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Notre journaliste a passé 4 jours dans la "Jungle" de Calais: "C'est ce que j'ai entendu qui m'a peut-être le plus choqué" (vidéo)

 
 

L'émission "Défense d'entrer" nous emmène au coeur de la "Jungle" de Calais, ce bidonville où s'entassent plusieurs milliers de migrants et au sein duquel notre journaliste Charles Neuforge a passé quatre jours. Il décrit: "C'est une ambiance étrange que je traverse, en caméra cachée (on me l'a conseillé pour ne pas échauffer les esprits). Dans la lumière blâfarde de quelques rares réverbères, le va-et-vient est digne d'une heure de pointe. J'ai l'impression de sillonner une Babel trépidante, improbable, où je ne reconnais aucune langue que je croise, le tout sur ronronnement de groupes électrogènes qui alimentent ce que je devine être des petits commerces, des restaurants, des petits cafés improvisés. Quelques mètres plus loin, l'obscurité est presque totale. Au pied de la route où transitent les camions en direction de l'Angleterre, j'aperçois juste un feu qui éclaire de jeunes hommes qui cherchent dans la nuit le chemin de leur destin."

Au coin d'un feu, un migrant lui raconte: "La vie est vraiment vraiment pénible dans la Jungle. Je me sens trop mal. Et c'est le cas de tout le monde ici. Ce n'est pas possible de se sentir bien parce que la jungle est pour les animaux et nous ne sommes pas des animaux, nous sommes des êtres humains. Nous avons juste besoin d'un endroit correct. Ma famille ne sait pas que je vis dans la Jungle. S'ils le savaient, ils en pleureraient."

RTL info: Qu'est-ce qui vous a le plus marqué au cours de ces quatre jours passés dans la "Jungle" ?

Charles Neuforge: Ce qui choque est d'abord ce qu'on voit en arrivant. Un bidonville immense; vous imaginez l'équivalent de 25 terrains de football. Sur cet emplacement, 4, 5 ou 6.000 personnes, on ne sait pas exactement parce qu'il n'y a pas d'organisations. Ces personnes vivent dans des abris de fortune au milieu des détritus: on retire entre 10 et 12 tonnes de déchets par jour sur le site du camp.

Ensuite, c'est ce que j'ai entendu qui m'a peut-être le plus choqué. Principalement un jeune Syrien, étudiant en médecine, parti il y a six mois pour fuir la guerre. Il m'a dit "Vous savez aujourd'hui, on est traités comme des animaux ici et je vais retourner dans mon pays, même s'il y a la guerre, même s'il y a les bombes, même s'il y a les morts, je préfère mourir parmi les miens". Penser que tout ça se passe à deux heures de Bruxelles... C'est une jungle mais c'est aussi une honte.

RTL info: Avez-vous eu le sentiment que la situation échappait totalement aux autorités ?

Charles Neuforge: Je me suis posé plusieurs fois la question de savoir si les ONG n'étaient pas là pour nourrir et abriter ces personnes, qui le ferait?

Alors, les choses évoluent: à la fin du reportage, on a pu assister à l'inauguration d'une partie en dur dans le camp. Ce sont des conteneurs chauffés. À raison de 12 personnes par conteneur, on pourra mettre 1500 personnes à l'abri. Si on ajoute à cela un camp de 400 personnes pour femmes et enfants, on est à 1900 personnes. Que vont devenir les autres? Le gouvernement français a décidé que pour le 1er mars, la "Jungle" serait évacuée.


 

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