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Grèves, manifestations: les opposants à la loi Travail veulent inscrire la mobilisation dans la durée

 
 

Nouveaux blocages, grèves dans les transports, manifestations plus fournies que mardi: face à la fermeté de l'exécutif, les opposants au projet de loi travail ont maintenu jeudi la pression en France, et ont promis de nouveaux temps forts les 26 mai et 14 juin.

Dans toute la France, la CGT a dénombré 400.000 manifestants et les autorités 128.000, contre respectivement 220.000 et 68.000 mardi. "Et le Premier ministre ose parler d'essoufflement!", a raillé le syndicat dans un communiqué, après cette septième journée de mobilisation depuis début mars.

Réunie dans la soirée, l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, FIDL et UNL) a montré sa détermination à maintenir la pression dans les prochaines semaines. Le 26 mai aura lieu une nouvelle "journée nationale de grève, manifestations et actions" dans toute la France.

Et les syndicats entendent aller plus loin et "renforcer l'action par une journée de grève interprofessionnelle avec manifestation nationale à Paris le 14 juin, au début des débats au Sénat".

Ils ont par ailleurs décidé d'organiser "une grande votation dans les entreprises, les administrations et les lieux d'étude" pour "poursuivre avec les salarié-es et les jeunes les débats sur la loi travail" et obtenir le retrait du texte.

Ils "en appellent solennellement au Président de la république", estimant que le gouvernement "n'a pas d'autre issue que celle du dialogue avec les organisations qui luttent pour le retrait de ce projet de loi".

- 'climat plus serein' -

A Paris, le cortège, qui a rallié Nation à la Place d'Italie a rassemblé 100.000 personnes selon la CGT, jusqu'à 14.000 selon la police. Mardi, le syndicat avait dénombré 55.000 personnes, les autorités 12.000.

A la suite des violences des précédents rendez-vous, les services d'ordre (SO) syndicaux, eux-mêmes pris à partie la semaine dernière, étaient sur le qui-vive, mais cette fois ils n'ont pas été agressés, contrairement à mardi.

Si la police a usé de lacrymogènes, la préfecture de police de Paris n'en a pas moins salué dans un communiqué le "climat plus serein et ponctué de peu de heurts" qui a caractérisé le cortège parisien.

Au cours de la journée, le ministère de l'Intérieur a dénombré 115 interpellations dans toute la France dont 66 à Nantes, a indiqué son porte-parole Pierre-Henry Brandet.

Au total, 11 policiers et gendarmes ont été blessés ainsi que deux manifestants, dont une femme percutée dans l'Allier par un automobiliste qui a forcé un barrage filtrant, et souffrant apparemment de fracture.

Dans la cité nantaise, la manifestation était interdite et a donné lieu à près de trois heures de jeu du chat et de la souris entre les quelque 800 manifestants dénombrés par les autorités et les forces de l'ordre, qui ont chargé avec des gaz lacrymogènes.

"Etat d'urgence, État policier, on ne nous enlèvera pas le droit de manifester", scandaient les participants.

Ailleurs, les autorités ont recensé 6.000 personnes à Saint-Nazaire, 4.500 au Havre, 2.900 à Rouen, 3.300 à Bordeaux, 3.000 à Lyon, 4.000 à Toulouse... Les estimations fournies par les organisateurs étaient généralement 2 ou 3 fois supérieures.

- Terminaux pétroliers bloqués -

Parallèlement, des grèves de routiers et de cheminots, entamées en début de semaine, appuyaient le mouvement, notamment avec des barrages filtrants organisés dans la matinée autour de plusieurs villes.

Près du Havre, deux raffineries ont été bloquées, comme l'accès aux terminaux pétroliers du Grand port à La Rochelle. En début de soirée, le dépôt de carburant de Douchy-les-Mines, près de Valenciennes, était encore bloqué par une centaine de manifestants.

trains Dans le quart Nord-ouest, quelque 70 stations-service Total étaient en rupture de carburants, soit presque un cinquième du réseau.

Côté trains, la circulation a été perturbée pour la deuxième journée consécutive, surtout sur certaines lignes régionales, moins en Ile-de-France. Deux TGV sur trois étaient prévus. La SNCF a dénombré 13,8% de grévistes, la CGT "plus d'un cheminot sur trois".

Dans le ciel, le mouvement a entraîné la suppression de 15% des vols prévus à Orly.

Adopté en première lecture après un recours à l'article 49-3 de la Constitution, le projet de loi instaure la primauté des accords d'entreprises sur les accords de branche, casus belli pour ces syndicats. Il ouvre aussi la possibilité de référendums d'entreprise, d'accords "offensifs", crée le compte personnel d'activité et étend la garantie jeunes.


 

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