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Open Arms: Madrid hausse le ton contre Salvini et propose les Baléares comme port

 
 

"Honte pour l'humanité": la ministre espagnole de la Défense a conspué le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, accusé de vouloir tirer profit politiquement de la centaine de migrants massés à bord du navire Open Arms, à qui Madrid a proposé de débarquer aux Baléares.

Cette offre a néanmoins été jugée "incompréhensible" par l'ONG espagnole Proactiva Open Arms, qui a mis en avant les risques à parcourir le millier de kilomètres séparant l'île italienne de Lampedusa, près de laquelle stationne le bateau, et l'archipel espagnol des Baléares, "dans des conditions climatiques hostiles".

A bord pour certains depuis 18 jours, ces migrants risquent de battre le record des 32 personnes restées bloquées 19 jours à bord du SeaWatch3 avant leur débarquement à Malte le 9 janvier dernier.

"Ce que fait Salvini par rapport à l'Open Arms est une honte pour l'humanité", a dénoncé la ministre espagnole de la Défense, la socialiste Margarita Robles, en reprochant au dirigeant d'extrême droite italien d'agir avec des "fins exclusivement électoralistes".

Face au refus de Rome d'accueillir ces migrants, Madrid avait fini par proposer dimanche au navire de débarquer à Algésiras, dans l'extrême sud de l'Espagne, ce que l'ONG a jugé "absolument irréalisable".

Le gouvernement espagnol a alors proposé les Baléares, plus proches mais toujours distantes d'un millier de kilomètres de Lampedusa.

Mais Open Arms a jugé lundi cette "décision totalement incompréhensible". "Alors que notre bateau est à 800 m des côtes de Lampedusa, les Etats européens demandent à une petite ONG comme la nôtre de faire face (...) à trois jours de navigation dans des conditions climatiques hostiles", a ajouté l'organisation espagnole dans un communiqué.

Dans une interview au média espagnol eldiario.es, le fondateur de l'ONG, Oscar Camps, a suggéré l'envoi par Madrid d'un bateau pour récupérer les migrants ou leur transfert par avion vers l'Espagne.

- Huit évacuations autorisées -

L'exécutif du socialiste Pedro Sanchez a assuré lundi ne pas avoir reçu de "réponse claire et directe" de la part de l'ONG sur les Baléares.

"Il ne s'agit pas d'accepter ou de ne pas accepter", a rétorqué une porte-parole d'Open Arms. "La réponse que nous leur avons donnée est que nous ne pouvons pas garantir la sécurité de ces personnes sur notre bateau. Vu que l'Italie et l'Espagne ont assumé la responsabilité de ces personnes, qu'ils trouvent des solutions", a-t-elle ajouté.

Lundi vers 23H00 (21H00 GMT) la porte-parole de l'organisation a dit par téléphone à l'AFP que "l'évacuation vers Lampedusa de huit personnes nécessitant une assistante urgente" venait d'être autorisée par les gardes côtes.

Ces migrants souffraient de blessures ou d'infections et "pour la majorité, de stress post-traumatique générant des crises de panique ou d'anxiété", a-t-elle précisé.

Mais l'ONG continue de demander le débarquement immédiat à Lampedusa de tous les migrants restant à bord.

La Commission européenne s'était félicitée "de la bonne volonté de l'Espagne" mais avait appelé "tous les Etats membres et les ONG à coopérer ensemble et trouver une solution qui fonctionne et qui permette de débarquer les gens à bord de l'Open Arms dans les plus brefs délais".

Un accord entre pays européens prévoit de répartir immédiatement après leur débarquement ces migrants entre la France, l'Allemagne, le Luxembourg, le Portugal, la Roumanie et l'Espagne.

La nouvelle confrontation sur la question migratoire se déroule en pleine crise politique à Rome.

M. Salvini avait accepté samedi à contrecœur de laisser débarquer 27 migrants mineurs non accompagnés.

"Pourquoi l'Open Arms ne va pas en Espagne ? En 18 jours, ils auraient pu aller et revenir trois fois d'Ibiza et de Formentera. Ils livrent une bataille politique", a-t-il accusé lundi sur Twitter.

Malgré la fermeture de Lampedusa à l'Open Arms, des migrants continuent d'arriver sur les côtes italiennes. Selon le ministère de l'Intérieur, depuis 18 jours, 479 migrants ont débarqué en Italie, dont plus d'une centaine à Lampedusa.


 

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