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Corée du Nord: Kim Jong-Un, un dirigeant énigmatique qui assied son pouvoir

Corée du Nord: Kim Jong-Un, un dirigeant énigmatique qui assied son pouvoir
Image diffusée par la télévision nord-coréenne et publiée par l'agence sud-coréenne Yonhap le 6 janvier 2016 montrant le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un signant un document à PyongyangYONHAP
 
 

Le jeune Kim Jong-Un, dirigeant de l'unique dynastie communiste qu'est la Corée du Nord, s'est offert un essai de bombe à hydrogène pour son 33e anniversaire, une façon d'affirmer son autorité et de renforcer sa position vis-à-vis du reste du monde.

Fils cadet de l'ancien dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il, ce trentenaire avait été désigné pour succéder à son père dès l'annonce de la mort de ce dernier, le 19 décembre 2011. Le monde venait à peine de découvrir sa silhouette corpulente, son visage rond et sa coupe de cheveux lui dégageant largement la nuque et les oreilles.

Kim Jong-Un avait été rapidement reconnu comme "commandant suprême" de l'armée et chef du Parti des travailleurs de Corée, parti unique du pays.

Pendant les neuf jours entre l'annonce du décès de son père et les obsèques, Kim Jong-Un avait été omniprésent dans les médias nord-coréens. Il était apparu en larmes au premier rang, devant les principaux responsables militaires et civils du pays, pour s'incliner face à la dépouille de Kim Jong-Il, exposée dans un cercueil en verre dans un mausolée de Pyongyang.

Puis, comme son père et son grand-père Kim Il-Sung, Kim Jong-Un a été montré souvent se rendant dans les usines, les écoles, les fermes et les casernes du pays. Chacun de ces déplacements était suivi par les médias d'Etat et les images qui en étaient rapportées présentaient la plupart du temps un Kim Jong-Un souriant, posant des questions et encourageant les ouvriers tout en leur prodiguant des conseils.

Mais il s'était parfois aussi mis en scène en colère, comme au printemps dernier dans un élevage de tortues qu'il estimait mal géré, couvrant publiquement de réprimandes ses employés. Le Rodong Sinmun, organe du parti unique de Corée du Nord, avait publié en première page une large photographie du dirigeant furibond, le doigt accusateur pointé sur les bassins.

Les rumeurs de purges se sont multipliées sous sa direction, dont celle de son ministre de la Défense Hyon Yong-Chol, qui aurait pu être exécuté, selon l'agence de renseignement sud-coréenne (NIS).

La NIS avait par ailleurs annoncé en avril que le dirigeant de ce pays des plus hermétiques au monde avait ordonné l'exécution de 15 responsables, dont deux vice-ministres, accusés d'avoir mis en cause son autorité. En décembre 2012, le puissant oncle de Kim Jong-Un, Jang Song-Thaek, avait été exécuté pour trahison et corruption.

- "Portrait craché" du père -

Après deux tests intervenus avant son règne, un troisième essai nucléaire avait été mené sous sa direction en février 2013, attirant à son pays des sanctions de l'ONU et aiguisant pendant des mois les tensions sur la péninsule coréenne.

Né le 8 janvier 1983 de la troisième femme de Kim Jong-Il, une danseuse coréenne née au Japon, le jeune homme a été formé dans des institutions suisses. Décrit comme un garçon ambitieux, il y développa aussi le goût pour le basket-ball, le ski ou les films de Jean-Claude Van Damme.

Ces années passées dans un pays étranger, une économie de marché, pourrait favoriser une approche plus pragmatique chez Kim Jong-Un, voulaient croire des analystes au moment de son arrivée au pouvoir. Feu son père, lui, n'avait jamais séjourné dans un "pays ennemi".

Kenji Fujimoto, chef cuisinier japonais longtemps au service de Kim Jong-Il à Pyongyang, a décrit le jeune homme comme "fait du même bois que son père, son portrait craché, en ce qui concerne le visage, la corpulence et la personnalité".

Tous ces éléments lui auraient valu la préférence paternelle, aux dépens de ses deux frères aînés, Jong-Nam et Jong-Chul.

Kim Jong-Un n'était pas cité initialement comme le mieux placé dans l'ordre de succession, le plus âgé des garçons de la fratrie, Jong-Nam, faisant longtemps figure de favori. Mais celui-ci aurait perdu les faveurs paternelles lors de l'épisode rocambolesque de son expulsion du Japon où il avait tenté de pénétrer en 2001, muni d'un faux passeport, soi-disant pour visiter Disneyland.


 

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