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Au QG du FPÖ autrichien, on trinque à un succès au-delà de toute espérance

 
 

Drôle de victoire: dans les rangs de l'extrême droite autrichienne, on se félicite du résultat historique enregistré dimanche, mais on sent bien que transformer l'essai et bâtir une majorité ne sera pas facile.

"Je suis un grimpeur, mais le sac que je dois monter jusqu'au sommet sera lourd à porter", a déclaré Herbert Kickl, le sportif chef du parti FPÖ, en arrivant sous les hourras dans un restaurant du centre de Vienne, transformé en quartier général.

Entre pintes de bière, cigarettes et costumes traditionnels autrichiens, Erik Berglund, serveur de 35 ans, savoure les résultats.

Près de 30%, encore mieux que les sondages, il n'espérait pas autant. "C'est un énorme succès parce qu'on a le meilleur chef de parti", Herbert Kickl, commente pour l'AFP ce militant conquis.

Les électeurs se sont mobilisés mais il s'attend désormais à des négociations ardues: "nous n'aurons certainement pas de gouvernement avant Noël", pronostique-t-il.

Et pour cause: ni les conservateurs ni les socialistes, qui enregistrent une déroute, ne veulent s'allier avec cette formation fondée par d'anciens nazis flirtant avec les conspirationnistes.

Leurs représentants sont hués par la foule lorsqu'ils apparaissent sur les écrans positionnés un peu partout sous les lumières bleu électrique - la couleur du FPÖ.

Ils diffusent des chaînes privées et surtout pas la puissante télévision publique ORF, jugée partiale et honnie par le FPÖ.

- "Phare dans la nuit" -

"De multiples facteurs expliquent notre victoire", analyse Hilmar Kabas, un cadre membre depuis les "années 1960" et "tellement heureux" de cette première place. Mais c'est d'abord la "faiblesse des autres qui fait qu'on est plébiscités".

Demandes d'asile trop importantes, économie en berne, vie chère... les sympathisants affublés de parkas "Team Kickl" égrènent les sujets portant leurs idées, dans un contexte européen de hausse des partis protestataires.

Hors de question en tout cas de céder au "diktat" du chancelier sortant conservateur Karl Nehammer qui ne ferme pas la porte au FPÖ mais sans Kickl.

"Ce ne sont pas les autres partis qui décident pour nous", tranche M. Kabas, préférant dans ce cas rester dans l'opposition.

Un militant en loden du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) est venu spécialement de Bavière pour fêter avec ses "amis" cette victoire. "L'Allemagne regarde vers Vienne ce soir", dit-il, sous un panneau où est écrit "Merci l'Autriche".

Il ne veut pas donner son nom, mais il a apporté un cadeau pour Herbert Kickl: un petit phare bleu gravé à son nom car "il est un phare dans notre nuit", souffle-t-il.

La députée sortante Petra Steger estime que le président écologiste Alexander Van der Bellen doit désormais "respecter les électeurs" et désigner le chef du FPÖ pour former un gouvernement. "C'est comme ça que ça fonctionne, dans une démocratie", lance-t-elle.

Le dirigeant, qui avait fait part il y a quelques mois de ses réticences envers Herbert Kickl, a promis dans la soirée de veiller à la nomination d'un gouvernement n'ébranlant pas "les fondements" démocratiques du pays alpin.

Devant le Parlement, quelques centaines de personnes se sont réunies pour dire "non à Kickl". "Les nazis dehors", scandent-ils.

Juliana Hofmann, étudiante de 19 ans, confie sa "tristesse". "D'une certaine manière, on n'a rien appris de l'histoire".


 

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