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La manif' d'hier était-elle un succès? "Une frange non-négligeable de la population reste mobilisée"

La manif' d'hier était-elle un succès? "Une frange non-négligeable de la population reste mobilisée"
 
 

Dans sa rubrique BEL RTL Eco, Bruno Wattenbergh débriefe la grande manifestation d’hier. Etait-elle un succès et surtout que pourrait-il se passer après?

Est-ce que la manifestation nationale d’hier est un succès … ou pas ? Difficile à mesurer... D’un côté, malgré 100.000 manifestants, la manifestation nationale n'a eu qu'un impact limité sur les 2.200.000 travailleurs du secteur privé. 90% des 1.000 entreprises interrogées par le le patronat flamand ont indiqué qu'aucune perturbation n'a été enregistrée. En Wallonie, 5 entreprises de la province de Liège et 5 dans le Hainaut ont été complètement à l'arrêt.


Est-ce qu’on peut dire que hier c’était surtout une manifestation du secteur public ?

Il y avait hier plus que probablement une majorité de travailleurs du public, mais aussi de nombreux professionnels syndicaux, des permanents, des délégués, … Mais pas seulement. Il y avait aussi des partis politiques, des représentants de la société civile … et des travailleurs du secteur privé. Et donc, selon moi, la manifestation démontre clairement qu’une frange non-négligeable de la population reste mobilisée, elle n’est pas d’accord avec la politique du gouvernement et entend le faire savoir.


Des manifestants et un gouvernement qui n’ont jamais parus aussi éloignés l’un de l’autre ?

Effectivement. Mais c’est parfaitement compréhensible. Nous sommes à la fin d’un cycle de progrès social quasi ininterrompu. Un progrès construit grâce au dialogue social, mais aussi à la croissance économique. Quand il y a de la croissance et des gains de productivité, il est facile de les partager entre les fournisseurs de travail et de capital. Mais nous ne sommes plus dans cette situation-là aujourd’hui. Les anciennes recettes ne fonctionnent plus.

"Nous tirons un double boulet"

Pourquoi ? Non seulement nous sommes sans doute durablement dans un cycle de croissance économique faible, mais en plus nous tirons un double boulet au pied ! Le 1er boulet c’est la dette publique la plus élevée d’Europe, hors pays en difficulté. Nous sommes donc à la merci d’une hausse des taux d’intérêt. Ce niveau d’endettement et le cadre strict de la politique de convergence économique, nous empêchent d’encore faire augmenter la dette, ce serait suicidaire. Et en tant que citoyen la dernière chose que je souhaite pour mes enfants et moi c’est qu’on augmente encore cette dette publique. 2ème boulet: le vieillissement de la population qui fait exploser les charges de la sécurité sociale. Et vous pouvez rajouter un taux d’activité extrêmement bas.


Où sont les solutions alors ?

Ré-écrire le logiciel. Vraiment réformer. Proposer un nouveau projet de société. Je pense que les Belges sont prêts à faire des sacrifices, mais pour un vrai projet de société. Une vraie vision à long terme. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Et puis, inventer de nouvelles recettes. Elles ne viendront pas des syndicats bloqués sur les acquis sociaux. Elles ne viendront pas du gouvernement bloqué sur les dogmes libéraux de la NV-A et du VLD. Espérons qu’elles viennent de la société civile et qu’elles percolent lentement au gouvernement et chez les partenaires sociaux. Et espérons entretemps que le pari du gouvernement de la relance plutôt par l’offre, transforme la compétitivité des entreprises en de nombreux emplois. Nous en avons vraiment besoin.


 

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