-Uni" et "il y a quelques années il a fait l'objet d'une enquête du MI5" (service de renseignement) en lien avec "l'extrémisme violent", a dit Mme May, ajoutant qu'il était alors "un personnage périphérique" de cette enquête.
Selon une source diplomatique en Espagne, la femme décédée est une mère de famille britannique dont la mère est espagnole. Vingt-neuf personnes, dont de nombreux touristes, ont été hospitalisées. Sept sont toujours dans un état critique, a indiqué la police.
Commise un an jour pour jour après les attentats de Bruxelles qui ont fait 32 morts, l'attaque n'avait toujours pas été revendiquée jeudi matin.
Elle rappelle celles l'année dernière de Nice (France, 84 morts) et Berlin (12 morts), toutes deux revendiquées par le groupe Etat islamique et déjà commises en lançant un véhicule contre la foule. L'attentat de Londres s'inscrit dans un contexte de risque élevé d'attaques en Europe.
La police britannique, qui privilégie la piste du "terrorisme islamiste", a procédé dans la nuit à huit arrestations à six adresses différentes "à Birmingham, Londres et ailleurs dans le pays", selon le commandant de l'antiterrorisme Mark Rowley.
- Opération à Birmingham -
Birmingham (centre), deuxième ville du Royaume-Uni, où une opération de police d'envergure a eu lieu, est un fief des islamistes britanniques. Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles l'an dernier et suspect-clé des tueries de Paris en novembre 2015 y avait séjourné l'été précédant ces attaques.
"L'homme de Londres habitait ici", a assuré un témoin du raid policier sur un appartement de Birmingham à l'agence Press Association.
Selon la BBC, la voiture utilisée par l'assaillant pour faucher les piétons sur le pont de Westminster a été louée à Birmingham.
Parmi les blessés figurent trois élèves français du lycée Saint-Joseph de Concarneau (ouest), en voyage scolaire. Deux sont dans un état grave mais leurs jours ne sont pas en danger.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a rencontré jeudi matin leur famille. Il a dénoncé une "attaque contre le coeur de la démocratie" avant de se rendre au Parlement.
Quatre touristes sud-coréens, deux Roumains, deux Grecs, un Portugais, un Italien, un Américain, un Chinois et un Irlandais ont également été blessés.
C'est l'attaque la plus meurtrière au Royaume-Uni depuis les attentats suicide du 7 juillet 2005, revendiqués par des sympathisants d'Al-Qaïda, qui avaient fait 56 morts dans les transports en commun londoniens.
- 'Sympathie' de la Reine -
"Londres est déjà passé par là et sait encaisser le coup", a souligné le ministre de Défense Michael Fallon. "Les Londoniens ne se laisseront pas intimider par le terrorisme", a renchéri le maire de Londres, Sadiq Khan.
Le périmètre autour du palais de Westminster, coeur politique et touristique de la capitale, était toujours bouclé jeudi avec des hélicoptères tournant dans le ciel.
"Comme des milliers d'autres travaillant ici, je suis en route vers le Parlement comme d'habitude. Mais les drapeaux en berne montrent que c'est loin d'être un jour comme les autres", a tweeté le député conservateur Nigel Huddleston.
Le pont de Westminster menant au Parlement était toujours fermé à la circulation pendant que les enquêteurs y poursuivaient leur travail.
"Mes pensées et mes prières, ainsi que ma plus profonde sympathie, vont à tous ceux qui ont été affectés par l'horrible violence", a déclaré la reine Elizabeth II. Les dirigeants français François Hollande, américain Donald Trump, allemand Angela Merkel et russe Vladimir Poutine ont adressé leurs condoléance au Royaume-Uni.
Londres avait été épargnée ces dernières années par les attentats de grande ampleur.
Mais les autorités avaient préparé l'opinion publique à une nouvelle attaque, considérée comme inévitable. Selon Scotland Yard, les services de sécurité britanniques ont déjoué 13 tentatives d'attentats depuis juin 2013.
"Ce genre d'attaque, au moyen d'objets de la vie quotidienne, est incroyablement difficile à prévenir", souligne Emily Winterbotham, spécialiste de l'extrémisme au cercle de réflexion spécialisé RUSI.
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