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Les vignes et vergers de France ravagés par le gel printanier

Les vignes et vergers de France ravagés par le gel printanier
Un viticulteur, près de Saint-Emilion, contrôle, le 3 mai 2017, ses vignes après les deux nuite de gel fin avril Nicolas TUCAT
 
 

Du Mont Ventoux au Jura, en passant par Pessac-Léognan, Chablis ou Cahors, un gros coup de gel printanier a frappé l'ensemble des terroirs français fin avril, mettant en péril la récolte 2017 de raisins, mais aussi de certains fruits.

En quelques heures, en pleine nuit, des heures de patient travail dans les rangées de vignes ont été anéanties par le gel qui a grillé les fragiles pousses vertes et premiers bourgeons lors des nuits du 20 et 21 avril, puis des 27 et 28 avril.

A Bordeaux, le vignoble n'avait pas connu un gel d'une telle ampleur depuis 1991, année de référence en la matière.

Selon un premier bilan, la Fédération des grands vins de Bordeaux (FVGB) estime que la perte de récolte sera de 30% au moins, en volume.

"Il n'y a pas une zone de Gironde qui n'ait pas été touchée" commente Yann le Goaster, directeur de la FGVB. Entre 80 et 100% des vignes dans le sud du Médoc, notamment à Margaux sont concernées. Lalande-de-Pomerol, Blaye et les Côtes de Bourg ou encore Pessac-Léognan sont également affectés.

A Saint-Emilion, entre 70 et 80% du vignoble a été touché, alors que seulement 25% des viticulteurs sont assurés.

- "Le plus dur est passé" -

"On n'a jamais vu ça! On a perdu 80 à 100% des vignes" dit Laëtitia Ouspointour du château Mougnac à Lussac. La grande gelée de 1991 était bien différente. "Le stade végétatif était moins avancé" explique cette jeune viticultrice qui a pleuré devant ses rameaux brûlés par le gel.

Plus au sud, en Occitanie, où les gels de printemps sont en général plus rares, 10 à 15% du vignoble a été détruit, selon l'interprofession des vins du sud-ouest (IVSO).

"On parle d'une catastrophe à Cahors, d'un gel historique qui aura des conséquences plus lourdes qu'en 1991" alerte Maurin Berenger, président du syndicat de défense.

Jusqu'au très ensoleillé Mont Ventoux, où deux tiers des vignes de l'AOC ont été touchées, soit plus de 3.700 hectares.

En remontant la vallée du Rhône, l'Ain, l'Ardèche et la Drôme sont les départements les plus concernés.

Les autres bastions viticoles que sont le Beaujolais et la Bourgogne, ainsi que la Champagne, au climat continental, habitués des gelées tardives, ont été aux premières loges du passage hivernal.

En Bourgogne, 3.000 hectares sont touchés, essentiellement dans le nord. Déjà durement affecté l'an passé, le prestigieux Chablisien a vu 20% de ses surfaces touchées, ainsi que les appellations Vézelay, Côtes d'Auxerre, Epineuil et Tonnerrois.

"A mon avis, le plus dur est passé", veut croire Daniel Seguinot, viticulteur à Maligny, près de Chablis. L'an dernier, la récolte avait déjà été grêlée à 100% dans le coin.

"Un deuxième (aléas climatique, NDR) qui s'empile dessus, ça va être compliqué (...) nous sommes en campagne électorale, ils (les responsables politiques, NDR) ont autre chose à faire qu'à s'occuper de nous" dit-il, traduisant un sentiment d'abandon répandu alors que nombre de zones rurales ont basculé du côté du Front National durant la campagne présidentielle.

Les syndicalistes agricoles ont fait des tournées en région pour constater les dégats. La nouvelle présidente de la FNSEA Christiane Lambert s'est rendue jeudi dans la Meuse.

- Cagnotte solidaire -

Sur les réseaux sociaux, une cagnotte solidaire #JeSoutiensMonVigneron a été lancée sur leetchi au profit de sept domaines de Provence, Languedoc, Savoie, Bordeaux ou Loire qui ont perdu plus de 70% de leur récolte.

Le vin n'est pas le seul touché. En Normandie, en Mayenne et dans la Sarthe, la récolte de pommes et de poires sera en baisse, surtout les pommes à jus et pommes de tables qui fleurissent plus tôt que les pommiers à cidre. En Sologne, les asperges vertes sont perdues. Près d'Agen, les vergers de plaine ont perdu 5 à 30% de leurs prunes.

En Alsace, les pertes de fruits à noyaux vont jusqu'à 100%. Pour les framboises et myrtilles, les pertes vont jusqu'à 80%.

Côté grandes cultures, et notamment le colza qui était en pleine fleur, les dégats ne sont pas encore totalement évalués.

Selon l'institut technique Terres Innovia, les dégats pourraient être limités si les pluies arrosent les champs des régions touchées et font repartir la végétation.


 

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