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Naufrage en Méditerranée : cinq passeurs présumés détenus à Palerme

Naufrage en Méditerranée : cinq passeurs présumés détenus à Palerme
Image fournie par la police italienne d'opérations de sauvetage en mer le 5 août 2015 pour récupérer des survivants après le naufrage d'un bateau de migrants entre la Libye et l'Italie-
 
 

La police italienne a annoncé vendredi avoir arrêté à Palerme cinq des survivants du naufrage ayant fait plus de 200 morts mercredi, deux Algériens, deux Libyens et un Tunisien âgés de 21 à 24 ans, soupçonnés d'avoir été des passeurs.

Selon des témoignages recueillis auprès des quelque 360 autres survivants arrivés jeudi à Palerme (Sicile), l'un était le pilote du bateau disparu, deux autres l'assistaient, tandis que les derniers étaient chargés d'empêcher les passagers de bouger. Ceux-ci ont en particulier fait usage de couteaux et de bâtons pendant le voyage pour empêcher les passagers de la soute, essentiellement d'origine africaine, de gagner le pont.

Selon les témoignages recueillis par la police, les cinq hommes avaient embarqué quelque 650 personnes ayant payé chacune entre 1.200 et 1.800 dollars (1.100 à 1.650 euros) pour aller en Europe. Pour un gilet de sauvetage, il fallait verser un supplément de 35 à 70 dinars libyens (de 23 à 46 euros).

Les passeurs ont assuré aux passagers du pont que les Africains devaient "supporter de rester enfermés pendant trois jours dans la cale, étant donné qu'ils avaient payé la moitié du prix des autres pour leur traversée", a affirmé la police palermitaine dans son communiqué.

Les témoignages font également état de différences de traitement en fonction de l'origine des migrants : les "Africains" n'obéissant pas aux ordres ont été "marqués au couteau au niveau de la tête", tandis que les "Arabes" étaient frappés avec des ceintures.

Sur les bateaux de migrants surchargés, les tensions sont fréquentes entre les passagers du pont et ceux de la soute, qui cherchent toujours à aller sur le pont pour glaner un peu d'air, échapper aux émanations de carburant et à l'eau qui s'infiltre, alors qu'un tel mouvement peut faire chavirer l'embarcation.

Dans le cas de ce bateau, la soute a commencé à prendre l'eau à peine trois heures après le départ, au point de rapidement noyer le moteur.

Selon des témoignages recueillis par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), "les passeurs ont alors appelé leurs collègues en Libye pour leur demander s'ils pouvaient faire machine arrière. Mais on leur a répondu de continuer leur route vers l'Italie".

Les migrants ont alors appelé à l'aide, mais lorsqu'un navire irlandais est arrivé à leur secours plusieurs heures plus tard, un mouvement de foule a fait chavirer le bateau, qui a coulé avant que la plupart des passagers de la soute ne puissent en sortir.

Une opération de secours massive impliquant sept bateaux a permis de sauver près 400 personnes, mais aussi de repêcher 26 corps (BIEN 26). Quelque 200 autres migrants, dont de nombreux enfants, sont portés disparus.

Les cinq passeurs présumés risquent des poursuites pour homicides avec circonstances aggravantes et aide à l'immigration clandestine.

Dans le même temps, la marine italienne a annoncé vendredi qu'elle poursuivait ses opérations pour récupérer les corps des victimes du naufrage ayant provoqué la mort de quelque 800 migrants en avril.

Entamées fin juin, conformément à la promesse du chef du gouvernement Matteo Renzi de donner une sépulture décente aux victimes, ces opérations ont permis jusqu'à présent de récupérer 58 corps autour de l'épave gisant à 380 mètres de profondeur.


 

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