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Grèce: l'Eurogroupe donne son feu vert à un plan d'aide de 86 milliards d'euros

Grèce: l'Eurogroupe donne son feu vert à un plan d'aide de 86 milliards d'euros
 
 

La directrice générale du FMI Christine Lagarde a salué vendredi l'accord sur le programme d'aide avec la Grèce mais elle a répété que l'endettement du pays n'était "pas viable", demandant un allègement "significatif" de la part des Européens.

Les ministres des Finances de la zone euro ont donné vendredi leur feu vert à un troisième plan d'aide à la Grèce, d'un montant de 86 milliards d'euros maximum, qui va donner au pays l'oxygène financier dont il a besoin, mais va devoir être suivi rapidement de mesures pour résoudre le problème de la dette grecque. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a salué un accord qui "permettra à l'économie grecque de retrouver le chemin d'une croissance durable, si le pays respecte les étapes" prévues pour la mise en oeuvre des réformes et des mesures budgétaires qui lui sont demandées.


Six heures de discussions

L'accord obtenu au terme de six heures de discussions à Bruxelles est intervenu peu après l'approbation, vendredi matin par le Parlement grec, du plan auquel sont parvenus mardi Athènes et les institutions créancières du pays (UE, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité et Fonds monétaire international). Il prévoit de nouveaux prêts pouvant aller jusqu'à 86 milliards d'euros, qui seront accordés à la Grèce au cours des trois prochaines années.


"Un aboutissement pour la Grèce qui a fait les efforts attendus"

"Je crois que ce serait complètement irresponsable de ne pas utiliser cette chance", a commenté le ministre allemand Wolfgang Schäuble qui, malgré ses réticences initiales, a estimé qu'il s'agissait d'"un bon jour". C'est "un aboutissement pour la Grèce qui a fait les efforts attendus" et "une preuve que l'Europe est capable d'avancer sur la base des principes de solidarité et de responsabilité", a réagi le président français François Hollande.


Plusieurs tranches de prêts

La première tranche d'aide s'élèvera à 26 milliards d'euros, et sera elle-même divisée en plusieurs sous-tranches. D'abord un versement "immédiat" de 10 milliards placés sur un compte distinct destiné à la recapitalisation des banques grecques. Puis la deuxième "sous-tranche" de 16 milliards d'euros commencera par un versement de 13 milliards d'ici au 20 août, suivi d'un ou plusieurs autres à l'automne, en fonction de la mise en oeuvre des réformes. La Grèce pourra donc honorer le 20 août un remboursement de 3,4 milliards d'euros à la Banque centrale européenne sans avoir besoin d'un financement relais.

Avant que cette aide soit déboursée, plusieurs Parlements nationaux doivent approuver l'accord: le Bundestag allemand et les Parlements néerlandais et autrichien. Une deuxième tranche de 15 milliards, entièrement consacrée à la recapitalisation des banques, est prévue en cas de besoin d'ici le 15 novembre. Cela porte donc au total à 25 milliards d'euros la somme de ce plan d'aide réservée aux banques grecques.


"Les six derniers mois ont été difficiles. Ils ont mis à l'épreuve la patience des décideurs politiques"

L'accord "est essentiel pour lever les incertitudes qui ont pesé sur la Grèce depuis six mois et pour retrouver la confiance", a commenté le vice-président de la Commission chargé de l'Euro, Valdis Dombrovskis, insistant sur le fait que "ce qui est important désormais, c'est la mise en oeuvre complète" du programme. "Espérons que les Grecs sauront tirer le meilleur de ce plan, le meilleur des réformes et de la capacité à réformer", a commenté le ministre des grec des Finances Euclide Tsakalotos. "Les six derniers mois ont été difficiles. Ils ont mis à l'épreuve la patience des décideurs politiques et encore plus celle de nos citoyens. Ensemble, nous avons côtoyé l'abîme", a commenté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. "Mais aujourd'hui, je suis heureux d'annoncer que toutes les parties ont respecté leurs engagements" et "le message de cet Eurogroupe est clair: sur cette base, la Grèce est et restera de manière irréversible un membre de la zone euro", a-t-il poursuivi.

Quant au ministre français Michel Sapin, il a insisté sur "le retour de la confiance" entre les ministres des Finances de la zone euro et le gouvernement grec. Le communiqué publié par l'Eurogroupe mentionne plusieurs des sujets d'inquiétude soulevés au cours des discussions, notamment par l'Allemagne. Il précise ainsi que le futur fonds pour les privatisations devra être "opérationnel d'ici la fin de l'année" et collecter à terme 50 milliards d'euros, dont 6 milliards au cours des trois premières années.


La question de la dette étudiée 'en octobre'

Autre sujet sensible, la question de la soutenabilité de la dette grecque, que ce nouveau programme de prêts fera grimper à 200% du PIB grec, un niveau jugé non viable par le FMI qui a menacé de ne pas continuer à participer au financement des prêts sans des mesures de réduction de la dette. Le communiqué final affirme que "la soutenabilité de la dette peut être assurée grâce à un programme de réformes crédibles et complet, et à des mesures supplémentaires sans effacement nominal" de dette. Ces mesures pourront consister en "un rallongement des périodes de grâce et de remboursement", précise le texte. Le débat sur la question "reviendra sur la table en octobre", a déclaré M. Dijsselbloem.

Cet engagement ne semble cependant toujours pas suffisant aux yeux du FMI, qui doit justement décider en octobre de sa participation financière au plan d'aide. L'accord sur la Grèce est une "étape importante", mais la dette est toujours trop lourde, a insisté la directrice générale de l'institution, Christine Lagarde.

D'autre part, les partenaires d'Athènes sont préoccupés, à l'instar du ministre espagnol des Finances Luis De Guindos, par le "risque d'instabilité politique" en Grèce.

Car l'adoption vendredi par le Parlement grec du plan d'aide et des 400 pages de mesures budgétaires et structurelles qui l'accompagnent a révélé les fractures au sein de Syriza, le parti de gauche radicale du Premier ministre grec Alexis Tsipras.

L'adoption n'a été possible que grâce à quelque 120 voix apportées par l'opposition et par le parti de droite souverainiste allié de la coalition au pouvoir.

Près d'un tiers des 149 députés Syriza n'a pas suivi M. Tsipras, un revers interne pour le Premier ministre qui pourrait être obligé de solliciter prochainement un vote de confiance.


 

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