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Entre coronavirus et krach pétrolier, lundi noir sur les marchés mondiaux

 
 

Une marée de rouge sur les écrans boursiers, des plongeons inédits, des supensions de séance: emportée par un krach pétrolier et la crainte exacerbée d'une dépression économique mondiale à cause du nouveau coronavirus, la séance sur les marchés financiers lundi rappelait le cataclysme financier de la fin 2008.

"C'est l'une des pires journées que j'ai vécues en Bourse", confie à l'AFP Oliver Roth, stratège chez Oddo Seydler Bank, à Francfort, où le Dax a connu sa plus lourde chute depuis 2001 (-7,94%).

Comme la Bourse allemande, les marchés européens ont connu des décrochages spectaculaires: -8,39% pour le CAC 40 parisien, -7,69% pour l'indice londonien FTSE-100, deux variations qui n'avaient pas eu lieu depuis 2008. La Bourse de Milan a perdu plus de 11%, celle de Madrid 7,96%.

A la Bourse de New York, l'effondrement des indices en début de séance a même déclenché une interruption automatique des échanges pendant 15 minutes, le temps que les investisseurs reprennent leurs esprits et que l'argent puisse un peu circuler sur le marché.

Son indice vedette, le Dow Jones, a finalement perdu 7,79%, encaissant sa pire séance depuis 2008.

Les grandes places européennes, comme le Dow Jones, cumulent des pertes tournant autour de 20% depuis leurs récents pics.

Les investisseurs étaient déjà échaudés ces dernières semaines par la propagation du coronavirus. Mais s'y est ajouté le stress lié à l'or noir, qui a connu lundi sa pire chute depuis la première guerre du Golfe en 1991 en s'effondrant d'environ 25% à Londres comme à New York.

La chute de plus de 30% des prix des barils de brut en tout début de séance a fait se lever un vent de panique qui des Bourses d'Asie s'est propagé à l'Australie puis à celles du Golfe, avant de rejaillir sur les marchés européens et de contaminer Wall Street.

L'indice de volatilité VIX, traditionnellement surnommé "indice de la peur", évolue au plus haut depuis fin 2008.

Les marchés ont passé "un cap psychologique" avec ce déclin boursier "d'une violence absolue", observe Alexandre Baradez, analyste chez IG France.

Seules les obligations souveraines américaines et allemandes, considérées comme des valeurs refuge, profitaient de la panique boursière, les taux d'intérêt à dix ans tombant à des plus bas niveau de leur histoire.

"La férocité du mouvement de vente des actifs risqués reflète une réévaluation massive concernant la croissance mondiale", les investisseurs passant en un peu plus de deux semaines "d'une certaine complaisance généralisée à l'intégration d'une probable récession", commente Paul O'Connor chez Janus Henderson Investors.

"Les investisseurs sont incertains quant à la nature du virus, son impact économique potentiel et sa réponse politique. Le choc pétrolier a ajouté à la confusion et à l'incertitude", ajoute-t-il.

En cause, la décision de l'Arabie saoudite d'adopter une politique de la terre brûlée en baissant drastiquement le prix de son or noir, après l'échec de négociations en fin de semaine dernière avec la Russie.

- Double choc -

Les marchés se raccrochent désormais à l'espoir d'une réponse coordonnée à la fois des banques centrales et des gouvernements aussi bien en terme de politique monétaire que de politique budgétaire.

Plusieurs milliards ont d'ores et déjà été débloqués aux Etats-Unis et en Italie pour répondre à cette crise sanitaire inédite, et l'Allemagne a annoncé des mesures, mais des intervenants de marché relèvent que ces plans manquent d'ambition et de coordination.

D'autant que cette épidémie intervient à un moment où de nombreuses entreprises sont endettées. Le marché craint un assèchement du financement de l'économie réelle.

Les gouvernements doivent apporter "une réponse internationale coordonnée" pour atténuer l'impact économique de l'épidémie du coronavirus, souligne lundi l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), les exhortant à prendre des mesures budgétaires, monétaires et financières "importantes".

Les dirigeants européens tiendront mardi une visioconférence pour coordonner leurs actions face au coronavirus.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé lundi que la Chine (plus de 80.700 cas) était "en train de maîtriser l'épidémie", mais elle a parallèlement averti que "la menace d'une pandémie" à l'échelle de la planète était "devenue très réelle".

burs-aue/jum/vog/sl


 

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