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Espagne: un scandale d'abus sexuels dans des écoles catholiques devant la justice

Espagne: un scandale d'abus sexuels dans des écoles catholiques devant la justice
Joaquin Benitez (g), ex-professeur d'éducation physique accusé d'abus sexuels sur mineurs, lors de son procès, le 25 mars 2019 à BarceloneLLUIS GENE
 
 

Le procès d'un professeur d'une école catholique accusé d'abus sexuels sur mineurs a débuté lundi à Barcelone, alors qu'une vague de dénonciations d'actes pédophiles secoue l'Eglise espagnole.

Le procès de Joaquin Benitez, professeur d'éducation physique pendant près de trente ans dans une école de la congrégation des Frères maristes à Barcelone, doit durer jusqu'à mercredi.

Entré au tribunal le visage couvert par un passe-montagne, Joaquin Benitez, contre qui le parquet a requis 22 ans de prison, doit répondre aux accusations de quatre anciens élèves de l'école. Au total, 17 anciens élèves ont dénoncé des abus sexuels de sa part, mais les faits sont prescrits dans la plupart des cas.

Cette affaire a ouvert la porte à une série de révélations sur de présumés abus sexuels sur mineurs qui ont amené l'Eglise espagnole à demander publiquement pardon en novembre 2018.

Les victimes ont été les premières à être auditionnées lundi, à huis clos, pour témoigner des abus décrits dans les plaintes: attouchements, masturbations, fellations et rapports sexuels.

"Nous espérons que justice sera faite, même si la justice ne va pas réparer le mal qui a été fait aux victimes", a déclaré avant l'ouverture du procès Manuel Barbero, père de l'un des plaignants qui a fait éclater l'affaire.

Ses révélations avaient déclenché une cascade d'accusations dans trois écoles maristes de Barcelone: 43 plaintes contre 12 professeurs ou salariés de ces écoles. Seuls Benitez et un autre sont poursuivis, la majorité des autres étant couverts par la prescription.

Selon un policier interrogé à l'audience, l'accusé agissait selon un "schéma d'action clair": il faisait venir des garçons de 13 ou 14 ans dans son bureau sous prétexte de les masser ou de soigner une blessure et abusait d'eux.

Benitez doit être interrogé mardi par le tribunal mais il s'est exprimé lundi devant la presse à la fin de l'audience.

Le visage couvert, il a demandé "pardon" aux victimes et s'est justifié en mettant en avant les abus qu'il aurait lui-même subis, enfant, dans un internat catholique.

"Instinctivement, je voyais cela comme un comportement pratiquement normalisé", a déclaré Benitez, qui a aussi promis d'expliquer devant le juge le comportement des Maristes.

Interrogé par le tribunal, un responsable de la Congrégation, qui devra en cas de condamnation indemniser les victimes en tant que responsable civil, a nié avoir été au courant des abus et s'est défendu en rappelant avoir dénoncé Benitez à la justice après la première plainte en 2011.

Un policier a toutefois souligné que, durant l'enquête, le directeur de l'école où enseignait Benitez s'était contenté de transmettre le nom et prénom de l'accusé à la police, sans aucun détail supplémentaire.

Les Frères maristes -- une congrégation masculine fondée au 19e siècle et spécialisée dans l'enseignement -- ont été également impliqués en 2017 dans un énorme scandale au Chili, qui a poussé à la démission de 34 évêques dans ce pays.


 

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