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Coronavirus: l'Allemagne "fait le ménage" dans ses abattoirs

Coronavirus: l'Allemagne "fait le ménage" dans ses abattoirs
Entrée de l'usine WestFleisch de transformation de viande, important foyer de coronavirus. Elle est située à Dissen en Allemagne. Image prise le 18 mai 2020 Ina FASSBENDER
 
 

L'Allemagne a renforcé l'encadrement du travail dans ses abattoirs, en interdisant les contrats de sous-traitance qui permettent de recourir massivement à des travailleurs détachés d'Europe de l'Est, après une série de cas de coronavirus dans ces établissements.

"A partir du 1er janvier 2021, l'abattage et la transformation de la viande ne pourront être effectués que par les salariés de l'entreprise" finale, a annoncé mercredi le ministre du Travail allemand Hubertus Heil.

"Il faut mettre fin à l'irresponsabilité", a estimé Hubertus Heil, parlant de la nécessité de "faire le ménage" dans le secteur.

Cette interdiction mettra fin à une pratique très répandue dans l'industrie de la viande, consistant à faire appel massivement à de la main d'oeuvre venue d'Europe de l'Est, embauchée par des entreprises de ces pays, puis "détachée" en Allemagne via des "contrats de prestation".

Ce modèle est accusé de "déresponsabiliser" les entreprises allemandes, selon le syndicat allemand de l'alimentaire NGG, car les conditions de travail de ces salariés restent sous la responsabilité des entreprises sous-traitantes.

- 200.000 personnes -

Selon le gouvernement, sur les 200.000 personnes travaillant dans l'industrie de la viande en Allemagne, entre "50% et 80%" sont aujourd'hui embauchées sous ce type de contrats.

Dénoncé depuis plusieurs années, le recours à la sous-traitance "détachée" a suscité une nouvelle polémique ces dernières semaines après la découverte de plusieurs foyers d'infection dans divers abattoirs du pays.

Plus de 90 employés d'un abattoir du nord-ouest de l'Allemagne, à Dissen, ont été testés positifs au nouveau coronavirus, alors que la pandémie marque le pas partout dans le pays.

Un "grand nombre" d'entre eux étaient employés dans le cadre d'un contrat de sous-traitance, vivant souvent dans des habitats collectifs aux conditions d'hygiène controversées.

Un autre abattoir de l'Etat de Schleswig-Holstein, dans le nord, a récemment fait état de plus de 100 cas, et 60 employés d'un établissement de Bavière ont été contaminés.

Le plan présenté mercredi prévoit également un renforcement des contrôles, notamment dans les habitats collectifs où sont logés ces salariés.

Ce plan vise "les usines de viandes industrielles" et pas "les petits abattoirs", a précisé Hubertus Heil.

Reste que cette décision a provoqué l'ire des représentants du secteur, qui s'est reposé pendant des années sur les faibles coûts du travail de ces salariés pour gagner des parts de marché au niveau européen.

- Craintes du secteur -

"Une grande partie des activités de transformation de la viande vont devoir être déplacés à l'étranger", a déclaré le chef de VDF, l'organisation du secteur en Allemagne, dans une interview au groupe de presse régional Funke.

Au contraire, les syndicats ont bien accueilli la nouvelle. Celui de l'alimentaire NGG a estimé que cela mettait enfin un terme à des conditions de "travail inhumaines dans cette industrie".

Au delà de l'Allemagne, les cas se multiplient dans les abattoirs de plusieurs pays.

En France, plus de cent personnes ont été aussi testées positives au Covid-19 dimanche dans deux "clusters" au sein de deux abattoirs.

Dans le premier, un établissement des Côtes-d'Armor (Bretagne), où six cas avaient été signalés vendredi, les tests ont fait apparaître 63 autres cas positifs, selon l'Agence régionale de santé.

Dans le Loiret, 400 salariés d'un abattoir de Fleury-lès-Aubrais - où un foyer de 34 cas de Covid-19 a été confirmé, sans forme grave - ont subi un dépistage cette semaine.

Aux Etats-Unis, plusieurs abattoirs sont devenus des foyers de contagion du Covid-19.


 

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