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Face au scandale VW, d'autres constructeurs tentent d'éviter l'amalgame

Face au scandale VW, d'autres constructeurs tentent d'éviter l'amalgame
Un employé travaille à l'assemblage d'un Peugeot 308 à Sochaux, dans l'est de la France, le 6 mars 2014Sebastien Bozon
 
 

Alors que le scandale Volkswagen s'étend, des constructeurs automobiles européens tentent d'éviter l'amalgame en se disant favorables à une enquête sur les contrôles antipollution au niveau européen, à un moment délicat pour la motorisation diesel.

Les procédures d'homologation des véhicules ne sont pas les mêmes en Europe et aux Etats-Unis, d'où l'affaire est partie, mais des fabricants d'automobiles ont aussi souhaité que le Vieux continent se dote le plus vite possible de cycles de tests modernisés.

Mardi matin, le ministre des Finances français, Michel Sapin, a estimé qu'une enquête était nécessaire "au niveau européen" après les révélations sur les contrôles antipollution volontairement falsifiés par Volkswagen.

Si la Commission européenne a jugé prématuré "des mesures de surveillance immédiates spécifiques", les constructeurs français ont repris au vol le souhait du ministre.

L'ouverture d'une enquête "permettra de confirmer que les constructeurs français respectent les procédures d'homologation en vigueur dans tous les pays où ils opèrent", a assuré le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) dans un communiqué.

L'équivalent du CCFA au Royaume-Uni, le SMMT, a assuré "n'y a aucune preuve que les constructeurs trichent sur le cycle" européen, une procédure "effectuée dans des conditions strictes comme exigé par les règles européennes et contrôlées par une agence de certification indépendante nommée par l'Etat".

Le PDG du SMMT, Mike Hawes, a toutefois reconnu que "la procédure de test est dépassée" et indiqué que son organisme souhaitait qu'une nouvelle méthode "soit plus représentative des conditions de circulation sur la route".

De telles mesures sont en cours d'adoption, et le CCFA a expliqué que ses membres soutenaient "la mise en place de tests européens (...) qui permettront de valider, sur route, dès 2017, les mesures effectuées en laboratoire".

Même souhait chez PSA Peugeot Citroën, où un porte-parole explique à l'AFP que le groupe automobile français "respecte les procédures d'homologation en vigueur dans tous les pays où il opère".

"Renault est une entreprise légaliste. Nous respectons en tout point les réglementations et législations en vigueur sur nos marchés", lui fait-on écho chez le constructeur au Losange.

- Diesel et objectifs de CO2 -

En attendant les résultats des enquêtes déjà lancées aux Etats-Unis, en Allemagne, en Italie et en Corée du Sud, l'affaire Volkswagen qui concerne désormais 11 millions de véhicules constitue "un véritable tremblement de terre" pour le secteur tout entier, juge Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile.

Ce scandale "jette la suspicion sur l'ensemble des constructeurs (...) les enquêtes qui vont avoir lieu sont très importantes pour voir si c'est un phénomène qui ne concerne qu'un constructeur ou pas", déclare-t-il à l'AFP.

Le fait que la fraude concerne des moteurs diesel risque en outre d'écorner davantage l'image de ces groupes motopropulseurs. L'ONG allemande anti-auto Umwelthilfe a réclamé dès samedi une interdiction de circulation en Allemagne pour les modèles diesel à partir de 2016.

Et ce mardi, le vice-président écologiste de l'Assemblée nationale française, Denis Baupin, a affirmé que "ce scandale est une occasion unique pour ouvrir enfin les yeux sur les mensonges des constructeurs diesel et y mettre fin".

Or, les constructeurs automobiles européens, fédérés par l'organisme ACEA, sont actuellement en pleine campagne de promotion du diesel comme moyen d'atteindre les objectifs de CO2 à l'horizon 2020. Le gazole recèle davantage d'énergie que l'essence et produit moins de CO2 à distance égale parcourue.

"Tout signe politique sur une volonté de faire disparaître les moteurs diesel de l'éventail disponible pour atteindre les objectifs moyens de CO2 (...) se ferait au détriment de la capacité des constructeurs à atteindre les objectifs actuels", avait prévenu en juin le PDG de Renault, Carlos Ghosn, en sa qualité de président en exercice de l'ACEA.

Les normes antipollution Euro6, pleinement entrées en vigueur début septembre, contraignent les véhicules diesel à réduire leurs émissions de NOx (oxydes d'azote, donc monoxyde et dioxyde d'azote), les gaz sur lesquels Volkwagen a triché.

Pour M. Neuvy, le scandale en cours ne doit pas occulter les "progrès incroyables" effectués depuis 20 ans par les constructeurs automobiles pour réduire les émissions des moteurs diesel. "Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain", insiste-t-il.


 

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