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Opération de rapatriement hors normes après la faillite de Thomas Cook

 

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Le voyagiste britannique Thomas Cook a brutalement fait faillite lundi, contraignant les autorités à lancer immédiatement un rapatriement sans précédent de ses quelque 600.000 clients en vacances dans le monde, tandis que commençait le démantèlement de ce grand nom du tourisme.

Thomas Cook, pionnier des voyages organisés, a mis la clé sous la porte après l'échec d'un week-end marathon pour trouver de nouveaux investisseurs ou convaincre les créanciers du groupe de revoir à la baisse leurs exigences de fonds supplémentaires.

"C'est un jour incroyablement triste pour le secteur britannique de l'aviation et du voyage. Thomas Cook a été l'une de nos marques les plus reconnaissables pendant plus d'un siècle", s'est désolé Tim Alderslade, directeur de l'association Airlines UK. Environ 22.000 employés du groupe risquent de perdre immédiatement leur emploi, dont 9.000 au Royaume-Uni.

Les autorités britanniques ont déclenché lundi un plan de rapatriement d'urgence de 150.000 de leurs ressortissants, le plus gros jamais mis en place en temps de paix, surnommé "Opération Matterhorn", du nom d'une campagne américaine de bombardements pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Quarante avions ont été affrétés et 1.000 vols sont prévus par l'Autorité britannique de l'aviation civile (CAA).

Le célèbre voyagiste était présent dans toute l'Europe ainsi qu'en Thaïlande, en Chine, aux Emirats arabes unis, aux Maldives... Mais il focalisait ses activités sur le pourtour méditerranéen et l'Europe du sud.

De 25.000 à 30.000 clients du groupe se trouvaient lundi aux Baléares, 15.000 à Chypre, 50.000 en Grèce, etc.

Les autres pays de l'Union européenne devaient également superviser le retour de leurs ressortissants, qui devraient bénéficier de la directive européenne ATOL protégeant les voyages pré-payés: 140.000 Allemands sont concernés mais également 10.000 Belges et autant de Néerlandais et de Français.

Selon la BBC, 14.000 vacanciers devraient être acheminés au Royaume-Uni d'ici lundi soir. Le coût du rapatriement devrait tourner autour de 100 millions de livres, selon le gouvernement britannique. Quelque 22.000 touristes en Grèce pourraient rentrer chez eux dans les trois jours, a indiqué le gouvernement local.

La touriste britannique Lucy Jessop doit ainsi rentrer de deux semaines au Mexique mardi. Initialement "inquiète", elle a été rassurée en voyant que des vols alternatifs étaient organisés.

Outre ceux qui attendaient de rentrer chez eux, d'autres se désolaient de voir des vacances de rêve planifiées de longue date tomber à l'eau, comme Lewis et Amy Bromiley, originaires de Manchester, qui avaient payé 7.000 livres pour une lune de miel aux Maldives en janvier.

"Ma femme et moi sommes dévastés", d'autant que "le remboursement pourrait prendre des mois", a témoigné M. Bromiley.

Si en Grande-Bretagne les activités ont cessé dès minuit, les filiales de certains pays assuraient que les activités se poursuivaient. Un porte-parole en Belgique a ainsi précisé que "Thomas Cook poursuivaient ses opérations, les avions partent avec des clients pour les amener à destination".

Si une part de "perturbations" est inévitable, comme l'admet la CAA, les garanties locales pour les voyageurs -- notamment ATOL pour la Grande-Bretagne -- prévoient que les vacanciers rentrent à la date prévue et puissent achever leurs vacances normalement.

- Chasse aux coupables -

Au Royaume-Uni, la disparition d'un grand nom national du tourisme choquait et la chasse aux coupables commençait.

"Moment très préoccupant pour les salariés et les clients de Thomas Cook", a notamment tweeté Dominic Raab, le chef de la diplomatie.

Si le groupe cesse immédiatement ses activités en son nom au Royaume-Uni, les administrateurs -- les cabinets AlixPartners et KPMG -- pourraient vendre certaines filiales.

La ministre des Entreprises Andrea Leadsom a appelé à une enquête "accélérée".

Thomas Cook était dans la tourmente depuis plusieurs années accusant la concurrence des voyages en ligne à bas prix, d'attaques terroristes qui avaient fait peur aux touristes potentiels, et de l'interminable saga du Brexit incitant les consommateurs à la prudence.

"C'est un modèle qui a vécu. Maintenant tout le monde achète en ligne. Mais quand on va chez eux, c'est pour avoir du conseil", a déclaré à l'AFP Nicolas, un client de la filiale Jet Tour qui devait partir à la Guadeloupe en janvier.

Le destin du voyagiste s'est joué en quelques jours: des créanciers lui ont demandé la semaine dernière de trouver 200 millions de livres (227 millions d'euros) de financements supplémentaires pour valider un plan de sauvetage de 900 millions de livres mené par le chinois Fosun, premier actionnaire et déjà propriétaire de Club Med.

"Bien qu'un accord ait été déjà largement approuvé, une requête pour des fonds supplémentaires ces derniers jours a présenté une difficulté qui s'est révélée insurmontable", a souligné le patron du groupe Peter Fankhauser. Fosun s'est, pour sa part, dit "déçu".

L'opposition travailliste britannique a estimé que le gouvernement conservateur aurait dû porter secours à Thomas Cook, arguant que ce sauvetage serait bien moins coûteux que celui dont avait bénéficié la banque RBS, l'une des créancières du voyagiste.


 

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