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Face à la flambée des prix de l'énergie, Colette et ses recettes

 

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Dans l'appartement de Colette Michel, les radiateurs chauffent au minimum, à peine de quoi adoucir la température frisquette de son salon. Comme des millions d'autres Français frappés par la précarité énergétique, la retraitée de 65 ans peine, avec sa maigre pension, à payer ses factures de gaz et d'électricité, alourdies par la flambée des prix.

"Vous pouvez sentir mes mains, j'ai froid", souffle-t-elle, expliquant chauffer "un peu moins" quand ses voisins ont allumé leur chauffage, pour faire des économies.

"Je baisse ma chaudière et mes radiateurs, et je mets un autre gilet le soir", détaille Colette Michel. Pour éviter que ses appareils électriques ne restent en veille, la retraitée s'est équipée de prises multiples munies d'interrupteurs. Et toujours dans un souci d'économies, une faible lumière baigne son appartement le soir.

"Avant, c'est sûr que je payais moins cher", remarque-t-elle.

Ces dernières semaines, l'envolée des cours du gaz, portés par la reprise de l'activité post-Covid et l'approche de l'hiver, a entraîné dans son sillage les prix de l'électricité, des hausses qui se conjuguent à celles des carburants.

Pour économiser une dizaine d'euros par mois, Colette a quitté Eni pour Engie, "sinon je ne mangeais pas". Sa facture mensuelle de gaz et d'électricité s'élève désormais à 72,80 euros, une somme conséquente pour elle qui ne touche que 820 euros de retraite.

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi une "indemnité classe moyenne" de 100 euros pour 38 millions de Français gagnant moins de 2.000 euros nets par mois. Les prix du gaz ont également été gelés jusqu'à la fin 2022 tandis que la prochaine hausse des prix de l'électricité, en février, sera limitée à 4%.

- "A côté de la plaque" -

Des annonces bienvenues pour Colette "car si jamais ça augmente encore, je vais faire comment moi?", s'interroge-t-elle. La retraitée, qui a déjà touché 48 euros de chèque énergie, espère obtenir les cent euros promis afin de pouvoir rendre visite plus souvent à son petit frère malade, qui vit à une heure de route de Bar-le-Duc.

Chaque mois, le plein d'essence lui coûte 80 euros : "je dois faire attention à tout, je regarde toutes les dépenses et je ne sors pas souvent".

Présidente du Secours populaire de Moselle, Marie-Françoise Thull le déplore : l'association "n'a jamais donné autant d'aides pour les factures d'énergie qu'en ce moment. Les gens ne peuvent pas se chauffer, on est très, très inquiets car nous avons des hivers rigoureux dans notre région et on ne sait pas comment ils vont faire".

La responsable associative critique les mesures gouvernementales qu'elle juge "ridicules": "très franchement, je pense que c'est vraiment à côté de la plaque".

Selon elle, le "vrai problème" est "l'aggravation de la pauvreté" dans le pays. "On précarise les gens, on cultive la pauvreté. Vous pouvez de temps en temps lâcher quelque chose, 100, 150 euros, mais c'est une fois, donc cela ne résout pas le problème", souligne-t-elle.

Parmi les plus précaires, beaucoup ignorent aussi leurs droits. Ainsi, Paul Fazari, ancien serrurier de 60 ans, touche une pension d'invalidité de 1.000 euros par mois.

Il chauffe sa maison de Rémeling, petite ville du nord de la Moselle près de la frontière allemande, au fuel, ce qui lui coûte 2.000 euros par an.

"Je n'ai pas une grosse pension, je me prive de plein de choses pour économiser pour l'hiver, et je paye en trois fois", explique-t-il. Et quand on lui demande s'il touche le chèque énergie, il répond, désemparé : "je ne sais pas si j'y ai droit".


 

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