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Ces voyageurs en camping-car bloqués par le coronavirus en Grèce

 
 

Près du port d'Igoumenitsa, dans un camping réquisitionné de Grèce, une vingtaine de voyageurs en camping-car, bloqués par la pandémie du coronavirus et la fermeture des frontières terrestres, regardent passer les ferries, en espérant pouvoir embarquer un jour pour regagner leur pays.

"La liberté est de l'autre côté du camping, c'est comme si les ferries nous narguaient", raconte à l'AFP Béatrice Fillon, une Française arrivée début février en Grèce avec son mari et sa fillette.

"C'est rageant: on voit trois ou quatre ferries qui passent mais ils sont uniquement réservés aux marchandises", renchérit son compatriote Damien Pennes, surpris par la pandémie alors qu'il déménageait de Crète avec son mari et leurs quatre chiens.

Au total, ils sont une centaine de Français, selon une estimation de l'ambassade de France, auxquels s'ajoutent un nombre indéterminé d'autres ressortissants européens, à être bloqués en Grèce avec leurs camping-cars depuis la fermeture des frontières des pays des Balkans, à la mi-mars.

Eparpillés en majorité dans la péninsule du Péloponnèse (sud-ouest) et dans l'Epire (nord-ouest), beaucoup espèrent pouvoir embarquer avec leurs véhicules pour transiter par la route vers leurs pays respectifs.

"La population en camping-car a été oubliée. (Les autorités) n'ont pas vraiment pensé aux gens bloqués", en attendant une "hypothétique" réouverture des frontières, observe la Britannique Samantha Boobier.

Confinée dans le camping de Drepaon Beach à Igoumenitsa avec son époux, leurs deux jeunes enfants et leur chien, Samantha a refusé, comme les autres ressortissants européens du camping, de faire le voyage retour en avion, malgré l'insistance des autorités consulaires.Car, pour nombre de ces voyageurs, partis en villégiature pour de longs mois à travers l'Europe, rentrer en avion implique de laisser un véhicule pour lequel ils ont longtemps économisé.

"On a toute notre vie dans notre camping-car", explique Laurence Perez, une retraitée de 60 ans, partie en couple de Grenoble pour un tour de six mois en Europe.

En outre, avec un virus extrêmement contagieux, "on prendrait plus de risques à prendre l'avion", estime sa compatriote Marleen Blanc, 73 ans.

"Qu'est-ce qu'on fait ici? On passe la journée à la faire passer", commente la septuagénaire de Toulon.

- "La peur s'installe" -

Pour Damien Pennes, "bloqué ici sans ressources", "la peur s'installe, le stress et l'inquiétude de ne pas avoir assez de vivres", pressé de regagner le Pays Basque.

"On demande à rentrer chez nous", s'impatiente Béatrice Fillon, qui, "enfermée derrière les grilles" du camping, a déplacé le véhicule familial en rase campagne, au risque d'être verbalisée.

En congé parental avec son mari, elle "ne demande pas à ce que l'Etat français paye pour le retour" mais elle essaie de "faire bouger les choses" pour quitter rapidement la Grèce.

Le consulat de France a déclaré à l'AFP "attendre des autorisations de débarquer et de transiter sur le territoire italien".

"Qu'ils nous confinent sur le bateau, s'ils veulent", supplie la pharmacienne Laurence Mollier, qui promet de traverser l'Italie sans "s'arrêter" jusqu'à Sallanches, au pied du tunnel du Mont-Blanc.

- Plages et eaux turquoises -

Pour rentrer en Espagne, où elle a un appartement près de Séville, la famille Boobier "ne veut pas prendre le risque de rester bloquée sur l'épicentre du coronavirus" en Italie. "Ici nous sommes plus en sécurité", estime-t-elle, alors que le coronavirus a fait 81 morts et 1.800 cas en Grèce.

Le Britannique Alan Henderson, 55 ans, n'est pas pressé non plus. Il veut d'abord "s'assurer" de ne pas être soumis à une quarantaine obligatoire en Italie et en France, avant de tenter un retour en Angleterre."Je ne pense pas que cela arrive avant un moment", prédit-il, car le confinement en Grèce a été prolongé jusqu'au 27 avril. "Nous sommes là pour rester, nous avons tout ce qu'il nous faut", ajoute cet Anglais de Norfolk.

Avec la mer Ionienne face à lui, l'île paradisiaque de Corfou en vue, les plages aux eaux turquoises où l'"on peut se promener", il soupire: "c'est un merveilleux endroit pour être confinés quand on voit ce qu'il se passe ailleurs dans le monde".


 

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