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Licencié après avoir été photographié assoupi, un agent de propreté se défend au tribunal

Licencié après avoir été photographié assoupi, un agent de propreté se défend au tribunal
Un agent de propreté conteste aux prud'hommes de Créteil son limogeage pour une photo postée à son insu sur internet le montrant, en tenue de travail, allongé sur le rebord d'une vitrine parisienneJACQUES DEMARTHON
 
 

"C’est le licenciement du buzz": un agent de propreté a contesté mardi aux prud'hommes de Créteil son limogeage pour une photo postée à son insu sur internet le montrant, en tenue de travail, allongé sur le rebord d'une vitrine parisienne.

"Pour nous cette photo, une photo volée, n’est pas acceptable comme justification d'un licenciement pour faute grave", résume Joachim Scavello, l'avocat d’Adama Cissé.

En septembre 2018, cet employé d'une filiale de Derichebourg avait fait une pause, prévue dans son contrat, pendant une tournée de collecte des déchets des poubelles de rues à Paris -- son travail depuis 2011.

Il enlève ses chaussures de sécurité --en raison de douleurs au pied gauche, selon ses explications-- et s'allonge sur le trottoir parisien, pieds nus, vêtu de sa tenue verte et jaune fluo.

Sur Twitter, une internaute le prend en photo et poste le cliché avec un commentaire acerbe: "Voilà à quoi servent les impôts locaux des Parisiens à payer les agents de propreté à roupiller, on comprend pourquoi Paris est si dégueulasse".

Un mois plus tard, en octobre 2018, Adama Cissé est convoqué par son employeur et licencié dans la foulée pour "faute grave".

"Cette attitude révélant votre volonté de vous assoupir durant votre service a fait l'objet d'une sévère réclamation de notre client", justifie alors son employeur, la société Polysotys.

- "Ca ne se fait pas" -

A l'audience, l'ancien agent de propreté de 37 ans se dit d'abord choqué par la diffusion du cliché à son insu.

"La personne qui a pris la photo n’a pas cherché à comprendre ce qui se passait, elle ne s’est pas préoccupée de ma santé, ça ne se fait pas", déclare-t-il.

Son avocat invoque également le "droit à l’image" et conteste surtout que cette photo soit une "preuve acceptable" de la faute grave supposément commise par son client.

"Aujourd’hui, on a des juges à chaque coin de rue avec leur smartphone, prêts à juger n’importe qui", soulève-t-il, assurant par ailleurs que la photo a "prétendument heurté" l’image de la société Polysotys.

"Ils (l’employeur ndlr) ne se sont pas plaints d’une mauvaise prestation mais d’une mauvaise image", a-t-il déclaré au sortir de l’audience.

En conséquence, l'avocat demande des compensations financières et l'annulation du licenciement pour faute grave.

Face à lui, la société Polysotys assure qu'Adama Cissé n'a pas été licencié pour "faire un exemple" ou pour répondre au tweet.

Selon son avocate Gaëlle Le Breton, s'il est "clair" dans le règlement de la société que les employés la représentent lors de leur travail, ce n'est pas la raison principale du licenciement.

Juste avant l’audience, elle a ainsi communiqué deux nouvelles pièces mettant en cause M. Cissé: un avertissement pour non-respect des règles de sécurité et une notification d’absence injustifiée.

"Ces courriers tentent de jeter encore plus de discrédit (sur mon client, ndlr)", lui répond Me Scavello, avant de répliquer point par point à ces deux mises en cause.

La décision a été mise en délibéré au 19 juin.


 

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