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Des migrants laissés sans eau, à marcher plusieurs dizaines de kilomètres sous 45 degrés: "Je n’ai jamais vu ça, rien n'est fait pour accueillir ces gens"

Des migrants laissés sans eau, à marcher plusieurs dizaines de kilomètres sous 45 degrés: "Je n’ai jamais vu ça, rien n'est fait pour accueillir ces gens"
 
 

Le directeur des opérations de Médecins sans Frontières, Brice de le Vingne, était l’invité du RTLINFO 13H. Il revient des îles de Kos et de Lesbos, où actuellement des milliers de migrants arrivent... Il explique ce qu’il a vu sur place et qui l’a choqué: "J’ai vu une situation extrêmement difficile et assez incroyable, notamment à Kos effectivement, où vous avez vu les images de ce stade ou plusieurs centaines de personnes ont été mises… J’ai vu que nos équipes MSF font face depuis des mois à un problème extrêmement aigu, extrêmement difficile, avec un manque de volonté des autorités et notamment des autorités grecques, de vouloir donner les besoins minimum, c’est-à-dire de l’eau, pouvoir organiser l’accueil. Nous, MSF, on se retrouve à devoir pallier à tous ces manques, à plusieurs niveaux, ce sont vraiment des situations extrêmement complexes. Egalement à Lesbos, qui est cette autre île de la Grèce qui accueille beaucoup de gens, où j’ai vu il y a deux ou trois jours plusieurs centaines de gens marcher sur la route, avec des enfants, des femmes enceintes, quelqu’un qui avait besoin d’une dialyse, sous 45 degrés, sans eau, sans rien, sans transport, et ils devaient marcher plus de 50 kilomètres".


"Je n’ai jamais vu ça, ce niveau d’accueil sans qu’il n’y ait absolument rien mis en place"

Brice de le Vingne est un expert de l’humanitaire depuis déjà plusieurs années. Lorsqu’on lui demande s’il a déjà vu d’autres situations dramatiques comme celles-là, il répond: "Vraiment, j’ai déjà vu beaucoup de situations extrêmement dramatiques, mais celle-ci, et qui se passe en Europe, où il n’y a absolument rien qui est fait pour accueillir ces gens qui vont dans ces petits bateaux qui manquent de couler, donc qui sont extrêmement anxieux, quand ils arrivent ici ils n’ont rien. Je n’ai jamais vu ça, ce niveau d’accueil sans qu’il n’y ait absolument rien mis en place. Cette non-volonté politique de vouloir les aider et de vouloir faire le minimum humain qui est de les accueillir et de leur donner des soins de santé et de l’eau".


"On fait face à des situations horribles"

Qui cible-t-il ? "Je cible les autorités grecques, c’est certain. Il faut reconnaître aussi que les autorités locales ne sont pas faites pour faire face à l’accueil et à une telle crise. C’est les autorités nationales grecques, c’est également Frontex, l’Union européenne. On a une situation catastrophique pour le moment en Grèce mais il ne faut pas oublier que pour nous, Médecins sans Frontières, on a plusieurs bateaux dans la Méditerranée qui sauvent plusieurs centaines de gens tous les jours. Et on fait face à des situations horribles également. C’est ce manque de leadership et de capacité à vouloir décider vraiment de faire une action qui permettrait d’accueillir ces gens dans des conditions bien meilleures".


Des bateaux "coulés, avec les gens qui se retrouvent à l’eau"


MSF tire aussi la sonnette d'alarme : des bateaux de migrants seraient attaqués en mer par des bateaux grecs, et coulés. "On n’a pas vu ça nous directement, mais MSF a recueilli plusieurs dizaines de témoignages, nous avons remis ces témoignages aux autorités grecques et à Frontex", explique le directeur des opérations, qui répète qu’il s’agit de bateaux "coulés, attaqués, avec les gens qui se retrouvent à l’eau". "Ce sont des situations absolument hallucinantes, mais ce sont les différents témoignages que nous avons recueillis, tout à fait".


 

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