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Coronavirus: les Pays-Bas, toujours pas en confinement strict, restent moins frappés que la Belgique

Coronavirus: les Pays-Bas, toujours pas en confinement strict, restent moins frappés que la Belgique
 
CORONAVIRUS
 

"Vous ne parlez pratiquement jamais de la situation de la pandémie en Hollande ! Ce serait pourtant intéressant de comparer nos évolutions respectives vu les différences d’approches non?", nous a suggéré Daniel via le bouton orange Alertez-nous ce lundi soir. Par "différences d'approches", notre alerteur fait référence à la volonté annoncée par le gouvernement néerlandais dès le début de l'épidémie d'atteindre une immunité de groupe. Ce but justifie l'absence de confinement strict comme en Belgique. "L'immunité contre la maladie doit se fabriquer.
Ce n'est pas un but en soi mais la conséquence du fait que le virus est présent aux Pays-Bas", explique les autorités sanitaires néerlandaises. Celles-ci déclarent néanmoins que cette immunité de groupe pourrait ne pas s'acquérir si facilement: "Il apparait aussi qu'au plus l'infection est forte, au plus le nombre d'anticorps dans le sang est élevée. Les personnes qui ont eu des symptômes légers ont développé peu d'anticorps. Il y a des lors des doutes que ces personnes aient construit une immunité assez solide et ne puissent attraper une nouvelle fois le coronavirus et le transmettre à d'autres", explique l'institut de santé publique, le RIVM qui conclut en déclarant que le gouvernement adapte sa politique en fonction des connaissances sur le coronavirus qui grandissent au fur et à mesure de la pandémie et des recherches menées aux quatre coins du monde.

Un même objectif en l'absence de vaccins: évitez la surcharge des hôpitaux

Les Pays-Bas ne sont pas les seuls à savoir que la seule réponse efficace à une épidémie est d'avoir une population immunisée, c'est-à-dire qui a été infectée et a développé les anticorps pour empêcher une nouvelle infection. Tous les pays le savent. En Belgique, récemment sur le plateau du 19h, le Dr Yves Van Laethem citait la proportion de 60% de population immunisée pour s'estimer à l'abri. Le problème est qu'en attendant d'atteindre cette "immunité de groupe", le coronavirus peut tuer de nombreuses personnes. Il n'y aurait pas de problème si, comme pour la grippe saisonnière, on disposait d'un vaccin qui immunise les plus âgés et les plus faibles. La situation serait alors sous contrôle. Mais aucun vaccin n'est attendu avant un certain temps. Dès lors, la plupart des pays européens ont joué la sécurité et installé un confinement strict. Hormis quelques rares pays comme la Suède ou les Pays-Bas. Ce pays a, comme toutes les nations, un même dessein face à la pandémie. Son institut de santé publique le rappelle sur son site internet: "L'objectif est que tous les malades puissent recevoir les soins adéquats. C'est pourquoi nous cherchons à éviter la surcharge des hôpitaux, des maisons médicales, des services de soins intensifs, des médecins généralistes." Pour atteindre ce but, l'approche néerlandaise, "de aanpak" comme on dit là-bas est: "Contrôle maximal du virus et protection des groupes les plus fragiles. Si les gens n'ont pas de contact, le virus ne peut pas se propager."

Deux politiques de confinement

Au contraire de la Belgique, les Pays-Bas pensent donc jusqu'à présent qu'un confinement strict n'est pas nécessaire, faisant confiance à la discipline de sa population de maintenir la distance entre les personnes de 1m50. Le confinement à la sauce allégée néerlandaise n'est toutefois pas si éloigné du confinement sauce belge. Il est conseillé à la population de rester le plus possible chez elle, de privilégier le télétravail, de limiter ses déplacements. Les écoles, bars, restaurants, centres sportifs et de loisirs sont fermés au moins jusqu'au 28 avril. Les grands rassemblements sont annulés jusqu'au 1er juin.

Par contre, tous les magasins ont pu rester ouverts, les gens peuvent recevoir chez eux jusqu'à trois personnes (à l'exception des +70 ans qu'il est demandé de ne pas côtoyer) et on peut se rassembler à quelques-uns à l'extérieur. Même les marchés extérieurs peuvent continuer (sous réserve d'une autorisation du pouvoir régional). Toutes ces libertés ont cependant une exigence: le maintien de la distanciation sociale d'1m50 que nous connaissons désormais bien en Belgique. Sous peine de sanction.

Les chiffres actuels

Il y a donc des différences. Cette tolérance néerlandaise par rapport à la Belgique se marque-t-elle dans les chiffres officiels ? Jusqu'à présent, non. Si on se place du point de vue du nombre de décès par rapport à la population totale, la Belgique est même beaucoup plus touchée. Elle figure d'ailleurs parmi les pays les plus touchés au monde.

Aux Pays-Bas, on a testé positivement 27.419 personnes au Covid-19. Ce mardi 14 avril, on comptait 8939 hospitalisations et on déplorait un total de 2.495 décès, précisant qu'il pouvait y avoir un délai entre le décès à l'hôpital et son rapport. En Belgique, le nombre de tests positifs n'est guère éloigné: 31.119. Mais le nombre de décès est, par contre, nettement supérieur: 4157 pour une population pourtant moindre (11,46 millions d'habitants) que celle des Pays-Bas (17,28 millions).

Différence culturelle

Comment expliquer cette différence ? On ne peut bien entendu établir que des hypothèses. La Belgique a été touchée plus tôt par l'épidémie que les Pays-Bas (en tout cas si on se base sur les cas confirmés) et le nombre de décès s'est fortement accru ces deux dernières semaines. Nul ne peut présager que nos voisins ne vont pas connaître une envolée prochaine. Le Premier ministre Mark Rutte a d'ailleurs toujours déclaré que le confinement pourrait évoluer si la situation s'aggravait. En Belgique, tous les décès Covid-19 dans les maisons de retraite ont été intégrés. Est-ce le cas aux Pays-Bas ?

Au-delà de la stratégie sanitaire, il faut aussi voir derrière la différence de confinement une différence culturelle. Les Pays-Bas sont un pays libéral à la population très attachée aux libertés individuelles, comme c'est le cas dans de nombreux pays du nord. "Nous sommes habitués à notre liberté, et jamais nous ne serions d’accord pour que la police nous suive partout. Nous sommes cependant responsables et disciplinés", expliquait il y a quelques jours un spécialiste en immunologie Kees Brinkman dans le magazine Reporterre. Des restrictions concernent seulement les maisons de retraite où les personne.

(Source principale: le site du RIVM, l'institut de santé publique néerlandais)


 

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