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Pologne: un vent favorable se lève pour les éoliennes

Pologne: un vent favorable se lève pour les éoliennes
Un parc éolien près de Kisielice dans le nord de la Pologne, en 2011JANEK SKARZYNSKI
 
 

Après quelques années de crise, dues à une législation prohibitive, l'éolien polonais voit s'ouvrir devant lui de nouvelles perspectives de développement.

Heureuse coïncidence, le vent tourne à quelques semaines de la conférence mondiale sur le climat COP24 qui s'ouvre à Katowice le 2 décembre et l'image de la Pologne, souvent perçue comme un pays de smog viscéralement attaché à son charbon, s'en trouve quelque peu améliorée.

"Nous sommes sur la bonne voie", dit à l'AFP Janusz Gajowiecki, président de l'Association polonaise de l'énergie éolienne (PSEW).

Il parle de la première attribution aux enchères, prévue le 5 novembre, d'aides publiques destinées aux projets censés produire l'énergie la moins coûteuse et portant sur l'installation de fermes à vent dont la puissance totale atteindra 1.000 mégawatts.

Le nouveau système - deux autres séances d'enchères sont prévues ultérieurement - remplace les "certificats verts" qui, jadis prisés, ont vu faiblir leur rôle d'incitation pour l'éolien.

Ces certificats négociés en Bourse - une prime pour les producteurs - étaient attribués à tous les types d'énergie de sources renouvelables.

Du coup, les centrales hydroélectriques en état de marche en recevaient beaucoup sans bourse délier, ce qui n'était pas le cas dans l'éolien, explique Anna Ogniewska, experte de la fondation Greenpeace Polska.

"Quand les investisseurs ont vu que les prix des certificats baissaient et leurs profits aussi, ils ont commencé à se retirer", ajoute-t-elle.

- Coup dur -

Mais le coup dur est arrivé avec la loi dite "10H", entrée en vigueur en 2016, qui interdit la construction d'éoliennes à une distance des habitations inférieure à dix fois leur hauteur. Autrement dit, une éolienne de 200 mètres de haut doit être éloignée d'au moins 2 km de la maison la plus proche.

Selon les industriels, compte tenu des nécessités de branchement au réseau et d'autres paramètres, cette loi a fermé aux éoliennes quelque 90% du territoire du pays, précise Mme Ogniewska. Coup de grâce, les communes ont été autorisées en 2017 à taxer non seulement les bâtiments, mais aussi l'équipement mécanique des moulins à vent.

L'éolien terrestre s'est mis en mode arrêt, seuls les projets en mer, par ailleurs fort prometteurs et conçus par de grands groupes, ont continué.

S'apercevant du problème qu'il a créé, le gouvernement conservateur a assoupli indirectement la législation en juillet dernier. La taxation des équipements a été abandonnée à partir du 1er janvier 2018 et la période pendant laquelle il est permis de réaliser les projets d'avant la "loi 10H", sans en tenir compte, a été portée de trois à cinq ans.

Cette mesure est un ballon d'oxygène pour les industriels: les projets ainsi autorisés - qu'il faudra réaliser d'ici 2020 - représentant 3.000 mégawatts à installer, se réjouit M. Gajowiecki.

Mais la "loi 10H" reste et risque d'assombrir un avenir plus distant.

- Sources "palpables" -

Il est peut-être trop tard pour que la Pologne parvienne à respecter son objectif de 15% de l'énergie provenant de sources renouvelables en 2020 (20% pour l'ensemble de l'UE), mais au moins son retard sera relativement moins important.

Selon les dernières données officielles disponibles, en 2016, cette part était de 11,30%, en baisse par rapport à l'année précédente (11,93%).

L'éventuel déficit polonais en 2020 devra être couvert par un "transfert statistique" - Varsovie devrait racheter, à un pays ayant dépassé le niveau requis, son "excédent vert".

En attendant, les écologistes notent une certaine évolution chez certains députés du parti au pouvoir, le PiS.

"Il y a au sein du PiS différentes tendances et on y trouve des gens qui soutiennent les énergies renouvelables, dit Anna Ogniewska, mais la majorité est toujours favorable au charbon, au gaz, à la géothermie qui sont en quelque sorte +palpables+ et se méfie des sources +insaisissables+ comme le vent ou le soleil".

Greenpeace déplore toujours le soutien continu de l'Etat au charbon, que l'organisation évalue à des milliards d'euros.

Toujours en 2016, l'éolien arrivait en deuxième position dans le mix des énergies renouvelables en Pologne, avec 12%, après la biomasse (71%). Suivait le biodiesel (10%), le biogaz (3%), et l'énergie hydraulique (2%). La combustion de déchets, les pompes à chaleur, le solaire et la géothermie se sont situés tous au dessous de 1%.


 

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