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Munich débordée face à l'afflux continu des réfugiés

Munich débordée face à l'afflux continu des réfugiés
Un groupe de réfugiés arrive de Budapest à la gare de Munich, le 11 septembre 2015ANDREAS GEBERT
 
 

Par milliers, les réfugiés continuent d'affluer pour le deuxième week-end consécutif dans la gare de Munich, point d'entrée dans l'"Eldorado allemand". Mais les lits et places d’accueil font désormais cruellement défaut et les autorités locales ont prévenu que certains pourraient devoir dormir à même le sol.

"Au moins 10.000 personnes" sont attendues ce samedi dans la gare de la capitale bavaroise, dans le sud du pays, précise à l’AFP Eva Hinglein, porte-parole du district de Haute-Bavière. Rien qu'entre minuit et 16h00 locales, les autorités ont comptabilisé 7.200 arrivées, soit la même fourchette que samedi dernier.

Si le flux en provenance d'Autriche et de Hongrie ne tarit pas dimanche, l'Allemagne accueillera un nombre de réfugiés, en particulier syriens, comparable à celui du week-end précédent, soit environ 20.000, un record, que les autorités allemandes avaient alors qualifié de situation exceptionnelle.

L'Allemagne a décidé d'ouvrir ses portes en grand et de faire une entorse aux règles d'asile en Europe, qui prescrivent que les demandes soient déposées dans le premier pays d'entrée dans l'UE.

Mais les autorités ont désormais du mal à faire face à l'afflux. "Le problème ne vient pas d'eux (les Allemands), c'est juste qu'il y a trop de monde", explique à l'AFP Adel, un réfugié syrien de 22 ans.

"Nous pensons que 5.000 personnes ce soir ne sauront pas où aller" pour passer la nuit, prévient un haut responsable de l'administration locale, Christoph Hillenbrand. Selon lui, beaucoup devront se contenter de matelas isothermiques ou de tapis à même le sol avec des couvertures alors que les températures baissent et rendent difficile les nuits en plein air.

"Ce soir, nous aurons un problème et je ne sais pas comment nous allons le surmonter", a prévenu M. Hillenbrand.

Jusqu'à présent, l'Allemagne est toujours plus ou moins parvenue à fournir un toit aux réfugiés, quitte à monter dans l'urgence des tentes.

Le maire social-démocrate de Munich, Dieter Reiter, s'est dit "très préoccupé par l'évolution de la situation". "Nous ne savons plus comment faire avec les réfugiés", a-t-il déclaré. Munich se plaint du manque de soutien des autres régions allemandes face à l'afflux record.

Toute prise en charge par d'autres Régions de quelques centaines de réfugiés "nous aiderait à éviter le chaos ce soir (samedi)", a-t-il dit à la gare, selon des images diffusées par la chaîne publique ZDF.

Les médias allemands évoquent la possibilité qu'un grand centre ferroviaire soit mis en place dans le Nord de l'Allemagne pour désengorger le Sud. Il permettrait aux trains arrivant d'Autriche de poursuivre directement leur route vers le nord sans passer par Munich. Mais le gouvernement n'a pas confirmé.

Pour parer à l'urgence, la ville de Munich, avec l’aide de l’armée allemande, a installé des lits sur le site de la foire de la ville.

A la gare, quelques pancartes de bienvenue sont bien brandies par une poignée de personnes mais on est loin des haies d'honneur géantes des derniers jours ou des vivats des habitants distribuant victuailles et jouets pour les enfants.

L'enthousiasme a fait place à une forme de routine: sitôt descendus des trains réguliers en provenance d'Autriche, les réfugiés sont conduits par la police vers de premiers centres d'accueil.

Malgré cet afflux "ils nous accueillent quand même, ils nous accueillent avec tout, de la nourriture, tout. Ils sont si gentils en Autriche et en Allemagne", s'émerveille Adel. Il ne remercie pas en revanche la Hongrie, qui a adopté une politique très dure visant à fermer les frontières aux réfugiés en provenance des Balkans.

Faute de bus ou de conducteurs, certains réfugiés doivent marcher, en cortège de plusieurs centaines de personnes, escortés par des policiers, jusqu'à leur premier centre d'accueil.

Adel reste stoïque au milieu de l'effervescence et suit le mouvement. "On me dit qu'on va au centre d'accueil, qu'on va donner notre nom et avoir un numéro... mais je ne connais pas encore les règles", dit-il.


 

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