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Environnement: les festivals tentent d'éviter les fausses notes en matière d'écologie

Environnement: les festivals tentent d'éviter les fausses notes en matière d'écologie
Le festival des Eurockéennes, le 1er juillet 2011 à BelfortSebastien Bozon
 
 

Gobelets réutilisables, tri intensif des déchets et énergie "verte" pour les sonos et les lumières: les festivals de musique tentent de réduire toujours plus leur impact sur l'environnement et de sensibiliser leurs milliers de visiteurs, à l'image de "We Love Green", ce weekend à Paris.

"On ne peut plus faire aujourd'hui un festival comme on le faisait dans les années 90", explique à l'AFP Jérémy Debreu, responsable développement durable pour les Eurockéennes, organisées depuis 1989 sur un site naturel abritant des espèces sensibles.

Courts mais de plus en plus fréquentés, les festivals génèrent un volume de déchets considérable: 90 tonnes produites lors des trois jours des Eurockéennes, 100 tonnes pour les trois jours du Reggae Sun Ska en Gironde, par exemple. Selon l'Ademe, une "manifestation-type" accueillant 5.000 personnes génèrerait environ "2,5 tonnes de déchets" et "consommerait 1 000 kWh d’énergie".

Dans la plupart des grandes manifestations, les gobelets en plastique réutilisables et consignés ou les cendriers de poche sont désormais la norme, limitant déchets de plastique et mégots. Mais beaucoup reste à faire.

"Les gobelets réutilisables, c'est souvent difficile à mettre en place mais facile à gérer ensuite. Mais le tri des déchets, c'est complexe tout le temps", relève Nicolas Dahan, directeur du développement aux Connexions, une association qui épaule de nombreux festivals en matière de déchets (état des lieux, matériel, formation voire gestion en direct selon les cas).

De Carhaix (Vieilles Charrues) à Belfort en passant par Rock en Seine ou Solidays, à Paris, la lutte contre les déchets est à l'ordre du jour, pour les réduire et améliorer le recyclage, chez les festivaliers mais aussi chez les professionnels, du côté des bars, des restaurants et des techniciens en coulisses.

Les "Eurocks" se sont aperçues de leur "retard" sur ce sujet en regardant ce qui se faisait à Rock en Seine ou aux Vieilles charrues. Ils sont donc passés à la vitesse supérieure en multipliant les points de collecte: de 9 points en 2013, les "Eurocks" sont passées à 22 l'an dernier et en installeront une cinquantaine cette année.

- Un "pirate écolo" à l'affiche -

En parallèle, le festival poursuit la valorisation par méthanisation des biodéchets: les 3 à 4 tonnes collectées en 2013 ont permis de produire l'équivalent de l'électricité nécessaire à alimenter une scène pendant une journée. En parallèle, le festival a réussi à réduire au fil des années le nombre de festivaliers venant en voiture en incitant au covoiturage.

Le Weather Festival, rendez-vous parisien de la techno dont le "Off" a lieu cette semaine et le "On" la semaine prochaine dans le Bois de Vincennes, a également accru ses efforts cette année pour réduire son empreinte avec tri des déchets mais aussi toilettes sèches pour économiser l'eau et approvisionnement en local pour certains produits alimentaires.

Mais l'un des plus en pointe reste le "We Love Green", dont la 5e édition a lieu samedi et dimanche au Parc de Bagatelle, à Paris.

Pour les déchets, ce "laboratoire" musicalement branché et écologiquement pointu bannit par exemple au maximum les bouteilles d'eau en mettant en place des fontaines gratuites pour le public et en utilisant des couverts et des assiettes compostables permettant de produire un compost vendu ensuite à des exploitants franciliens, explique la directrice Marie Sabot.

Mais le festival s'intéresse à un sujet plus sensible encore: l'énergie. Pas de générateur diesel sur le site, mais des groupes électriques fonctionnant à l'énergie solaire et à l'huile alimentaire recyclée. De même, pour les camions frigorifiques gourmands en kilowatts, la mutualisation est instaurée entre restaurateurs.

En raison du temps nécessaire pour trouver les fournisseurs adéquats, parfois à l'étranger, tout cela coûte plus cher qu'un festival standard, précise sa responsable.

A quelques mois de la grande conférence climat de Paris, le festival tient toutefois à sensibiliser les amateurs de musique. Ainsi, aux côtés des Christine & the Queens, Julian Casablancas ou Ratatat, vedettes musicales du week-end, les autres stars à l'affiche sont le "pirate écolo" Paul Watson, le patron de Greenpeace international Kumi Naidoo ou l'économiste américain Jeremy Rifkin, invités à débattre sur une scène spécialement dédiée aux réflexions écologiques.


 

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